06/04/11

Actualités d’Afrique sub-saharienne en bref : du 24 mars au 06 avril 2011

Les fruits locaux tels que la goyave pourrait contribuer à contrôler efficacement les moustiques Crédit image: Flickr/Coshipi

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[LONDRES/BAMAKO] D’après des scientifiques, un mélange d’extraits de melon et de goyave, ou encore de bière ou d’acide borique, pourraient constituer un piège potentiellement fatal pour les moustiques dans les zones arides et semi-arides.

Des chercheurs ont démontré que le sucre des fruits était non seulement une source d’alimentation pour les anophèles mais qui plus est, essentiel pour leur survie. D’après eux, cette découverte pourrait contribuer à réduire considérablement le nombre de moustiques dans les zones où il est difficile de trouver ces sucres.

Ils ont proposé de produire des ‘appâts sucrés toxiques attractifs’ (ASTA), pouvant être pulvérisés sur la végétation afin d’attirer et de tuer les moustiques.

Ces scientifiques ont réalisé des études sur le terrain dans deux oasis d’Israël, l’une contenant des arbres à fleurs constituant une source de sucres que les moustiques préfèrent, l’autre ne contenant aucun arbre à fleur.

Ils ont constaté que les moustiques présents dans l’oasis riche en sucre multipliaient par 250 le risque que des moustiques transmettent le paludisme, car ils pouvaient survivre plus longtemps.

Sur le terrain pauvre en sucre, les moustiques étaient moins nombreux et leur durée de vie était plus courte. En outre, il fallait plus de temps aux moustiques femelles présentes sur ce site pour couver leurs œufs ; étant donné que le manque de sucre réduisait la durée de vie des femelles, les œufs n’avaient pas le temps de devenir des vecteurs capables de transmettre le paludisme.

Yosef Schlein, Professeur au Kuvin Center for the Study of Infectious and Tropical Diseases à l’Université hébraïque, en Israël, a indiqué à SciDev.Net que "les moustiques ont besoin de repas sucrés ; il s’agit généralement du premier repas qu’ils prennent [après leur naissance]".

"Les gens savent depuis longtemps que les sucres naturels tels que le nectar sont la principale source d’énergie des moustiques. Toutefois, le fait que ces sucres soient vraiment essentiels et que leur absence soit aussi dommageable pour les moustiques avait jusque-là échappé à [leur] attention".

Mahamoudou Toure, chercheur au Centre de recherche et de formation sur le paludisme à l’Université de Bamako, au Mali, et coauteur de l’étude ayant testé l’utilisation d’ASTA, qui a été publiée l’année dernière dans le Malaria Journal, a déclaré à SciDev.Net que, à la suite d’une seule application, ils étaient capable de réduire la population de moustiques de 90 pour cent le long d’une portion de route située dans une partie semi-aride du Mali.

Ils ont pulvérisé une solution de miel de melon, de goyave, d’acide borique, de bière et d’eau sur la végétation. Tous ces ingrédients peuvent être achetés à bas prix, localement, et l’acide n’est pas dangereux pour l’homme.

Des essais plus vastes dépendent des financements supplémentaires qui seront accordés. M. Toure a ajouté qu’ils devaient s’assurer que l’ASTA ne tue pas d’autres insectes utiles dans la région.

Y. Schlein a déclaré que cette méthode pourrait être extrêmement utile dans la région du Sahel, en Afrique. "Les pays du Sahel sont désertiques ou semi-désertiques. De plus, les moustiques se reproduisent généralement dans les zones entourées de roseaux [herbes hautes] et de mauvaises herbes qui ne supportent aucune fleur".

L’étude israélienne a été publiée au début de l’année (janvier) dans PLoS ONE.