17/04/14

VIH: l’imprécision dans le suivi à l’origine de l’échec d’un test

ARV's
Crédit image: Flickr/ PWRDF

Lecture rapide

  • L’essai non concluant impliquait 5.029 femmes en Ouganda, en Afrique du Sud et au Zimbabwe
  • L’analyse des échantillons de sang révèle les lacunes des mesures de suivi thérapeutique sur une base déclaratoire
  • Les femmes ne prenaient pas les antirétroviraux chaque jour comme convenu en raison des contraintes que cela représente.

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[LE CAP] Une nouvelle analyse d’un test destiné à prévenir l’infection au VIH, qui avait déjà obtenu de mauvais résultats, a révélé que l’évaluation du comportement et du suivi du traitement chez les patients manquait de précision, a-t-on appris lors d’une conférence.

L’étude VOICE (Vaginal and Oral Interventions to Control the Epidemic – Interventions orales et vaginales pour le contrôle de l’épidémie) a mesuré l’impact de la prise quotidienne de l’un des trois anti-rétroviraux – les comprimés de tenofovir et de Truvada ou l’application du gel vaginal tenofovir – sur la prévention du VIH.

5.029 femmes, originaires d’Afrique du Sud, d’Ouganda et du Zimbabwe, ont participé à cette étude entre 2009 et 2012. Les taux de suivi thérapeutique ont été déterminés sur une base déclaratoire par les participants et sur la comptabilisation des applicateurs et des comprimés inutilisés.

“Nous avons présenté à cette conférence une analyse minutieuse de l’écart entre le comportement du patient face au traitement et la mesure biologique de la résistance face au traitement, qui repose sur la détection des traces de médicaments dans le corps.”

Ariane van der Straten, RTI International

Les premiers résultats du test présentés l’an dernier montraient qu’aucun des trois produits n’était efficace.

Mais les résultats d’une nouvelle analyse présentés le 4 mars à Boston, aux Etats-Unis, à la Conférence sur les rétro-virus et les infections opportunistes à partir  des échantillons de sang, donnent des indications sur les problèmes que posent le principe du déclaratoire et les mécanismes de traitement de la population en Afrique subsaharienne.

Cette nouvelle analyse montre que si 90 pour cent des femmes ont déclaré avoir suivi le traitement, seules 25 pour cent d’entre elles ont réellement utilisé ces produits.

"Nous avons présenté à cette conférence une analyse minutieuse de l’écart entre le comportement du patient face au traitement et la mesure biologique de la résistance face au traitement, qui repose sur la détection des traces de médicaments dans le corps", explique Ariane van der Straten, qui a dirigé l’étude VOICE, et chercheuse à RTI International, basée aux Etats-Unis.

Van der Straten attribue ces faibles taux de suivi à plusieurs facteurs, notamment les contraintes que représente la prise quotidienne des produits et les inquiétudes liées à leur sécurité. "Elles s’inquiétaient de la prise à titre préventif des ARV [antirétroviraux], car ce sont des traitements curatifs. Elles craignaient, par conséquent, d’être étiquetées comme séropositives", dit-elle. 

Van der Straten ajoute que deux autres études sociale et comportementale, VOICE C et VOICE D, étudieront les raisons pour lesquelles les femmes les plus exposées n’ont pas souhaité participer à cette étude. Les résultats sont attendus dans l’année.

Toutefois, selon Deborah Baron, chef de programme, la première étude VOICE a déjà eu un impact au sein de la communauté de la recherche sur le VIH à l’Institut de recherche sur la santé reproductive de l’Université du Witswatersrand.

"Lorsque nous, chercheurs de terrain, avons appris les résultats [de 2013], nous avons été dans un premier temps surpris et déprimés. Mais nous avons tiré un certain nombre d’enseignements de cette étude », poursuit Mme Baron.

Le protocole de traitement a été amélioré grâce aux tests sur des lots menés en temps réel.

"Il s’agit d’un outil que les chercheurs pourraient utiliser pour intervenir en temps réel plutôt qu’à la fin de l’étude, comme nous l’avons vu dans l’étude VOICE", suggère Mme Baron. "Cependant, il faut le faire avec précaution pour permettre de conserver le caractère anonyme de l’étude".

Elle met en lumière le mécanisme de traitement des patients séropositifs en Afrique.

Les femmes préfèrent avoir à prendre des médicaments à un rythme hebdomadaire et non quotidien, observe Gita Ramjee, directrice du programme de prévention du VIH au Conseil sud-africain de la recherche médicale.

Le Conseil participe actuellement à deux études sur l’efficacité d’un anneau vaginal contenant un agent antirétroviral qui est inséré pour une période de 30 jours.

Les résultats sont attendus pour la fin 2015.

Lien vers l’annonce des résultats de la plus récente étude (En anglais)
Cet article a été rédigé par la rédaction Afrique subsaharienne de SciDev.Net.