30/03/10

Les mégaprogrammes agricoles ‘n’attireront pas les financements’

Crédit image: FlickrCIAT (by Neil Palmer)

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[MONTPELLIER, FRANCE] Un ensemble de mégaprogrammes dont le but est de transformer la recherche agricole a essuyé les critiques des principaux bailleurs de fonds qui le jugent vague et peu susceptible de faire évoluer la situation actuelle.

Le Groupe consultatif sur la Recherche agricole internationale (GCRAI), un réseau constitué de gouvernements et d’organisations qui financent 15 grands centres de recherche dans le monde, a élaboré huit grands programmes thématiques dans le cadre de réformes radicales visant à rapprocher ces centres et attirer davantage de financements.

Ces réformes sont d’une importance capitale de part leur contribution à la définition des priorités de la communauté internationale dans le domaine de la recherché agricole sur la prochaine décennie, voire plus.

Cette semaine, pourtant, des personnes d’influence dans le domaine de l’agriculture mondiale, venues par exemple de la Fondation Bill et Melinda Gates ou de la Banque mondiale, ont critiqué ces programmes. Ces mégaprojets ont des appellations  provisoires comme "systèmes agricoles pour les populations pauvres et vulnérables" ou "Eau, sols et écosystèmes".

Pour Prabhu Pingali, Directeur adjoint chargé de la politique et des statistiques agricoles à la Fondation Gates, s’exprimant lors de la Conférence mondiale sur la Recherche agricole pour le Développement (CMRAD, du 28 au 31 mars), "le GCRAI devrait s’élever au-dessus de son souci actuel de conserver ses portefeuilles de recherche existants, pour ambitionner plutôt à la conception d’environ une dizaine de produits qui soient axés sur les résultats, capables de résoudre le problèmes concrets et d’entraîner des changements transformationnels" .

"Ces programmes thématiques ne sont pas un point de départ".

D’après Pingali, le système du GCRAI doit pouvoir attirer les bailleurs de fonds internationaux en présentant un programme crédible de recherche axée sur les résultats.

"Les actuels projets de mégaprogrammes en sont-ils capables ? Je constate qu’il est encore trop tôt pour le savoir et que le travail n’est pas terminé. Mais si je regarde ces huit mégaprogrammes ‘magiques’, il s’agit de thèmes larges et généraux. Il n’est pas explicité ce qui sera fait exactement.  

"Parce qu’ils sont si flous, il est peu probable qu’ils suscitent l’enthousiasme nécessaire pour un financement accru".

Juergen Voegele, Directeur du Département de l’Agriculture et du Développement rural à la Banque mondiale, a également exigé davantage de clarté. "Nous aimerions voir [seulement] deux mégaprogrammes concrets parce que je ne crois pas qu’autrement nous pourrions sortir de la rhétorique".

Mais Katherine Sierra, présidente du conseil des financements du CGIAR, a assuré au Réseau Sciences et Développement (SciDev.Net) que les donateurs soutiennent le concept d’un cadre stratégique ambitieux pour orienter les réformes. "Ce dont on parle c’est de l’urgence d’accélérer [les programmes] pour que nous puissions présenter des résultats concrets. Nous convenons que disposer de quelques programmes prêts à être déployés instaurerait la confiance, et nous permettrait de montrer au monde ce à quoi ressemblerait le changement".

Colin Chartres, Directeur de l’Institut international de Gestion de l’Eau, un centre du CGIAR basé au Sri Lanka, s’est dit confiant que le CGIAR peut mettre quelques mégaprogrammes en route d’ici le début de l’année 2011.

Il souligne toutefois que la collaboration sur des programmes nécessitant un haut degré d’intégration posera un plus gros défi.

"Nous ne pouvons lancer un programme en route s’il n’est pas bien ficelé, ce serait une régression. Certains nécessiteront encore beaucoup de réflexion. Il serait sensé de démarrer avec deux programmes simples dans un premier temps et de prendre un peu plus de temps pour réfléchir aux programmes plus complexes".

Hartmann, le Directeur général de l’Institut international d’Agriculture tropicale, un autre centre du CGIAR, pense qu’il serait plus efficace d’élaborer quatre mégaprogrammes fondés sur les différentes régions et non sur des domaines thématiques : Amérique tropicale, Afrique tropicale, Asie tropicale et zones arides.

"Que les régions définissent leurs priorités, et non les scientifiques ni les centres ni les bailleurs. Ce sont là les quatre régions que le CGIAR a toujours reconnues. C’est notre méthode de travail". Il estime ainsi que de petits programmes seraient alors élaborés, en fonction de ces besoins régionaux.