29/12/11

Le monde en développement doit impulser les politiques économiques vertes

Crédit image: Flickr/~MVI~

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

L'absence de progrès significatifs à Durban sur les changements climatiques signifie que les pays en développement doivent accroître les pressions politiques.

Cela fait désormais trois ans que les conférences internationales successives qui auraient dû déboucher sur un accord quant aux mesures nécessaires à la prévention des catastrophes humaines et écologiques susceptibles de découler de l'absence d'efforts pour limiter les changements climatiques d'origine anthropique se terminent de façon décourageante.

Le décor a été planté il y a deux ans à Copenhague quand la 15ème Conférence des parties à la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP 15), présentée peut-être par erreur par les groupes écologistes comme " la dernière chance pour sauver la planète ", s'est achevée dans la confusion.

Après la toute aussi décevante conférence de Cancun au Mexique (COP 16) de l'an dernier, les perspectives d'une fin heureuse pour la conférence organisée à Durban en Afrique du Sud (COP 17) au début du mois décembre 2011 étaient minces. La crise financière qui a frappé les pays industrialisés ces deux dernières années n'y est pas étrangère, reléguant les changements climatiques loin des domaines politiques prioritaires.  

Il est donc peu surprenant que la conférence de Durban n'ait pas permis d'avancée significative, mis à part une décision de lancer en 2015 des négociations sur un nouvel accord sur la réduction des émissions qui devrait entrer en vigueur en 2020.

Pourtant, le message de Durban sur les changements climatiques et d'autres objectifs de durabilité a été clair. Une transition globale vers l'économie verte au moyen d'un accord volontaire est peu probable. Il faudra une volonté politique ferme de la part des pays en développement, et notamment de la part des économies émergentes qui ont beaucoup à gagner de la réalisation d'une croissance durable.
 

Des technologies disponibles


Les aspects techniques de cette transition sont relativement faciles à définir (et les technologies comme le charbon de bambou ont été exposées à Durban). La voie à suivre passe par le développement et le déploiement des systèmes énergétiques propres.

Dans ce domaine, l'énergie solaire est le candidat naturel. Le monde en développement, où la plupart des pays bénéficient de conditions d'ensoleillement plus avantageuses que celles des régions tempérées, est le mieux placé pour tirer profit de ces technologies, à condition que l'innovation et la production de masse permettent de réduire les coûts d'équipements comme les panneaux photovoltaïques. Pour les grands projets comme Desertec, les pays en développement peuvent réaliser un gain financier en exportant l'énergie solaire.

D'autres technologies doivent également être mises en œuvre. Ainsi, dans le domaine de la production agricole, les émissions de carbone peuvent être réduites au moyen de techniques comme l'agriculture à faible labour, et en matière de construction des logements, les nombreuses opportunités de réduction de l'énergie utilisée dans la construction et l'entretien des maisons doivent être saisies.

Mettre en place une économie verte ne dépend pas uniquement du relèvement des défis technologiques d'atténuation des changements climatiques. Il est tout aussi important de mettre en œuvre des techniques de production alimentaire (comme la lutte biologique contre les parasites) capables de stimuler la production agricole tout en assurant une utilisation durable et équitable des ressources naturelles et des écosystèmes.
 

Des écueils d'ordres économique et politique


Ainsi, les progrès techniques nécessaires à la mise en place d'une économie verte et la recherche scientifique à mener pour que les nouvelles technologies portent des fruits sont relativement faciles à identifier et à développer. En effet, des progrès considérables ont été accomplis depuis le Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, il y a une vingtaine d'années, et l'on s'en rendra probablement plus facilement compte à l'occasion du Sommet Rio+20 l'an prochain qui se tiendra dans la même ville.

Comme l'a suffisamment prouvé la conférence de Durban, les intérêts politiques et économiques  sont les principaux écueils à l'établissement d'une économie verte. Les personnes qui défendent ces intérêts semblent soutenir que le maintien du statu quo, en ne prenant en compte que les signaux du marché, suffiront à encourager le monde dans une voie durable à long terme. Mais l'échec patent de cette stratégie dans le domaine de la finance internationale donne à réfléchir.

Prenez par exemple la question des droits de propriété intellectuelle. Plusieurs des nouvelles technologies énergétiques ont été élaborées dans les laboratoires du monde développé qui cherche inévitablement à en tirer des avantages financiers. Or, c'est dans les parties les plus défavorisées du monde, souvent incapables de payer des droits de licence élevés, que leur utilité est la plus grande.

Les tentatives de réduction de ces droits n'ont jusqu'à présent eu qu'un succès limité et aucun progrès n'a été accompli sur la question à la conférence de Durban.
 

Nécessité d'une certaine équité sociale


Tout ceci laisse croire qu'il faut des initiatives politiques plus fortes dans le monde en développement (avec l'appui de pays alliés du monde développé) pour créer les conditions d'un essor de l'économie verte.

De nombreux arguments peuvent être avancés en appui à l'équité sociale. Comme Sunita Narain, directeur du Centre pour la science et l'environnement de New Delhi, le soutient de manière convaincante, l'équité impose que les principaux pays responsables des changements climatiques endossent la plus lourde responsabilité dans la recherche d'une solution (et mettent à disposition les ressources nécessaires à cet effet). [1]

La volonté des pays du Sud sera aussi nécessaire, puisqu'eux aussi ont à y gagner. Les pays comme le Brésil et l'Inde font déjà la triste expérience des conséquences sociales et environnementales d'une croissance économique débridée. Plus ces conséquences sont graves, plus ces pays comprendront que leur bien-être futur dépend de  la recherche d'un modèle de croissance différent de celui des pays développés.

La volonté et la capacité politiques de traduire des objectifs durables en actions efficaces doivent être la priorité pour tous les pays. Pour les économies émergentes en particulier qui deviennent de puissants acteurs sur la scène mondiale, cette priorité doit rester non seulement en tête des programmes politiques dans le cadre des préparatifs à la conférence de Rio prévue en juin prochain, mais également pour plusieurs années à venir.
 

David Dickson
Editorialiste, SciDev.Net

Références

[1] Narain, S. Equity: the next frontier in climate talks. Down to Earth (December 2011)