17/02/12

Un prix en l’honneur d’une éminente personnalité de la science africaine

Thomas Odhiambo a contribué à la fondation de plusieurs institutions scientifiques africaines Crédit image: icipe

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Un prix récompensant les réalisations exceptionnelles d’agronomes africains a été créé à la mémoire de Thomas Odhiambo, le chercheur kenyan qui a contribué à la fondation de l’Académie africaine des sciences et de la TWAS (The Academy of Sciences for the Developing World ou Académie des sciences pour le monde en développement).

Odhiambo, mort en 2003, est considéré comme un visionnaire guidé par le désir de trouver des solutions scientifiques locales. Il a ainsi initié de nombreux projets au Centre international de physiologie et d’écologie des insectes (International Centre of Insect Physiology and Ecology ou icipe), au Kenya, et veillé à leur développement.

Le prix a été créé cette année par l’icipe pour honorer les scientifiques qui se distinguent et apportent des contributions panafricaines remarquables à la science de l’entomologie.

En annonçant le premier lauréat du prix à Nairobi, au Kenya, le 3 janvier dernier, le directeur général d’icipe, Christian Borgemeister, a rappelé que Odhiambo avait contribué à la création de l’icipe dans le but de favoriser le développement en Afrique. Il a également été rédacteur en chef et fondateur de la Revue internationale de la science des insectes tropicaux et a contribué à la création de l’Académie nationale des sciences du Kenya.

"Il a insisté sur le fait que les Africains devraient disposer d’une formation [scientifique] de classe mondiale chez eux", a déclaré Borgemeister, ajoutant que Odhiambo avait cherché à placer la science africaine à la pointe du développement et qu’il avait mené toutes les négociations avec le gouvernement kenyan pour l’achat du terrain qu’occupe l’icipe.

Ahmed Hassanali, chercheur principal à l’Université Kenyatta du Kenya, impliqué dans plusieurs projets d’Odhiambo, l’a décrit comme une personne soucieuse de développer des méthodes locales pour aider les populations à accroître leur productivité.– en particulier les petits exploitants agricoles en Afrique.

"Il a aidé à l’élaboration de la politique des brevets à l’icipe, qui est importante car elle protége la propriété intellectuelle. Cela montre simplement à quel point il s’investissait dans le développement de la recherche en Afrique," a déclaré Hassanali à SciDev.Net.

Le premier lauréat du prix, Zeyaur Khan, a été le fer de lance de la stratégie ‘push-pull’ (‘pousser-tirer‘), qui s’attaque aux trois principaux obstacles à la production céréalière en Afrique sub-saharienne, à savoir: la maigre fertilité des sols, les insectes foreurs des tiges et les mauvaises herbes du nom de striga. Cette stratégie consiste à intercaler les céréales, comme le maïs, avec une plante répulsive du type desmodium, et à planter des espèces pièges comme le napier en culture limitrophe pour éloigner les parasites.

"C’est un grand honneur pour moi de recevoir ce prix", a déclaré Khan. "Je suis fier d’avoir été associé à l’icipe au cours de ces 25 dernières années en travaillant pour les petits agriculteurs démunis en Afrique".

"Les agronomes d’Afrique devraient faire en sorte que la recherche apporte des solutions pratiques aux problèmes réels des paysans pauvres en promouvant la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance durables", a-t-il poursuivi.

Borgemeister a laissé entendre que ce prix est la preuve d’une reconnaissance croissante de la recherche africaine. "Les pays africains se sont réveillés et ont amélioré leur recherche", a-t-il dit.