28/02/12

Un matériau de construction prometteur à base de kénaf

Le kenaf est une plante de la famille du coton Crédit image: Flickr/marichica88

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[OUAGADOUGOU, BURKINA FASO] Des chercheurs burkinabés et français ont mis au point un matériau de construction peu onéreux à base d’argile et de sable, mêlés à des fibres de kenaf.

Le kenaf est une plante de la famille du coton, dont les fibres sont très utilisées au Burkina Faso pour fabriquer des sacs et des cordes, à l’instar d’autres produits traditionnels issus du bois, comme le papier.

Jacob Sanou, du centre de recherche Farako-Ba de Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, affirme que l’idée d’utiliser le kenaf pour fabriquer des matériaux de construction lui a été inspirée par le lin que les Européens utilisent depuis longtemps pour une gamme de produits, notamment les vêtements, le papier et les produits industriels.

Sanou s’est allié à deux spécialistes des matériaux composites basés en France, Philippe Blanchart, de l’Ecole nationale de céramique industrielle de l’Université de Limoges et Moussa Gomina, chercheur burkinabé de l’Université de Caen.

Ils ont mis au point un matériau composite à base de kenaf, moins cher et plus résistant que les matériaux de construction classiques, permettant une parfaite isolation contre la chaleur et le bruit.

L’équipe a étudié les pratiques culturales du kenaf et conclu que la plante n’a aucun effet négatif sur la qualité du sol, et que même sans engrais, les rendements moyens en sont d’environ quatre tonnes à l’hectare. Cela fait du kenaf une culture précieuse et durable pour l’environnement.

Cette étude pourrait permettre aux communautés agricoles rurales de bâtir des maisons confortables et abordables sans détruire l’environnement, déclare Sanou dans un entretien accordé à SciDev.Net.

« Notre étude prouve le bon potentiel du kenaf en tant que matériau de construction », a-t-il ajouté, précisant qu’il faudra d’autres études pour en déterminer la viabilité commerciale.

Le ministre burkinabé de la Recherche scientifique et de l’innovation, Gnissa Konaté, estime que ce travail présente un grand intérêt pour le gouvernement, qui a récemment fait du secteur du bâtiment et des matériaux écologiques une priorité de sa politique de la recherche la plus récente.

Konaté pense en outre que le climat du Burkina Faso représente un défi pour les matériaux de construction classiques.
« Le ciment n’est pas adapté aux températures élevées du Burkina Faso », affirme-t-il.

« Il conserve la chaleur, et les bâtiments construits avec ce matériau consomment plus d’énergie parce qu’il faut les climatiser. La combinaison du kénaf et de l’argile local a été un succès inattendu, une opportunité que les autorités veulent saisir pour donner un coup de fouet au secteur du bâtiment au Burkina Faso. »

Des tests supplémentaires devront être menés en laboratoire à l’Université de Ouagadougou et dans les écoles de génie-civil, poursuit Sadou.