22/09/11

Les décès dus au paludisme pourraient disparaître dans dix ans

L'utilisation de la moustiquaire a connu une ascension fulgurante au cours des dix dernières années Crédit image: Flickr/World Bank Photo Collection

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Le nombre de décès dus au paludisme dans le monde pourrait être réduit à peu près à zéro, et les cas d’infections baisser de 75 pour cent, au cours de la prochaine décennie, selon les conclusions d’un rapport récent.

‘Dix ans de partenariat et résultats’, le rapport publié par le Partenariat Roll Back Malaria (RBM) la semaine dernière (12 septembre), affirme que ces objectifs peuvent être atteints si les progrès réalisés en matière de lutte contre cette maladie au cours des dix dernières années sont maintenus.

C’est un objectif adopté par les partenaires du RBM — plus de 500 d’entre eux — parmi lesquels figurent des pays où le paludisme est endémique, des organisations du secteur privé, des organisations non gouvernementales et des institutions d’enseignement supérieur.

Grâce à une multiplication par dix des financements consacrés à la lutte contre le paludisme au cours des dix dernières années, les cas de paludisme et de décès ont été réduits de moitié dans 43 pays. Onze d’entre eux se trouvent en Afrique sub-saharienne, où environ 1,1 million de décès infantiles dus au paludisme ont été évités.

Pour Awa Marie Coll-Seck, directrice exécutive du Partenariat RBM,"nous sommes à des années lumière du stade où nous étions il y a dix ans". Le rapport attribue ce succès à la collaboration mondiale – les pays africains jouant un rôle majeur – et à la disponibilité de nouveaux outils pour combattre la maladie.

La contribution des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine (CTA) est ainsi soulignée ; tout comme celle de meilleures techniques de diagnostic et de l’utilisation accrue d’insecticides pour imprégner les moustiquaires et pulvériser l’intérieur des maisons. Alors qu’à peine deux pour cent des ménages disposaient de moustiquaires imprégnées d’insecticide, leur distribution souvent gratuite a permis d’atteindre une couverture de 80 pour cent dans certaines régions.

Pourtant, ce rapport intervient dans un contexte de préoccupations croissantes suscitées par la résistance de plus en plus accrue du parasite du paludisme à l’artémisinine, et des moustiques aux insecticides.

Une étude récente a ainsi établi un rapport entre l’augmentation des cas de paludisme dans une localité et la baisse dans l’efficacité des moustiquaires imprégnées d’insecticide ; une deuxième étude  a découvert une résistance aux CTA en Asie du Sud-Est. Dans le même temps, l’OMS est devenue si préoccupée par la résistance à l’artémisinine, pierre angulaire du traitement actuel, qu’elle a publié un plan d’action urgente pour y faire face.

Pierre Druilhe, du Laboratoire de développement d’un vaccin contre le paludisme, à l’Institut Pasteur, en France, remarque que les affirmations du rapport peuvent paraître irréalistes.

"Prétendre que l’éradication se fera en dix ans n’a pas de sens avec l’augmentation de la résistance", a-t-il déclaré à SciDev.Net.

"Tout compte fait, le RBM fait un bon travail, mais faire de telles affirmations est dangereux à long terme."

Le rapport reconnaît les dangers de la propagation de la résistance, et affirme que la recherche de nouveaux médicaments et insecticides est indispensable pour que ces objectifs puissent être atteints à temps.

"C’est une course contre la montre, mais avec suffisamment de ressources, je suis sûr que nous garderons une longueur d’avance, et les affirmations contenues dans ce rapport sont réellement possibles", a déclaré Thomas Eisele, maître de conférences à l’Ecole de santé publique et de médecine tropicale de l’Université de Tulane, aux Etats-Unis, qui a contribué au rapport.

La résistance à l’artémisinine a jusqu’ici été contenue dans une petite région au Cambodge et en Thaïlande, et des mesures rigoureuses sont en place pour empêcher sa propagation, a-t-il ajouté.

La résistance aux insecticides, bien plus inquiétante, est encore très localisée, a-t-il poursuivi.

Le rapport a été soutenu par la Fondation Bill et Melinda Gates, qui a également financé le programme de recherche pour éradiquer le paludisme (Malaria Eradication Research Agenda, ou malERA).

Lien vers le rapport entier  [5.45MB]