10/07/12

Le financement des principales maladies tropicales négligées

Science Health Disease Ethiopia
MSF lance un appel pour l'augmentation de l'appui et des ressources pour aider à l'elaboration de nouveaux tests de diagnostics et de traitements des MTN. Crédit image: Flickr/UNICEF Ethiopia

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Selon un rapport de l'organisation internationale humanitaire Médecins Sans Frontières (MSF), même une légère hausse du financement de la recherche et développement (R&D) pourrait considérablement améliorer le diagnostic et la prise en charge de trois grandes maladies tropicales négligées (MTN) qui touchent les régions les plus pauvres du monde.

Mais les entreprises pharmaceutiques et les décideurs manquent de volonté, regrette MSF dans un rapport publié le mois dernier (11 juin).

Ce rapport intitulé 'Sortir de l'oubli' présente les 25 ans d'expérience de MSF dans la prise en charge du kala-azar (leishmaniose viscérale), la maladie du sommeil (trypanosomiase africaine) et la maladie de Chagas, en Amérique latine, en Asie du sud et en Afrique sub-saharienne.

Ensemble, ces trois maladies, qui sont causées par une classe de parasites appelés « kinétoplastides » et transmises par des insectes vecteurs, sont à l'origine d'environ 70.000 décès chaque année dans le monde et atteignent des centaines de milliers d'autres personnes.

Les foyers de ces maladies se trouvent dans les régions les plus pauvres du monde, souvent en zones rurales ou dans des pays déchirés par la guerre comme la Bolivie, la République centrafricaine, la République démocratique du Congo, l'Ethiopie, l'Inde (surtout dans l'Etat du Bihar), le Paraguay et le Sud Soudan.

Julien Potet, l'un des auteurs du rapport et consultant sur les politiques en matière de MTN auprès de la Campagne d'accès aux médicaments essentiels de MSF, estime que ce rapport montre « qu'avec les outils actuels, il est possible de diagnostiquer et traiter la majorité des patients…y compris dans les zones reculées. Mais cela nécessite des ressources considérables, un personnel qualifié et de gros moyens logistiques ».

Il faut davantage de financements durables pour améliorer la sécurité et l'utilisation des diagnostics et traitements existants, affirme le rapport, mais il faut également concevoir les nouveaux médicaments et les tests diagnostics « qui manquent cruellement ».

Il est tout aussi essentiel d'augmenter le nombre de fournisseurs de médicaments. Actuellement, presque tous les médicaments proviennent d'un seul fournisseur, ce qui expose l'offre à un risque de grave pénurie.

Cependant, selon Potet, « les investissements privés dans la R&D sur les MTN sont insiginfiants » et environ 90 pour cent des financements proviennent d'organisations publiques ou philanthropiques.

En outre, la majorité des récentes promesses des gouvernements américain et britannique et de la Fondation Bill et Melinda Gates d'accroître les fonds destinés aux maladies négligées sont orientées vers les maladies transmises par les vers et le trachome. Par conséquent, il faut encore trouver de nouvelles sources de financement fiables et durables pour les autres MTN, poursuit le rapport.

Le rapport lance un appel en direction des entreprises pharmaceutiques pour qu'elles ouvrent l'accès aux plateformes d'innovation pour couvrir tous les pays endémiques, et aux bailleurs de fonds pour qu'ils stimulent les investissements dans la R&D pharmaceutique en instaurant un système de récompenses et en prenant des initiatives novatrices similaires.

Dans un entretien avec SciDev.Net, Ted Bianco, directeur du transfert des technologies au Wellcome Trust, organisation caritative sanitaire basée à Londres, déclare qu'il « est formidable d'apprendre de l'expérience de MSF, parce qu'elle jouit de l'expertise requise, ce qui est essentiel pour la résolution des problèmes ».

Mais il regrette que ce rapport ne reconnaisse pas pleinement que l'industrie pharmaceutique s'engage de plus en plus sur ces maladies.

« Il est indéniable que l'industrie pharmaceutique fait beaucoup. Le rapport aurait dû mettre l'accent sur les stratégies susceptibles de nous permettre de tirer avantage de cet intérêt », poursuit Bianco.

« Evitons de réclamer uniquement l'augmentation de la contribution financière de l'industrie pharmaceutique, soyons plus précis et réalistes » suggère Simon Croft, professeur de parasitologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, dans un entretien accordé à SciDev.Net.

Par exemple, l'industrie pharmaceutique peut contribuer à la recherche par son expertise et ses données, et pas seulement sur le plan financier, poursuit Croft, en précisant que c'est ce qui s'observe déjà sur le terrain.
 

Parcourez le rapport ci-dessous:
 

 

Voir ci-après une vidéo de MSF sur les MTN:
 


Neglected Tropical Diseases: The Perfect Recipe for Disaster from MSF Access Campaign on Vimeo.