26/05/10

La rouille jaune, une menace est plus grave que prévue

Une souche virulente de la rouille jaune du blé menace les cultures partout en Afrique et en Asie Crédit image: USDA/Yue Jin

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Selon certains chercheurs, une épidémie causée par une nouvelle souche de champignon de la rouille de la tige du blé pourrait causer des pertes de récoltes s’élevant à des milliards de dollars en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et en Asie centrale.

Des scientifiques de plusieurs institutions du Moyen-Orient ont découvert que la progression de l’épidémie de rouille jaune du blé  est bien pire que ne le pensaient précédemment les chercheurs.

Pour Maarten Van Ginkel, Directeur général adjoint chargé de la recherche au Centre international de recherches agricoles dans les régions sèches (ICARDA), en Syrie, "la situation est grave. Certains agriculteurs subiront 30-60 pour cent de pertes de cultures. Dans le pire des cas, la perte de culture sera de 100 pour cent".

Les principales régions productrices de céréales sont touchées et, dans certains pays, comme la Syrie, jusqu’à 80 pour cent des champs sont affectés, d’après des enquêtes récentes. La culture du blé fournit aliments et subsistance à des centaines de millions de personnes dans ces régions, qui souffrent déjà des contraintes de production causées par la sécheresse.

Pour Mahmoud Solh, Directeur général de l’ICARDA, "une action urgente est nécessaire pour protéger les cultures de blé sur environ 50 millions d’hectares, et les centres de recherche et l’industrie sont invités à œuvrer ensemble pour combattre la maladie".

Ces commentaires interviennent à la veille de la réunion des experts la semaine prochaine (30-31 mai) à Saint-Pétersbourg, en Russie, dont le but est de mettre au point de nouvelles stratégies de lutte contre les agents pathogènes de la rouille jaune qui menacent les réserves mondiales de blé.

Parmi les régions les plus touchées par la rouille jaune on compte l’Iran, l’Iraq, le Maroc et la Syrie, selon les scientifiques de l’ICARDA. Les champs de blé en Afghanistan, en Algérie et en Tunisie sont aussi affectés.

La rouille jaune attaque toutes les parties de la plante, provoquant les dégâts les plus importants sur les feuilles. Elle fait son apparition au début de la saison et peut continuer à affecter la culture jusqu’à sa maturité, si les températures nocturnes restent suffisamment faibles. Ce long cycle fait que les dommages peuvent être graves, explique Van Ginkel.

L’espèce de pathogène capable de vaincre un gène de blé hautement résistant est apparue en 2002 en Asie du Sud, mais des conditions météorologiques défavorables ont limité sa propagation jusqu’en 2009, année de sa réapparition.

Van Ginkel a déclaré que son équipe cherche actuellement à réunir des éléments afin d’analyser l’impact des récentes épidémies.

Des variétés de blé résistantes nouvellement mises au point sont déjà disponibles. Mais les programmes de recherche nationaux doivent accélérer le processus de diffusion de ces variétés en vue de la culture et de la production. Il faudra aussi distribuer suffisamment de semences de ces variétés.

Pour Solh, les gouvernements devront prendre les mesures appropriées, telles que la plantation des variétés résistantes à haut rendement et la surveillance permanente des zones affectées, afin d’empêcher l’éclatement de nouvelles épidémies l’an prochain.

La rouille jaune est différente du champignon roux, l’Ug99, qui est un type de rouille qui a fait son apparition en Afrique de l’Est il y a dix ans.

Solh note que "si ces dernières années le monde entier s’est préoccupé de la rouille Ug99, l’ICARDA a toujours insisté sur la nécessité de rester vigilant face à la rouille jaune." (voir La course est lancée pour stopper la menace rouge, le champignon Ug99).