09/03/12

L’Inde entend renforcer sa coopération scientifique avec l’Afrique

L'Inde a de nombreuses priorités de recherche communes avec l'Afrique, comme l'agriculture et la sécurité alimentaire Crédit image: Flickr/IRRI Images

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[NEW DELHI] L’Inde et l’Afrique ont convenu de renforcer leur collaboration scientifique au cours d’une rencontre de haut niveau qui s’est tenue entre les ministres de la Science des deux pays.

Lors de pourparlers à New Delhi le 2 mars dernier, ces ministres ont retenu quatre domaines dans lesquels accroître leurs liens : la mise au service du développement d’un renforcement des capacités: de la science, de la technologie et de l’innovation, le transfert des connaissances et leur mise en pratique  et enfin l’identification de priorités communes de recherche pour l’avenir.

Ils ont convenu d’élaborer une gamme de stratégies de collaboration, en instaurant notamment des bourses pour les chercheurs africains postés en Inde et des visites d’échange, des ateliers conjoints et la mise en place de mesures pour établir de nouveaux liens académiques et industriels.

Par ailleurs, ils se sont entendus sur le renforcement de certaines institutions africaines, à commencer par l’Institut Pasteur de Tunisie, l’Institut des sciences physiques et mathématiques du Bénin, et l’Ecole des sciences et technologies de Masuku, au Gabon pour les trois années à venir.

Les ministres de la Science égyptien et indien, Nadia Eskander Zakhary et Vilasrao Deshmukh, ont affirmé que les deux régions rencontraient des défis et des besoins sociétaux communs –notamment l’accès à un système de soin abordable, les changements climatiques et la sécurité de l’accès à l’eau.

Le ministre délégué à la Science pour l’Inde, Ashwini Kumar, estime que la formation et le renforcement des compétences "doivent passer de l’état de découvertes scientifiques à celui de solutions scientifiques, et que l’Afrique et l’Inde doivent explorer des modèles plus récents de gestion de la propriété intellectuelle."

Il a jouté que l’Inde a déjà proposé la création d’institutions panafricaines pour l’étude de la transformation des produits alimentaires et des textiles ainsi que la création d’un centre africano-indien de prévision météorologique dont pourraient bénéficier les secteurs de l’agriculture, de la pêche, et de la préparation aux catastrophes..

"Nous avons reçu une demande d’appui à la création d’une université africano-indienne des sciences de la vie et de la terre au Nigéria et nous serions heureux de soutenir ce projet", a ajouté Kumar.

En marge de la conférence, des ministres du Mozambique ont signé un protocole d’accord avec la fondation nationale indienne de l’innovation (National Innovation Foundation ou NIF) pour aider leur pays à créer un organisme similaire dont la mission serait d’identifier et de soutenir les innovations à la base.

Anil Gupta, président de la NIF, a annoncé à SciDev.Net le lancement par cette fondation de pourparlers avec le Botswana, l’Erythrée, le Rwanda, la Tanzanie et le Zimbabwe, qui ont manifesté leur intérêt pour la reproduction du modèle du NIF.

L’intérêt croissant de l’Inde pour le renforcement des liens scientifiques s’est traduit par le lancement d’une initiative africano-indienne de coopération scientifique et technique en 2008 à New Delhi, d’un autre programme scientifique et technique entre l’Inde et l’Union africaine en 2010, et des bourses annuelles C.V. Raman en 2010 également pour permettre aux scientifiques africains d’entreprendre des études dans les instituts de recherche et les universités en Inde.

Selon Purna Samanta, maître de conférence à l’Ecole d’économie de l’Université de Nairobi, le récent accord est stratégique et stimulera le développement technologique des pays africains, tout en permettant à l’Inde d’étendre son influence sur un continent qui pourrait devenir un vaste marché pour les produits indiens..

Il estime qu’il existe plusieurs domaines d’intérêt communs entre les pays africains et l’Inde, comme la sécurité alimentaire et celle de l’eau, l’énergie renouvelable et les savoirs traditionnels –particulièrement la médecine alternative.

Dans un entretien avec SciDev.Net, il avance que le récent regain d’intérêt de l’Inde pour l’Afrique serait aussi une réponse aux investissements massifs de la Chine en Afrique ces dernières années, le continent africain servant de nouveau terrain d’affrontement pour la rivalité technologique existant de longue date entre les deux pays asiatiques.

" Avec ses 700 millions d’habitants, l’Afrique représente une opportunité considérable au secteur technologique indien à forte croissance et elle ne peut se permettre d’en faire fi au moment où la Chine réussit de grandes percées sur ce continent. Elle veut s’affirmer davantage, d’autant que la langue et la tradition sont de son côté", conclut-il.

Lien vers la déclaration commune de l’Inde et de l’Afrique