27/06/11

L’Egypte dévoile un ambitieux programme de dépenses scientifiques

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[LE CAIRE] A l’occasion d’un événement au cours duquel le Premier ministre a déclaré que la science était désormais une priorité importante, le gouvernement égyptien a annoncé un ambitieux programme qui prévoit la multiplication par dix du budget de la recherche scientifique au cours des trois prochaines années.

Il envisage de porter la part du produit intérieur brut (PIB) consacré à la recherche scientifique de 0,23 actuellement à deux pour cent. Mais les critiques pensent que c’est trop d’argent, et trop rapide.

Cette hausse a été annoncée la semaine dernière (20 juin) par Amr Ezzat Salama, ministre égyptien de l’enseignement supérieur, de la science et de la technologie, lors du lancement de la seconde phase du Programme national de développement de la recherche et de l’innovation (RDI) financé par la Commission européenne (CE). Au cours de ce même événement, le Premier ministre Essam Abdel-Aziz Sharaf a déclaré que « les institutions de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique font face à des défis qui découlent de la situation politique actuelle, et l’élaboration d’un système de recherche scientifique doit être une priorité majeure ». Sharaf, le Premier ministre de transition jusqu’aux élections prévues en septembre prochain, a ajouté que la recherche scientifique est un « secteur vital » pour le développement économique et social.

Au début de ce mois (1er juin), le gouvernement égyptien a voté le budget scientifique pour l’année budgétaire 2011-2012 faisant passer les dépenses de US$ 66,5 millions à US$ 90,5 millions.

Cependant, pour Mamdouh Al-Wali, journaliste économique à la rédaction d’Al-Ahram, la hausse de « n’importe quelle ligne budgétaire autre que celles des produits de première nécessité et des salaires » dans une période aussi courte est un choix difficile dans la mesure où le gouvernement a prévu un budget en déficit de plusieurs milliards de dollars.

« L’essentiel n’est pas d’accroître les dépenses scientifiques dans la part du PIB mais le volume des investissements dans la recherche scientifique réelle », a-t-il expliqué en précisant que la part la plus importante du budget scientifique actuel est déjà consacrée au paiement des salaires du personnel et non à la recherche en tant que telle.

Hassan El-Banna Fath, professeur d’ingénierie à l’Université d’Alexandrie et Directeur d’un projet de dessalement d’eau financé par la RDI, s’est également interrogé sur la possibilité d’augmenter aussi rapidement le budget de la recherche scientifique.

Pour lui, il faudrait étaler cette hausse sur les dix prochaines années. Une hausse du budget dans une telle proportion peut entraîner une baisse de la qualité de la recherche financée, et de ce fait s’avérer contre-productive pour le secteur égyptien de la recherche.

Fath encourage le gouvernement à ne pas dépendre du budget de l’Etat mais d’essayer d’accroître le budget de la recherche au moyen de partenariats internationaux comme le programme RDI.

Ce programme, financé par un don de US$ 28 millions de la CE, a pour objectif de renforcer les liens entre le secteur de la recherche et le monde industriel, et promouvoir l’innovation et le transfert des technologies. Il est destiné également à soutenir l’intégration de l’Egypte dans l’Espace européen de la recherche, un système de programmes de recherche. La première phase du programme a été financée par un don de US$ 16 millions étalé sur trois ans et destiné à développer 51 projets de recherche.