13/08/10

L’Afrique australe n’innove pas, conclut une étude

La faiblesse de la production scientifique remettra en cause les objectifs de développement de l'Afrique australe Crédit image: Flickr/interplast

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[OUDTSHOORN, AFRIQUE DU SUD] Le volume des publications et brevets scientifiques des pays d’Afrique australe est jugée si faible que, selon un rapport récent, les progrès économiques et sociaux de la région sont menacés et les pays concernés risquent de ne pas atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement.

Entre 2004 et 2008, la part de Communauté de Développement des Etats de l’Afrique australe (SADC), organisation regroupant 15 pays, n’a représenté qu’environ 0,7 pourcent des publications scientifiques dans le monde. Comparativement, l’Inde est source de 2,9 pourcent et l’Amérique latine, 4,1 pourcent de la production mondiale au cours de la même période.

A elle seule, l’Afrique du Sud produit environ 79 pourcent des publications de la SADC. Pourtant, le pays consacre moins de un pourcent de son PIB à la recherche et développement, en comparaison aux 3 à 4 pourcent recensés dans les pays plus développés.

La Tanzanie est le second pays le plus productif de la région, malgré une production 14 fois inférieure à celle de l’Afrique du Sud. Le Mozambique et les Seychelles ont affiché la plus forte croissance avec une hausse d’environ 80 pourcent, tandis que la production de la République démocratique du Congo et du Zimbabwe a chuté depuis 1998.

Pour Anastassios Pouris, auteur de l’étude et Directeur de l’Institut d’Innovation technologique de l’Université de Pretoria, ‘En Afrique du Sud et dans d’autres pays africains, l’idée reçue selon laquelle la recherche est un luxe que seul l’Occident peut s’offrir a la vie dure. Il suffit de regarder des pays comme la Chine et Singapour pour comprendre que c’est une perception qui n’est pas fondée.’

Selon l’étude, publiée dans l’édition de Scientometrics du mois d’août, l’accent placé en Afrique australe sur les disciplines traditionnelles comme l’agriculture, la zoologie et la botanique freine également l’innovation, plus susceptible de se produire dans des domaines comme l’ingénierie ou la biologie moléculaire. 

Pouris remarque qu’en dépit de la place de choix réservée à la science et la technologie dans le programme de développement régional de la SADC en tant que moteurs clés du développement socioéconomique, peu d’efforts sont faits pour la mise en œuvre de ces programmes. ‘Une croissance véritable et durable découle de l’innovation’, a-t-il ajouté.

‘Dans tous les pays d’Afrique, chaque ministère devrait consacrer une proportion du budget à la recherche et l’innovation. Un seul ministre agissant dans un seul ministère ne changerait pas grand-chose’.

Pour Roseanne Diab, Directrice générale de l’Académie des Sciences d’Afrique du Sud, ces statistiques comparatives sont un repère important, riche en enseignement.

‘Certes, l’Afrique du Sud est un géant de la région de la SADC, mais il peut mieux faire’
 
Johann Groenewald, sociologue à l’Université de Stellenbosch en Afrique du Sud estime que les mauvaises performances de son pays ‘ne sont pas une surprise’. Il les attribue à la poursuite dans le pays des politiques de la Banque mondiale, privilégiant l’enseignement primaire et secondaire au détriment de l’enseignement supérieur, politiques abandonnées il y a maintenant deux ans.

Il a ajouté que l’étude n’a probablement pas tenu compte des sciences sociales. Le Rapport mondial sur les sciences sociales 2010 de l’UNESCO a constaté une hausse de 112 pourcent du nombre de publications en sciences sociales et en littérature entre 1987 et 2007 en Afrique sub-saharienne, dont la moitié environ sont des publications sud-africaines.

Lien vers le résumé de l’article dans Scientometrics

Lien vers le ‘World Social Science Report’

Références

Scientometrics doi: 10.1007/s11192-010-0260-2 (2010)