03/04/12

Des chercheurs prônent la création d’une Fondation africaine de la science

Une série de propositions ont été faites, lors du forum, pour améliorer le financement de la science en Afrique. Crédit image: Flickr/WorldFishCenter

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[NAIROBI] Au cours d’une conférence panafricaine sur la science, la technologie et l’innovation, qui est en cours au Kenya, des scientifiques ont émis une série de propositions pour améliorer le financement de la science sur le continent –-dont la création d’une fondation ou d’un fonds scientifique calqué sur le modèle de la Fondation nationale des sciences des Etats-Unis.

Les délégués prenant part au premier Forum Afrique sur la science, la technologie et l’innovation pour l’emploi des jeunes, le développement du capital humain et la croissance inclusive (qui s’est tenu du 1er au 3 avril), ont appris qu’une fondation sur le continent permettrait de développer et de vulgariser plus facilement des idées ambitieuses et novatrices.

Alfred J. Watkins, président exécutif du Sommet mondial de l’innovation, a déclaré qu’une Fondation africaine "pourrait sans doute largement profiter des leçons de production d’expérience données par le modèle d”Etoiles montantes’, financé par le gouvernement canadien dans le cadre du programme Grands Défis Canada.

Le programme Etoiles montantes offre des subventions d’une valeur de 100 000 dollars canadiens aux innovateurs issus des pays à faible et moyen revenu, pour la recherche sur les défis persistants en matière de santé dans le monde en développement.

Il comprend aussi un " club des anges", qui recherche le financement et les mentors pour les chercheurs, ainsi qu’un processus d’acquisition  permettant au secteur privé d’acquérir des innovations dans un but de diffusion ou de fabrication à grande échelle.

"Nous avons fait cela parce qu’il y a beaucoup plus de talents que d’opportunités dans ces pays, de nombreuses innovations susceptibles d’offrir des solutions qui auraient un réel impact", a indiqué à Sci.Dev.Net Peter Singer, président-directeur général de Grands Défis Canada.

"Ce serait le modèle idéal sur lequel miser. Nous participons à la conférence pour créer des partenariats et tenter de les multiplier à travers le secteur privé".

Watkins a ajouté qu’un fonds africain ou une fondation africaine pourraient organiser un concours au travers duquel des "équipes multidisciplinaires virtuelles de chercheurs africains issus de plus d’un pays africain" pourraient rivaliser pour des subventions de recherche.

Il a reconnu qu’il serait difficile de mesurer l’impact de la recherche à travers le continent en termes de nombre d’emplois créés, de quantité d’entrepreneurs installés ou de nombre d’articles scientifiques et de brevets produits.

Il a suggéré que le financement pourrait être fourni par des institutions comme la Banque africaine de développement.

Sous couvert d’anonymat, un fonctionnaire de la Banque africaine de développement a indiqué à SciDev.Net que cette banque n’était pas encore prête à financer une fondation continentale africaine, en notant que la proposition devait faire l’objet de discussions plus poussées et qu’un modèle viable devait être retenu par la communauté scientifique de la région.

D’autres scientifiques présents au forum ont suggéré qu’une fondation soit dotée d’une structure régionale plutôt que continentale pour réduire les coûts et les problèmes linguistiques. Certains ont aussi suggéré qu’elle soit présidée ou hébergée de manière tournante.

Des mises en garde ont été faites contre des démarches hâtives de création d’une fondation.

"Je pense que nous devons faire le bilan de ce dont nous disposons avant de penser à une fondation", a déclaré Alfred van Kent, directeur de la recherche, de la science, de la technologie et des innovations nationales en Namibie. "Qu’avons-nous fait de bien, qu’est-ce qui ne fonctionne pas, où sont les lacunes? Il s’agit peut-être simplement de peaufiner les détails et tout se mettra en place".

Par ailleurs, des inquiétudes ont fait jour au deuxième jour de la conférence à l’idée que la rencontre ministérielle d’aujourd’hui puisse ne déboucher sur aucun résultat concret.

" Au moins cinq conférences ministérielles sur la S&T se sont tenues au cours de la dernière décennie, chacune couronnée de nobles résolutions. Je nourris sincèrement l’espoir que cette réunion-ci ne subisse pas le même sort que les précédentes", a déclaré Dzingai Mutumbuka, président de l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique.

"Ce qu’il convient de retenir ici, c’est qu’il est temps que nous autres Africains passions des nobles résolutions des conférences à leur mise en œuvre, leur mise en œuvre et rien que leur mise en œuvre", a-t-il martelé.