07/02/19

Zanzibar : Une stratégie payante contre le paludisme

Community health workers demonstrate the use of mosquito nets
Des agents de santé communautaire initient la population à l'utilisation de moustiquaires - Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Zanzibar veut éliminer le paludisme d'ici à quatre ans, grâce à une batterie de stratégies à succès
  • Des interventions consenties aident les communautés à réduire de 94% les nouveaux cas
  • Selon un expert, les gouvernements africains devraient engager contre la maladie

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[NAIROBI] Selon une étude, des interventions communautaires, à l'image de l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide, contribuent à la réduction de 94% des nouveaux cas de paludisme dans les établissements de santé de Zanzibar.

Selon le programme national pour l'élimination du paludisme à Zanzibar, une région semi-autonome de Tanzanie avec environ 1,4 million d'habitants, le territoire a pour ambition d'éliminer le paludisme d'ici à 2023.

Toutefois, d'après les chercheurs, on ignore si l'élimination du paludisme pourrait être réalisée dans les zones de forte transmission, à l'instar de Zanzibar, ce qui constitue une incitation à explorer les défis et les opportunités pour atteindre un tel objectif.

« Cette étude montre un impact plus important, ce qui à son tour, est dû à une meilleure mise en œuvre des programmes, couplée à une couverture plus élevée et au fait que tous les outils de prévention, de diagnostic et de traitement étaient gratuits et donc pleinement accessibles », déclare Anders Björkman, auteur principal de l'étude, publiée dans la revue BMC Medicine, le mois dernier (22 janvier).

“Cette étude montre un impact plus important, ce qui à son tour, est dû à une meilleure mise en œuvre des programmes, couplée à une couverture plus élevée.”

Anders Björkman, Karolinska Institutet

Les chercheurs ont eu accès aux données de neuf enquêtes transversales auprès des ménages, menées aux mois de mai et juin, entre 2003 entre 2015, dans deux districts ruraux. Ils ont également utilisé les données mensuelles essentielles de 26 établissements de santé pour la période allant de 1999 à 2015.

« Les taux de piqûres humaines [de moustiques] ont diminué de 98% », selon les conclusions de la revue.

« La charge parasitaire totale [du paludisme] a diminué de plus de 1000 fois (99,9%) entre 2003 et 2015. »

Anders Björkman, professeur principal au Karolinska Institutet, en Suède, a déclaré à SciDev.Net que la mise en œuvre d'une couverture plus large d'interventions à base communautaire, telles que des moustiquaires imprégnées d'insecticide et des pulvérisations d'intérieur à effet rémanent, constituait le principal moteur de la lutte contre le paludisme à Zanzibar. Il attribue ce succès à l'engagement du gouvernement de Zanzibar, aux efforts du programme national d'élimination du paludisme et à la participation des habitants de la communauté.

Mais Anders Björkman ajoute que les moustiques se sont adaptés aux mesures de lutte existantes, au cours des dernières années et appelle donc à la nécessité de développer de nouvelles stratégies de lutte contre le paludisme et d'aboutir à son éradication effective à Zanzibar.  

Anders Björkman estime que les chercheurs se lancent dans la mise à l'essai de nouvelles stratégies, telles que les pièges hors habitation, le recours aux systèmes d'attraction et d'élimination des moustiques hors habitation, et l'administration massive et ciblée de médicaments pour réduire l'impact des formes de résistance développées et les altérations de comportement des moustiques.

Eliningaya Kweka, expert en biologie des vecteurs et professeur associé à l'Université catholique de la santé et des sciences connexes en Tanzanie, a déclaré que l'étude avait démontré que l'acceptabilité des stratégies par la communauté pouvait jouer un rôle majeur dans l'éradication du paludisme dans les îles d'Afrique et vanté les succès de Zanzibar, les présentant comme modèle pour le continent.

Andrew Githeko, responsable de la recherche à l'Institut de recherche médicale du Kenya, a pour sa part déclaré que l'éradication du paludisme en Afrique subsaharienne était un défi.

« On sait bien que l’éradication ou l’élimination du paludisme est réalisable dans les îles », déclare-t-il. « Mais ce n'est pas le cas pour l'Afrique continentale. »

Eliningaya Kweka appelle les gouvernements africains à accroître leurs apports financiers pour renforcer la surveillance, la prévention et le traitement du paludisme.