02/02/15

Paludisme: l’association vaccins-moustiquaires produit des résultats mitigés

Darfurians refugees in Eastern Chad
Crédit image: Flickr/ European Commission DG ECHO

Lecture rapide

  • Selon les chercheurs, environ 25 candidats vaccins contre le paludisme sont en cours de développement
  • Mais une étude montre que ces vaccins, lorsqu'ils sont utilisés en association avec des moustiquaires, produisent des résultats mitigés
  • Un expert ajoute qu'en particulier, les "vaccins altruistes", également en cours de développement, devraient être considérés comme un outil supplémentaire de lutte et non comme un moyen de protection.

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Selon une nouvelle étude, les méthodes de lutte contre le paludisme associant les moustiquaires imprégnées et les vaccins, pourraient accroître ou diminuer les taux d'infection.

Près de 600 000 personnes, principalement en Afrique sub-saharienne, sont mortes du paludisme en 2013, selon des estimations de l'OMS, publiées en décembre.

Les chercheurs affirment que bien qu'aucun vaccin contre le paludisme n'ait encore été homologué, environ 25 candidats vaccins sont en cours de développement.

Ces candidats vaccins se répartissent en trois catégories: les vaccins à base d'antigènes préérythrocytaires, qui réduisent le risque d'infection par des moustiques porteurs de maladies; les vaccins anti-maladie, qui atténuent la gravité de la maladie et les vaccins altruistes, qui bloquent la transmission et réduisent la vitesse à laquelle d'autres personnes sont infectées.

“Dans les pays où les moustiquaires sont très efficaces, devrions-nous nous concentrer sur le développement d'un vaccin qui pourrait aggraver la situation lorsqu'il est utilisé avec des moustiquaires?”

Andrew Dobson, de l'Université de Princeton

Dans une étude publiée le 19 janvier dans les Actes de l'Académie nationale des sciences, des chercheurs des Pays-Bas et des États-Unis ont utilisé un modèle mathématique de la transmission du paludisme, pour étudier l'interaction entre les moustiquaires et ces types de vaccins.

Les résultats ont montré que les interactions entre les moustiquaires, les  vaccins à base d'antigènes préérythrocytaires et les vaccins anti-maladie réduisent les niveaux d'immunité naturelle, conduisant à une augmentation du nombre de cas de paludisme chez les enfants d'âge avancé et les adultes.

Toutefois, l'utilisation de moustiquaires et de vaccins altruistes fournit des avantages significatifs, à la fois au niveau individuel et au sein de la population.

"Ironiquement, les vaccins qui fonctionnent le mieux avec les moustiquaires sont ceux qui ne protègent pas la personne vaccinée – la moustiquaire assure cette protection – mais bloquent la transmission du paludisme chez les moustiques qui ont trouvé l'occasion de mordre des personnes vaccinées", explique Yael Atzy-Randrup, l'un des auteurs de l'étude, qui est un professeur adjoint de l'écologie théorique à l'Université d'Amsterdam, aux Pays-Bas.

Selon le co-auteur de l'étude, Andrew Dobson, les résultats posent un dilemme en matière de santé publique.

"Nous devons avoir une discussion beaucoup plus élargie, consistant à savoir si les gens sont prêts à utiliser un vaccin qui ne les protège pas explicitement, mais contribue à protéger les autres dans la population", explique-t-il.

Andrew Dobson, qui est professeur d'écologie et évolution à l'Université de Princeton aux États-Unis, ajoute que la disponibilité des fonds et des ressources devrait également être envisagée.

"Dans les pays où les moustiquaires sont très efficaces, devrions-nous nous concentrer sur le développement d'un vaccin qui pourrait aggraver la situation, lorsqu'il est utilisé avec des moustiquaires?" s'interroge-t-il.

Selon Maureen Coetzee, directrice de l'Unité de recherche en entomologie sur le paludisme, à l'Université de Witwatersrand, en Afrique du Sud, la distribution de moustiquaires imprégnées d'insecticide a été intensifiée en Afrique subsaharienne.

Maureen Coetzee estime que certaines régions recourent aux serpentins anti-moustiques et à la pulvérisation des appartements à base d'insecticides, ajoutant que le comportement des personnes vivant dans ces communautés au regard des soins de santé devrait également être examiné dans les stratégies combinées de lutte contre le paludisme.

"Vous avez des communautés qui ont peu de ressources et d'infrastructures et doivent compter sur ce qui est facilement disponible", explique Maureen Coetzee.

"Même si les vaccins bloquant la transmission sont efficaces, ils offrent une protection limitée et ne devraient jamais être rien de plus qu'un outil supplémentaire."

Lien vers l'article complet dans les Actes de l'Académie nationale des sciences (en anglais).

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