25/04/17

Nouvelle approche pour élaborer des remèdes antipaludiques

Antimalaria dugs
Crédit image: Flickr / yrinsyde

Lecture rapide

  • Des recherches montrent que les molécules Heme nuisent au plasmodium falciparum
  • Or, elles se transforment en cristaux d’hémozoïne dès leur digestion par le parasite
  • Les futurs remèdes devraient être à même d’empêcher cette formation d’hémozoïne

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Au moment où se célèbre la journée mondiale de lutte contre le paludisme, les travaux d’une équipe internationale de chercheurs pourraient apporter une révolution dans la recherche de médicaments contre cette maladie.
 
Sergey Kapishnikov de la section des rayons X et des neutrons au Niels Bohr Institute (NBI) à l’université de Copenhague (Danemark) qui a dirigé ces travaux les résume en disant que "nous avons cherché à comprendre la formation de cristaux d’hémozoïne dans le parasite du paludisme en nous concentrant sur une possibilité de cibler ce processus pour trouver des médicaments antipaludiques".
 

“Le développement de nouveaux traitements contre le paludisme pourrait être d’empêcher cette formation de l'hémozoïne, de sorte que la nocivité des molécules Heme pour le plasmodium falciparum soit préservée”

Sergey Kapishnikov
Niels Bohr Institute (Danemark)

 
Un communiqué du NBI sur ces travaux précise que les chercheurs sont partis du constat selon lequel le plasmodium falciparum (le germe qui provoque le paludisme), vit dans les cellules du corps, et ils ont produit une coupe d’une cellule contaminée.
 
Ils ont ensuite procédé à une analyse de cette coupe aux rayons X pour découvrir que la teneur en potassium des cellules infectées était sept fois inférieure à celle des cellules saines, suggérant que cet élément chimique a été absorbé par le parasite.
 
Ils ont également évalué la concentration du fer dans l’hémoglobine et dans les cristaux d’hémozoïne présents chez le parasite.
 
"Le parasite digère l'hémoglobine en utilisant la protéine comme nutriment, et des molécules Heme sont libérées lors de la dégradation de l'hémoglobine", ont remarqué les chercheurs, d’après ce même communiqué, publié le 12 avril dernier.
 
Lequel ajoute que comme les molécules Heme sont toxiques pour le parasite, "ils sont immédiatement stockés par paires à l'intérieur de sa vacuole digestive sous forme de cristaux d’hémozoïne", devenant dès lors inoffensifs.
 

Originalité

 
Par conséquent, le chercheur pense que "le développement de nouveaux traitements contre le paludisme pourrait être d’empêcher cette formation de l'hémozoïne, de sorte que la nocivité des molécules Heme pour le plasmodium falciparum soit préservée".
 
"L’originalité de notre approche est que nous avons utilisé des outils combinés de microscopie radiographique quantitative afin de comprendre la biochimie in vivo dans le parasite du paludisme", indique Sergey Kapishnikov qui a dirigé ces recherches.
 
A l’en croire, ses collègues et lui prévoient dans l’immédiat de poursuivre les travaux en mesurant l'effet in vivo de certains médicaments antipaludiques sur la croissance des cristaux d'hémozoïne et leur impact sur le parasite.
 
En étudiant les processus métaboliques essentiels chez le parasite du paludisme, les chercheurs ont voulu contribuer à l'amélioration de la conception des futurs médicaments antipaludiques.
 
"En plus de comprendre les processus métaboliques clés chez le parasite du paludisme, nous espérons que notre travail rendra la découverte des médicaments antipaludiques plus rapide", confie Sergey Kapishnikov.
 

Obstacles

 
L’intéressé sait mieux que quiconque les difficultés qui entravent les recherches en vue de trouver des médicaments efficaces contre le paludisme.
 
"Un obstacle important au développement de nouveaux médicaments antipaludiques est le processus de découverte de médicaments, qui demande souvent beaucoup de temps et des efforts considérables", dit-il.
 
Avant de conclure : "À la lumière de l'émergence de souches résistantes aux thérapies médicales actuelles, la lenteur du processus de découverte de médicaments antipaludiques est une importante source de préoccupation".
 
Selon le rapport 2016 sur le paludisme dans le monde, la maladie était responsable de 429 000 décès dans le monde en 2015 pour 212 millions de nouveaux cas. Pire, indique la même source, un enfant meurt du paludisme toutes les deux minutes.
 
Mais, la bonne nouvelle dans ce rapport cité par un communiqué de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) est que le nombre de cas de paludisme a baissé de 21% à l’échelle mondiale entre 2010 et 2015 et celui des décès de 29% sur la même période.
 
"En Afrique subsaharienne, région qui supporte 90% de la charge mondiale du paludisme, plus de 663 millions de cas ont été évités depuis 2001. Les moustiquaires imprégnées d’insecticide ont eu le plus fort impact, représentant, selon les estimations, 69% des cas évités grâce aux moyens de lutte", souligne l’OMS.