10/03/14

Le dépistage et le traitement du paludisme dans les écoles qualifiés d’inutiles

Pre-schoolgoing children
Crédit image: Flickr/Novartis AG

Lecture rapide

  • Des experts affirment que l'Afrique manque d’interventions efficaces de lutte contre le paludisme dans les écoles
  • Une nouvelle étude réalisée au Kenya montre que le traitement du paludisme dans les écoles ne profite pas aux écoliers
  • Un expert conseille aux donateurs de financer des stratégies efficaces de lutte contre le paludisme.

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[NAIROBI] Une nouvelle étude menée au Kenya sur la façon dont les interventions contre le paludisme en milieu scolaire affectent la santé des écoliers et leur éducation a recommandé que le dépistage et le traitement  intermittents (DTI) ne soient pas mis en œuvre dans des environnements de transmission faible à modérée du paludisme.
 
Des chercheurs du Kenya, du Royaume-Uni et des États-Unis laissent entendre que des études précédentes dans les zones de forte transmission du paludisme ont indiqué des effets bénéfiques du DTI, mais il y a peu de preuves de l'efficacité de ces interventions dans les zones de transmission faible à modérée du paludisme.
 
Ces chercheurs ont sélectionné plus de 5 000 enfants dans 101 écoles primaires publiques de la côte sud du Kenya en janvier 2010.
 
La moitié des écoles ont été choisies au hasard pour recevoir le DTI ou pas d'intervention.
 
Le DTI a impliqué l’utilisation du test de diagnostic rapide pour dépister les enfants dans les classes allant de la SIL au CM I une fois par trimestre pour les hématozoaires et un traitement de suivi avec l’antipaludique arthemeter-luméfantrine pour ceux chez qui le test a été positif. 

“Bien que les enfants qu’on a trouvé infectés aient été traités, une proportion importante de la population scolaire et de la communauté au sens large n’a pas été soumise au test et n’a pas été traitée, ce qui a contribué à la ré-infection.”

Simon Brooker, London School of Hygiene and Tropical Medicine (Ecole d’hygiène et de médecine tropicale de Londres)

Aussi bien pour les écoles ayant reçu  DTI que pour celles où le dépistage et le traitement n’ont pas été effectués, les chercheurs ont évalué la proportion d'enfants souffrant d'anémie et de paludisme au bout de 12 mois et de 24 mois et réalisé les tests de rendement scolaire dans les classes après 9 mois et 24 mois , selon l'étude publiée le 28 janvier dernier dans PLOS Medicine.
 
Simon Brooker, un co-auteur de l'étude et professeur d'épidémiologie à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, au Royaume-Uni, déclare à SciDev.Net que le DTI pour le paludisme n’offrait pas d’avantages par rapport au pourcentage d'écoliers infectés par les protozoaires ou aux niveaux d’anémie, ou à leur taux d’attention soutenue ou de réussite scolaire.
 
"Bien que les écoliers qu’on a trouvé infectés aient été traités, une proportion importante de la population scolaire et de la communauté au sens large n’a pas été soumise au test et n’a pas été traitée, ce qui a favorisé la ré-infection", explique Simon Brooker.
 
Mais il identifie les avantages de la recherche en ces termes: "Les résultats mettent en évidence un rôle potentiel des écoles dans la détection des poches de forte transmission du paludisme [pour une lutte ciblée contre le paludisme]".
 
Simon Brooker note que les études menées partout en Afrique montrent que l'infection par les protozoaires peut avoir un impact négatif sur la santé et les performances scolaires des écoliers, mais affirme que “il manque à la région une politique claire et des conseils technique relatifs à l'intervention la plus efficace contre le paludisme pouvant être réalisée à travers les écoles dans différents milieux".
 
Simon Brooker appelle à davantage de recherches pour identifier d'autres interventions de lutte contre le paludisme qui puissent être incluses dans un programme scolaire de santé intégré à travers l'Afrique.

Waqo Ejersa, un responsable du Programme national de lutte contre le paludisme du Kenya, affirme que son équipe a accepté le résultat de l'étude et conseille donc aux donateurs et aux partenaires intéressés de ne pas financer le DTI du paludisme, mais de jouer un rôle accru dans la promotion des stratégies efficaces de lutte contre le paludisme.
 
Il ajoute que le Kenya intensifie la campagne de traitement du paludisme et de lutte antivectorielle.
 
"Nous avons réussi à faire passer le pourcentage des cas de paludisme de 60 pour cent dans les années 1990 à moins de cinq pour cent par l'application des différentes interventions", ajoute Ejersa, citant la fourniture de la pulvérisation institutionnelle, l'éducation sanitaire et les moustiquaires ainsi que certaines des interventions.
 
Lien vers l'article complet dans PLOS Medicine
 
Le présent article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références

PLOS Medicinedoi10.1371/journal.pmed.1001594 (2014)