24/08/11

La résistance aux insecticides contribue à la résurgence du paludisme

Lʹintensification des programmes de distribution de moustiquaires a entraîné une expansion rapide de la résistance aux pyréthrinoïdes Crédit image: Flickr/World Bank Photo Collection

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[ABUJA] Des scientifiques ont établi un lien entre la résistance accrue aux insecticides et la résurgence du paludisme au Sénégal.

Des chercheurs travaillant dans le village de Dielmo ont signalé que de nouvelles méthodes pourraient être nécessaires pour lutter contre le fléau du paludisme sur le continent.

Ils ont découvert quʹau cours des deux années (août 2008–2010) qui ont suivi la distribution de moustiquaires imprégnées de deltaméthrine, un insecticide longue durée homologué par lʹOMS, les cas de paludisme ont considérablement diminué.

Selon les auteurs, dont les résultats ont été publiés en ligne la semaine dernière (18 août) sur The Lancet Infectious Diseases, au cours des quatre mois suivants, le nombre de cas de paludisme a augmenté par rapport à ceux qui avaient été relevés lorsque les moustiquaires avaient été installées. Il était par conséquent possible que cette hausse de la morbidité soit due à une résistance accrue des moustiques transmettant le paludisme aux pyréthrinoïdes.

En 2010, trente-sept pour cent des moustiques Anopheles gambiae résistaient à la deltaméthrine, et la proportion de moustiques porteurs de la mutation kdr (pour "knockdown résistance"), qui entraîne la résistance aux pyréthrinoïdes en général, est passée de 8 pour cent en 2007 à 48 pour cent en 2010.

Les auteurs ont déclaré que lʹintensification des programmes de distribution de moustiquaires et des campagnes de pulvérisation dans les maisons a "conduit à une diffusion très rapide de la résistance aux pyréthrinoïdes chez la plupart des agents vecteurs du paludisme".

Cette étude a révélé une résurgence du paludisme en particulier chez les enfants âgés et chez les adultes qui sont de plus en plus vulnérables à la maladie.

Selon les auteurs, la hausse de la résistance aux pyréthrinoïdes ne peut pas expliquer cette vulnérabilité. Ils suggèrent que "soit une hausse récente de lʹexposition des groupes les plus âgés aux agents vecteurs de paludisme, soit une baisse de lʹimmunité protectrice" pourraient en être la cause.

Pierre Druilhe, un des auteurs de ces travaux et chercheur au Laboratoire Biologie et génétique du paludisme à lʹInstitut Pasteur, en France, a déclaré que la résurgence de la morbidité du paludisme avait été prévue depuis longtemps et quʹelle allait au-delà du problème de la résistance aux insecticides.

Selon lui, dans les zones où lʹincidence de la maladie est forte, lʹexposition aux moustiques transmettant le paludisme entraîne une forte réponse immunitaire qui protège les individus. Si les moustiquaires imprégnées dʹinsecticides réduisent le nombre de piqûres par les agents vecteurs, cela réduit en retour lʹimmunité acquise, ce qui entraîne un nouvel équilibre là où les risques de piqûre causant le paludisme augmentent.

Dans un commentaire accompagnant cette étude, Joseph Keating et Thomas Eisele ont mis en garde contre le danger de généraliser ces recherches au reste du continent, en particulier à cause de la courte période ayant été examinée.

P. Druilhe a toutefois déclaré que "ce type de situation [la résistance aux pyréthrinoïdes] peut se produire dans toutes les zones de transmission élevée, à savoir la majorité des zones dʹépidémie du paludisme en Afrique".

Lien vers lʹarticle complet sur The Lancet Infectious Diseases (en anglais)