15/06/15

Les secrets du système immunitaire de la femme enceinte mis au jour

She Is Pregnant
Crédit image: Sven Torfinn/H4+/Panos

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont mené leurs travaux à partir d’échantillons de sang de femmes collectés lors de l'accouchement.
  • Ils ont démontré que la femme enceinte produit des molécules à même de combattre naturellement le paludisme chez la femme enceinte
  • Les résultats de l’étude peuvent contribuer à une meilleure compréhension des réponses immunophysiologiques pouvant contribuer à la mise sur pied de nouvelles pistes préventives et thérapeutiques

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Une étude camerounaise démontre que les femmes enceintes sont à même de produire des hormones, des molécules comme les cytokines et lipides spécifiques pour combattre naturellement le paludisme placentaire.
 
Il s’agit d’une forme spécifique du paludisme, à l’origine de l’anémie sévère chez la mère et du faible poids des bébés à la naissance, dans les régions d’Afrique avec un fort taux de prévalence du paludisme.
 
Les complications liées à la grossesse mettent en danger la vie des mamans et des nouveau-nés, en particulier en Afrique subsaharienne.
 
Même s’il est établi qu'un bon équilibre des hormones liées à la grossesse et de fractions lipidiques est nécessaire pour une grossesse saine, les interactions de certains de ces bio-marqueurs, ainsi que celles de certaines cytokines en relation avec le paludisme placentaire et les complications liées aux grossesses sont méconnues.
 
Entre 2013 et 2014, les chercheurs ont donc prélevé des échantillons appariés de sang périphérique et placentaire sur 135 femmes camerounaises, lors de l’accouchement.
 
L’étude, publiée dans la revue Acta Tropica (1), renseigne un peu plus sur le système naturel de défense de la femme enceinte, confrontée au paludisme.
 
Rosette Megnekou, qui a dirigé l’équipe de chercheurs du département de Biologie et de Physiologie Animale de la faculté des Sciences de l’université de Yaoundé I, a déclaré à SciDev.Net que les chercheurs ont "étudié ensemble les hormones de grossesse, des molécules du système immunitaire (cytokines) et des fractions de lipide", afin d’identifier les molécules impliquées dans la susceptibilité ou la protection des femmes enceintes contre le paludisme placentaire."
 
Les résultats suggèrent que, dans le cas du paludisme placentaire, les interférons gamma (IFN) et l'interleukine 7 (IL-7) peuvent protéger contre certaines complications liées à la grossesse, lesquelles diminuent les taux de plasma de la progestérone, des taux d’hémoglobine et du HDL-C, induisant ainsi le faible poids des bébés à la naissance.
 
Cependant, ces cytokines agiraient suivant un mécanisme différent en ce qui concerne la progestérone et certaines fractions de lipide.
 
Le paludisme placentaire peut également diminuer les taux plasmatiques du cholestérol- lipoprotéique de haute densité (HDL-C) et augmenter celui de triglycérides (TG) qui représente le facteur à risque le plus important pour les troubles cardiovasculaires et, par conséquent, pour certaines complications liées à la grossesse.
 

Des molécules protectrices contre le paludisme

 
En définitive, note Rosette Megnekou, les résultats de l’étude montrent que "la molécule IL7, tout comme l’interféron gamma joueraient des rôles très importants dans la protection contre le paludisme placentaire."
 
De même, souligne t-elle, "une fraction de lipide (HDL-C) pourrait prévenir des conséquences néfastes du paludisme durant la grossesse."
 
De plus, l’augmentation des taux d’IFN-γ dans le même sens que ceux du HDL-C (lipoprotéique à haute densité), mais dans le sens inverse avec les taux du cholestérol-lipoprotéique à faible densité (LDL-C) pourrait prémunir la femme enceinte contre les risques athérogéniques (cardio-vasculaires).
 
A terme, les résultats de cette étude sont à même d’améliorer l’orientation du traitement du paludisme chez la femme enceinte.
 
A la longue, les laboratoires pharmaceutiques pourraient du reste et avec une meilleure connaissance du système immunitaire de la femme enceinte confrontée au paludisme, produire des médicaments plus efficaces.
 
Selon des chiffres officiels, 108 femmes sur 1000 mouraient encore en 2011 au Cameroun, lors de l’accouchement.
 
Le paludisme de la femme enceinte y est donc considéré comme un problème de santé publique.

Contrairement aux autres patients, explique pour sa part Célestin Kouambeng, médecin au Programme National de Lutte contre le Paludisme, le système immunitaire de la femme enceinte atteinte de paludisme est considérablement affaibli.