20/10/17

Des cas de paludisme des singes signalés chez des humains au Brésil

The brown howler monkey
Crédit image: Wikimedia

Lecture rapide

  • Il s'agit des premiers signalements confirmés en dehors de l'Asie du Sud-Est depuis le début des années 2000
  • La variante Simium de la maladie est plus bénigne que Vivax, mais les symptômes sont similaires
  • La maladie est transmise à l'homme par les moustiques dans les zones de végétation dense

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[RIO DE JANEIRO] Un parasite responsable du paludisme chez le singe a infecté 50 personnes entre 2015 et 2016 à Rio de Janeiro, dans la région de Mata Atlântica.
 
Mata Atlântica est une région de forêts denses couvrant le sud et le sud-est du Brésil et qui abrite 70% de la population du pays.
 
La découverte, publiée dans la revue The Lancet Global Health, est basée sur des recherches menées par une équipe de scientifiques de la Fondation Oswaldo Cruz à Rio de Janeiro.
 
Les premiers cas de transmission du paludisme du singe à l'homme confirmés par analyse moléculaire ont été signalés au début des années 2000, en Asie du Sud-Est. Rio de Janeiro est la deuxième localité du monde à confirmer ce type de transmission.
 
La plupart des cas de paludisme observés au Brésil se produisent en Amazonie et seraient causés par le parasite Plasmodium vivax, a déclaré Anielle de Pina-Costa, co-auteur de l'étude, dans un entretien avec SciDev.Net.
 
Mais après un test ADN sur le sang de personnes infectées à Rio de Janeiro, l'équipe a découvert que leur maladie était causée par le parasite Plasmodium simium, et non par P. vivax.
 

“Il n'est pas alarmant de voir des cas de paludisme chez les singes parce que tout indique que la maladie n'est pas transmise d'une personne à l'autre et le taux de transmission est faible.”

Ricardo Gazzinelli

 
Ce parasite a peut-être toujours infecté des personnes de cette région, mais il a probablement été diagnostiqué à tort comme P. vivax, car les techniques de typage moléculaire n'étaient pas disponibles.
 
"Les cas ont été diagnostiqués à tort parce qu'il n'y avait pas d'outil adéquat pour différencier les parasites, qui sont très similaires", explique Cristiana Brito, également co-auteur de l'étude.
 
Pour surmonter ce problème, les scientifiques ont développé une technique pour effectuer l'analyse génétique des mitochondries du parasite. "Un tel niveau de détail est nécessaire pour différencier les types Vivax et Simium", a déclaré Cláudio Ribeiro, l'un des principaux auteurs de l'étude, dans un entretien avec SciDev.Net.
 
"Le paludisme du type singe [Simien] présent dans la Mata Atlântica est relativement plus bénin que le type Vivax de la région amazonienne", note Cristiana Brito.
 
"Les recherches actuellement entreprises par notre groupe visent à déterminer si le type Simien est une variation du type Vivax ou s'il s'agit d'un tout nouveau type."
 
Les deux types de paludisme produisent des symptômes similaires chez les personnes qui l'attrapent – forte fièvre, frissons, maux de tête et douleurs musculaires – bien que ceux du "paludisme du singe" soient plus bénins que ceux du type vivax.
 
Le traitement est le même, avec une combinaison d'antipaludiques tels que la chloroquine et la primaquine.
 
La plupart des cas de paludisme à P. vivax enregistrés au Brésil sont transmis aux personnes par des piqûres de moustiques vecteurs tels que l'Anopheles darlingi.
 
Le type simien de la maladie est transmis du singe à l'homme par des piqûres de moustiques Anopheles Kertezia cruzii, qui ne se trouvent que dans des endroits à végétation dense.
 
"Jusqu'à présent, il n'y a aucune preuve de transmission entre humains", explique Arielle de Pina-Costa.
 
"Il n'est pas alarmant de voir des cas de paludisme des singes parce que tout indique que la maladie n'est pas transmise d'une personne à l'autre et le taux de transmission est faible, explique pour sa part Ricardo Gazzinelli, chercheur à la Fondation Oswaldo Cruz, qui vise à promouvoir la santé et le développement social, mais qui n'est pas liée à l'étude. Cependant, il admet que le fait que les primates ne présentent pas de symptômes "entrave les efforts visant à éliminer la maladie."

Cet article a été rédigé par le desk Amérique latine et Caraïbes de SciDev.Net