04/03/14

Bilan mitigé dans la lutte contre le palu en Afrique

World Malaria Day
Crédit image: Flickr/Gates Foundation

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont effectué des projections sur le risque de contracter le paludisme dans 44 pays africains entre 2000 et 2010
  • Le risque de contracter le paludisme est passé de 34,4 % en 2000 à 22,5 % en 2010
  • Les experts estiment que les progrès réalisés doivent être soutenus par diverses méthodes de lutte.

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[NAIROBI] Selon une étude de modélisation, en dépit d'une importante baisse, entre 2000 et 2010, des taux de transmission du paludisme dans les pays africains endémiques, des millions de personnes sont toujours exposées à la maladie.

Des chercheurs du programme de recherche de l'Institut de recherche médicale du Kenya (KEMRI), du Wellcome Trust, de l'Université d'Oxford et du Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique, affirment qu'au cours de la période 2000-2010, le financement de la lutte antipaludique s'est accru en Afrique, pour l'essentiel à travers le partenariat Roll Back Malaria (RBM), mais les preuves d'un impact sur la transmission de la maladie font défaut.

L'équipe de recherche a procédé au géocodage de données provenant d'enquêtes sur les cas de paludisme, menées de 1980 à 2012 dans 44 pays africains.

Elle a produit des cartes de risques liés au paludisme et utilisé des méthodes de modélisation pour estimer la population exposée au paludisme causé par le parasite Plasmodium falciparum, pour le compte des années 2000 – lorsque le Partenariat RBM a été lancé – et 2010.

“Cinquante-sept pour cent de la population africaine entrent dans les catégories allant de modéré à haut risque, ce qui signifie que des interventions plus vigoureuses sont encore nécessaires pour assurer l'efficacité souhaitée dans le processus d'éradication du paludisme.”

Abdisalan Noor, Programme de recherche KEMRI – Wellcome Trust, Kenya

L'étude, co-pilotée par Abdisalan Noor du programme de recherche KEMRI-Wellcome Trust Kenya et Robert Snow de l'Université d'Oxford au Royaume-Uni, estime que 34,4 % des 635.700.000 personnes vivant dans les pays concernés étaient exposées au paludisme en 2000. Mais en 2010, le risque était réduit à 22,5 % sur une population de 815.700.000 personnes – soit, en chiffres absolus, 183,5 millions de personnes.

“Cinquante-sept pour cent de la population africaine entrent dans les catégories allant de modéré à haut risque, ce qui signifie que des interventions plus vigoureuses sont encore nécessaires pour assurer l'efficacité souhaitée dans le processus d'éradication du paludisme”, explique Abdisalan Noor.

"Des méthodes de lutte améliorées sont encore nécessaires dans les grandes régions de l'Afrique sub-saharienne avant que la transmission du paludisme ne puisse être réduite au niveau auquel l'élimination devient une perspective crédible."

L'étude, publiée dans la revue The Lancet fin février, a également montré qu'en 2010, environ 87% des 183,5 millions de personnes se comptaient seulement dans dix pays, à savoir le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire, République démocratique du Congo, le Ghana, Guinée, le Mali, le Mozambique, le Nigeria, le Togo et l'Ouganda. Abdisalan Noor explique en outre que pour assurer l'exactitude de l'étude, les chercheurs ont utilisé des enquêtes avec des cas de paludisme confirmés en laboratoire.

Il ajoute que le principal défi auquel les chercheurs ont été confrontés pour la cartographie et la modélisation est la mauvaise qualité des données sur le paludisme dans certains pays, ce qui a conduit les chercheurs à se focaliser sur seulement 44 pays africains.

Selon le Rapport mondial sur la santé 2011, plus de US$5 milliards seront nécessaires pour lutter contre le paludisme dans le monde entier. Pour Abdisalan Noor, ce type de financement, le cas échéant, pourrait aider à maintenir les progrès réalisés en Afrique et accélérer la réduction de l'intensité de la transmission là où elle demeure élevée.

Willis Khwale, directeur du Département de prévention et de contrôle des maladies au ministère de la Santé publique au Kenya, a déclaré que davantage de fonds sont nécessaires, en particulier dans les zones à haut risque, pour aider à réduire les risques de contracter la maladie.

"Les méthodes de lutte telles que les moustiquaires, les pulvérisations anti-moustiques, les médicaments et la gestion de l'environnement, font partie des mesures qui doivent être mises en place pour assurer un contrôle efficace de cette maladie", explique Willis Akhwale, avant d'ajouter que l'accent devrait être mis sur l'éducation à la santé pour lutter contre les habitudes qui favorisent la reproduction des moustiques.

Lien vers l'article complet dans The Lancet *

*Une inscription gratuite est nécessaire pour consulter l'article.

Cet article a été réalisé par le bureau Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références

The Lancet doi 10.1016/S0140-6736(13)62566-0 (2014)