30/03/22

Une revue scientifique pour l’expression des chercheurs africains

Global Africa better
Une session de la conférence de lancement de la revue Global Africa à l'université Gaston Berger de Saint-Louis. Crédit image: Global Africa.

Lecture rapide

  • Cette revue baptisée Global Africa publie aussi dans les langues africaines, à commencer par le swahili
  • Ses articles sont d’accès libre sur le site du programme et disponibles en version papier à la demande
  • Le programme comprend aussi un volet dédié au renforcement des capacités des jeunes chercheurs

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[SAINT-LOUIS, SENEGAL] Le 10 mars 2022, une nouvelle revue scientifique a fait son apparition dans le monde de la recherche. Il s’agit de Global Africa, une revue scientifique internationale et pluridisciplinaire.

Editée par l’université Gaston Berger (UGB) de Saint Louis au Sénégal, elle ambitionne d’apporter une réponse africaine aux enjeux auxquels fait face le monde en général et le continent africain en particulier.

« La part de l’Afrique dans la production mondiale de connaissances est de 2%. Nous comptons donc nous attaquer aux racines de cette sous-production et de cette production qui n’est pas toujours à la hauteur de la qualité attendue », explique Mame Penda Ba, professeur de sciences politiques à l’UGB et rédactrice en chef de cette revue.

« Dans le même temps, il y a des choses de qualité qui se font dans le monde de la recherche en Afrique, et nous voulons également contribuer à les rendre plus visibles au niveau international », poursuit l’intéressée.

“L’ambition est de restaurer la dignité des langues Africaines et rappeler au monde et aux Africains que ce sont des langues de recherche et d’enseignement”

Felwine Sarr, université de Duke, Etats-Unis

Pour l’écrivain sénégalais Felwine Sarr, professeur d’études romanes à l’université de Duke en Caroline du Nord (Etats-Unis) la première valeur ajoutée que Global Africa apporte au monde de la recherche est son ambition d’ériger une revue de classe internationale, qui paraît  régulièrement et qui prouve qu’à partir de l’Afrique, on peut produire des savoirs scientifiques qui répondent aux enjeux de l’Afrique et du monde.

« Pour moi, c’est important d’avoir une ambition scientifique forte et de ne pas considérer que nous sommes juste des consommateurs du savoir produit ailleurs. Mais que nous sommes un lieu à partir duquel nous produisons des savoirs qui nous intéressent et qui intéressent les autres », a-t-il confié à SciDev.Net.Au cours de la conférence de lancement de cette revue qui s’est tenue à Saint-Louis du 15 au 18 mars 2022 sous le nom « African Research Matters », les participants ont relevé que l’autre défi de la recherche africaine, c’est la question de la langue.

Felwine Sarr constate : « nous pensons dans des langues coloniales qui sont devenues du fait des langues africaines car nous nous les sommes appropriées. Alors que nous avons une richesse intarissable dans nos langues africaines. Nos langues sont riches d’interrogations et de perspectives nouvelles ».

Pour lui, leur utilisation nous permet de questionner autrement les enjeux globaux. « Nous voulons donc redonner aux langues africaines toute leur dignité en les mettant au même niveau que les langues qui sont connues dans le monde de la recherche », conclut le chercheur.

En effet, outre le français, l’anglais et l’arabe, la revue Global Africa produit-elle ses articles en swahili, avec pour ambition de couvrir progressivement les autres langues les plus parlées sur le continent.

« C’est une approche innovante. Je n’ai pas encore vu une revue scientifique qui, dès le départ, fait le pari d’une grande langue véhiculaire africaine. L’ambition est donc de restaurer la dignité des langues Africaines et rappeler au monde et aux Africains que ce sont des langues de recherche et d’enseignement », indique Felwine Sarr.

Edition scientifiques

Adossé sur la revue du même nom, le programme Global Africa veut également contribuer au renforcement des capacités des jeunes chercheurs africains et soigner l’écosystème de l’édition scientifique continentale à travers une amélioration qualitative des capacités de publication des presses universitaires.

« Le “volet formation et événements” apportera une plus-value essentielle au programme. La revue est autonome ; mais le programme inclut des formations en ligne et en présentiel (écoles d’été) qui, au-delà de répondre à des besoins avérés vont permettre de renforcer les compétences des jeunes chercheurs susceptibles de soumettre un article à la revue », explique Laurent Vidal, directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et président du comité de pilotage du programme Global Africa.

Ce dernier ajoute d’ailleurs que des numéros spécifiques de la revue seront en plus régulièrement dédiés à des propositions de jeunes chercheurs du continent.

« La formation que propose le programme nous intéresse. Car, nous avons besoin de maitriser la démarche et la méthode de la recherche et de l’écriture scientifique afin d’améliorer la qualité de nos productions », commente Nestor Sohbe Djidim, jeune chercheur en sciences sociales à l’université de Maroua au Cameroun.Le programme Global Africa est à mettre à l’actif d’un consortium de quatre institutions, à savoir : Le Laboratoire d’analyses des sociétés et pouvoirs / Afrique-Diasporas (LASPAD) de l’UGB, l’IRD, l’université Internationale de Rabat (Maroc) et le Laboratoire d’études et de recherche sur les dynamiques sociales et le développement local (LASDEL).

A en croire ses promoteurs, la revue Global Africa, publiée en libre accès, répond aux standards les plus élevés de l’édition scientifique internationale, et jouit d’une totale indépendance scientifique.

Financée à 56% par l’Agence française de développement (AFD) pour les quatre premières années, la revue a une parution semestrielle pour les deux premières années et est disponible en téléchargement sur le site du programme et en version papier imprimée à la demande.