04/05/12

VIH : un outil de prédiction pour réduire le coût des tests de suivi

Dans le monde en développement, moins de la moitié des malades qui ont besoin d'antirétroviraux sont sous traitement Crédit image: UNAIDS

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[SANTIAGO] Selon une équipe internationale de chercheurs, un outil capable de surveiller la réaction des patients séropositifs à la thérapie antirétrovirale (ARV) pourrait libérer une précieuse partie du personnel et des ressources de laboratoire, rares dans les pays en développement.

Le VIH détruit les cellules du système immunitaire, notamment un type de globules blancs appelés lymphocytes CD4. L'Organisation mondiale de la Santé recommande que, dans l'idéal, les ARV devraient être administrés dès que le nombre de CD4 présent dans un microlitre de sang d'un patient descend en dessous de 350, et dans tous les cas, lorsque ce taux est inférieur à 200. Une fois la thérapie ARV entamée, les patients doivent subir des tests réguliers de CD4 afin de surveiller la réaction de leur système immunitaire.

Mais ce test nécessite des équipements et du personnel spécialisés, et les difficultés à obtenir ces deux intrants dans les pays en développement ont été identifiées comme contribuant à la non-administration des ARV aux patients. En 2010, moins de la moitié des 15 millions de personnes qui en ont besoin d'antirétroviraux en ont bénéficié.

Les chercheurs ont voulu établir s'il serait possible de procéder au 'triage' des malades sous ARV et d'accorder la priorité à ceux qui avaient le plus besoin des tests de CD4. Ils ont appliqué un outil de 'classification fondée sur les prévisions' (en anglais, prediction-based classification ou PBC) à environ 2000 échantillons de sang prélevés sur des personnes sous ARV dans sept cliniques de différents pays, dont l'Argentine, la Malaisie et l'Afrique du Sud.

L'objectif était d'établir si un tel outil permettrait d'éviter d'avoir à suivre constamment le taux lymphocytes CD4. Les chercheurs ont donc procédé au comptage des CD4 lors de la première mise sous traitement, puis utilisé par la suite des tests moins coûteux de globules blancs afin de prévoir quand le taux de CD4 passerait en-dessous de 200 cellules par microlitre de sang.

Testé rétroactivement sur les échantillons de sang, l'outil de prédiction a correctement classé 90 pour cent des échantillons dont les taux de CD4 sont descendus sous la barre des 200.

Dans un article publié dans l'édition du mois d'avril de PLoS Medicine, les chercheurs affirment qu'un recours à l'outil de classification fondée sur les prévisions pourrait permettre d'éliminer jusqu'à 54 pour cent de tests de CD4, réduisant les coûts et libérant ainsi des ressources.

Pour Ian Sanne de l'Université du Witwatersrand et l'un des auteurs de l'étude, 'l'introduction de l'outil de classification fondée sur les prévisions diminuera le poids qui pèse sur les laboratoires ne disposant pas de ressources suffisantes, libérant ainsi des moyens financiers pour la prise en charge de plus de malades'.

Luis Montaner, auteur principal de l'étude et directeur du Laboratoire d'immunopathogénèse du VIH-1 à l'Institut Wistar aux Etats-Unis, rappelle qu'il faudra réaliser des études approfondies pour améliorer l'exactitude des prévisions de la méthode et prouver la faisabilité et l'efficacité-coûts de l'approche sur le terrain et sur de longues périodes.

Victor DeGruttola, professeur de statistiques à l'Ecole de santé publique de l'Université Harvard, qui n'a pas participé à cette étude, note que 'cette étude montre comment la classification fondée sur les prévisions, un outil statistique assez simple, peut contribuer à réduire à pratiquement rien le coût du suivi des patients sous ARV, tout en assurant des soins de qualité'.

Lien vers l'article complet dans PLoS Medicine

Références

PLoS Medicine doi:10.1371/journal.pmed.1001207 (2012)