24/09/15

La fistule obstétricale, un danger pour la femme enceinte

Mères d'enfants
Crédit image: SciDev.Net / Rivonala Razafison

Lecture rapide

  • La fistule obstétricale affecte 2 000 femmes par an à Madagascar
  • La maladie touche jusqu’à 100 000 femmes chaque année dans le monde
  • Un peu plus d’une heure de chirurgie réparatrice suffit pour la soigner

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[ANTANANARIVO] Une campagne nationale vient d’être lancée pour faire subir d’ici mai 2016 une chirurgie réparatrice de la vessie à plus de 500 filles et femmes malgaches souffrant de la fistule obstétricale.
 
Il s’agit d’une maladie qui se caractérise par une plaie qui crée une communication entre le vagin et la vessie ou le rectum, occasionnée par un accouchement prolongé sans intervention médicale rapide.
 
"Des fois, la tête du bébé reste bloquée plus longtemps que prévu dans l’utérus de la mère. La situation provoque la rupture de la vessie qui suinte en permanence", explique Adrien Ralaimiarison, chef de l’hôpital confessionnel Vaovao Mahafaly (HVM) à Mandritsara.
 
Selon ses explications, les bébés meurent la plupart du temps et les mères, souffrant d’une incontinence chronique, deviennent incapables de contrôler l’écoulement de l’urine ou l’excrétion des matières fécales.
 
Ainsi, "les fistuleuses dégagent des odeurs désagréables pour leur entourage", souligne Damoela Randriantsimaniry, secrétaire général du ministère malgache de la Santé publique.
 
Selon les spécialistes, la maladie est socialement et psychologiquement pernicieuse pour les victimes même si elle n’est pas mortelle.
 
Abandonnées par leurs maris, isolées et parfois déprimées, certaines patientes sont même tentées de mettre fin à leur vie, apprend-on.
 
La fistule obstétricale qui n’existe presque pas dans les pays industrialisés atteint approximativement trois millions de filles et femmes dans les pays en développement, avec 50 000 à 100 000 nouveaux cas par an.
 
La grossesse précoce (à cause de l’étroitesse du bassin de l’adolescente) et l’ignorance de la nécessité des consultations prénatales sont parmi les facteurs qui font persister la maladie dans les pays sous-développés.

“L’intervention chirurgicale consiste à séparer la vessie de l’utérus et à soigner les lésions. Les patientes ont ensuite besoin d’une prise en charge médicale durant deux semaines”

Adrien Ralaimiarison
Médecin, HVM, Madagascar

"L’isolement des victimes, réduites au silence par la honte, constitue un obstacle majeur à l’élimination de la fistule obstétricale. Il est difficile de les repérer", note Edwige Ravaomanana, chargée de programme de santé de la reproduction à la représentation du Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) à Antananarivo.
 
Madagascar, pour sa part, récence près de 50 000 femmes fistuleuses – avec environ 2 000 nouveaux cas par an – dont 30 % sont âgées de 15 à 19 ans, selon le FNUAP.
 
Le nombre annuel de malades ayant accès à la chirurgie réparatrice dans le monde est estimé à 10 000 alors qu’à Madagascar, l’on a longtemps pensé que ce dysfonctionnement corporel était irréversible.
 
La présente campagne, qui est menée depuis le mois d’août 2015, encourage les femmes souffrant de cette affection à se faire soigner dans les formations sanitaires de référence.
 
Selon Adrien Ralaimiarison, un peu plus d’une heure d’intervention chirurgicale suffit pour réparer les organes dysfonctionnels.
 
"L’intervention chirurgicale consiste à séparer la vessie de l’utérus et à soigner les lésions. Les patientes ont ensuite besoin d’une prise en charge médicale durant deux semaines", ajoute-t-il.
 
De plus, en vue de la réinsertion sociale des patientes guéries, les médecins recommandent une assistance psychosociale ; car elles ont beaucoup souffert dans leur corps et dans leur cœur.
 
A cet effet, le Guide pour la prise en charge de la fistule obstétricale, finalisé en juin dernier, sera bientôt disponible dans les différentes formations sanitaires à Madagascar.
 
Le pays compte actuellement une dizaine d’unités cliniques ayant la capacité de réaliser la chirurgie réparatrice et cinq médecins spécialistes dans ce domaine.
 
Le gouvernement a en outre conclu le 21 juillet dernier, avec l’équipe du navire-hôpital de l’organisation humanitaire Mercy Ships, un accord pour la mise en place d’une clinique dédiée aux opérations de la fistule.
 
La nouvelle unité médicale, dotée de 30 lits pour soigner une centaine de femmes par an, sera construite à Toamasina pour compenser en partie les besoins nationaux qui demeurent encore énormes, selon Andreas Valk, représentante de la Freedom from Fistula Foundation.
 
Les interventions gratuites de cette équipe, présente à Madagascar depuis octobre 2014, ont profité à une centaine de fistuleuses jusqu’ici.