06/06/16

Comment le Cap-Vert combat la maladie à virus Zika

Arlindo N. Do Rosário (ministre Santé Cap-vert)
Crédit image: mpd.cv

Lecture rapide

  • La maladie a été déclarée le 20 mai ; mais elle est présente depuis septembre 2015.
  • Plus de 7 500 cas suspects ont été recensés pour trois cas de microcéphalies
  • Le pays a déployé des mesures préventives et curatives qui portent leurs fruits

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Le 20 mai dernier, à travers un communiqué de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la communauté internationale apprenait que le virus Zika avait déjà atteint le l’Afrique, par le Cap-Vert.
 
Ce communiqué indique d’ailleurs qu’au 8 mai 2016, quelque 7 557 cas suspects avaient déjà été recensés dans ce pays à travers des analyses effectuées par le Centre Pasteur de Dakar au Sénégal.
 
Le même communiqué indiquait aussi que trois cas de microcéphalies ont aussi été enregistrés depuis le début de la maladie sur cet archipel d’Afrique de l’ouest.

“Nous demandons aux populations de ne pas laisser d’eau stagnante chez elles, comme par exemple, dans les vases ou pots de fleurs, ni même à l’extérieur, dans les écoles, les jardins municipaux etc… Nous sommes convaincus qu’en appliquant certaines règles de base, nous pouvons, ensemble, non seulement éviter de nouvelles contaminations, mais éradiquer définitivement Zika”

Arlindo Nascimento Do Rosário
Ministre de la santé et des affaires sociales, Cap-Vert

 
SciDev.Net est allé à la rencontre d’Arlindo Nascimento Do Rosário, le ministre capverdien de la santé et des affaires sociales.
 
Dans cet entretien, l’intéressé donne des éclairages sur l’origine de la contamination et sur les mesures curatives et préventives prises par le gouvernement capverdien face à cette maladie qui sévit au Brésil depuis plusieurs mois maintenant.
 

Que sait-on de l’origine de la contamination ?

 
La souche du virus Zika présent au Cap-Vert est du type asiatique et il est très probable qu’il ait été importé du Brésil.
 

Quel est, à ce jour, le nombre de cas suspects et avérés du virus Zika au Cap-Vert ?

 
Depuis le début de l’épidémie au Cap-Vert, soit en septembre 2015, 7 580 cas suspects ont été enregistrés. J’insiste sur le fait que ce sont des cas suspects et non avérés. Sur ces 7 580 cas, 6 743 ont été recensés avant décembre 2015. Aussi, 89% de ces cas ont été enregistrés avant décembre 2015, c’est pour vous dire à quel point notre stratégie de lutte a été efficace.
 

Le Cap-Vert est un archipel composé de 10 îles, dont 9 sont habitées. La maladie est-elle présente sur toutes les îles ?

 
Santiago, l’île où se trouve la capitale, Praia, est l’île la plus touchée par ce virus. Elle est aussi l’île la plus peuplée de l’archipel. Au moins 5 000 cas ont été enregistrés seulement à Praia. D’autres villes de l’île de Santiago ont aussi déclaré quelques cas suspects. Les îles de Maio, Fogo et Boa Vista ont malheureusement également été touchées. Toutefois les autres îles du pays, à savoir São Nicolau, Sal, São Vicente et Santo Antão sont jusqu’à présent épargnées.
 

Quelles sont les mesures de traitement déployées, ainsi que les dispositions préventives prises pour empêcher la propagation du virus ?

 
Vous savez, au point culminant de l’épidémie, soit en novembre 2015, nous recensions environ 790 cas par semaine. Grâce a des mesures, prises en collaboration avec l’OMS et l’Institut Pasteur qui ont envoyé des équipes en octobre 2015, ces chiffres ont rapidement baissé à environ 3 ou 4 cas par semaine et puis, depuis avril 2016, aucun cas de ZIKA confirmé n’a été déclaré. Nous avons notamment lancé des campagnes de sensibilisation et de prévention contre le moustique vecteur du virus Zika. Le secteur du tourisme est très important pour notre économie et les avions partant de l’archipel sont systématiquement désinfectés. C’est une lutte que nous sommes en train de remporter. Par exemple, sur l’île de Maio, cela fait plus de trois mois qu’aucun cas n’a été notifié. Nous avons mis en place un département de dépistage des femmes enceintes. La situation est actuellement sous contrôle au Cap-Vert, mais nous devons absolument rester vigilants tant que le moustique vecteur sera encore présent dans l’archipel.
 

Quelles sont les recommandations faites par votre ministère à l’endroit des populations ?

 
Ce qui nous préoccupe actuellement est que nous entrons dans la saison des pluies et malgré le fait que l’épidémie soit en perte de vitesse, il y a des risques que nous ne pouvons ignorer. Les précipitations peuvent momentanément augmenter les risques de contamination. Aussi, nous alertons la population… Nous l’exhortons à redoubler de vigilance. Nous lui demandons de mettre en pratique les mesures mises en avant pendant nos nombreuses campagnes afin de contrôler l’épidémie. Nous demandons aux populations de ne pas laisser d’eau stagnante chez elles, comme par exemple, dans les vases ou pots de fleurs, ni même à l’extérieur, dans les écoles, les jardins municipaux etc… Nous sommes convaincus qu’en appliquant certaines règles de base, nous pouvons, ensemble, non seulement éviter de nouvelles contaminations, mais éradiquer définitivement Zika au Cap-Vert. La population joue un rôle fondamental dans ce combat et nous concentrons la majeure partie de nos efforts sur l’information.
 

Et sur les cas avérés, combien d’enfants sont atteints de microcéphalie ?

 
Depuis le début de l’épidémie, trois enfants sont nés présentant des symptômes de microcéphalie ; deux sur l’île de Santiago et un autre sur l’île de Maio. Ces enfants bénéficient d’un programme de soins adaptés à leurs besoins, qui comprend une cellule d’aide psycho-sociale, car cette pathologie cérébrale est très grave et elle engendre des souffrances, non seulement aux enfants, mais également à leurs familles.
 

Quelle est l’entendue de votre collaboration avec la communauté internationale pour maitriser la maladie ?

 
Nous travaillons, depuis le début de l’épidémie, en étroite collaboration avec l’OMS et nos bailleurs de fonds afin d’établir et financer nos programmes d’information et de prévention. Nous avons également récemment rencontré les différents corps diplomatiques accrédités ici au Cap-Vert, pour non seulement les informer, mais également les rassurer. La situation est actuellement sous contrôle, même si nous devons rester sur nos gardes et poursuivre nos efforts. Le Cap-Vert a une très bonne réputation ; nous sommes reconnus comme étant un pays où l’information circule librement et de façon transparente. De plus, il est primordial de rassurer la communauté internationale, car le secteur du tourisme est le pilier de notre économie.