07/07/17

Une étude pour prédire la prochaine zoonose

Man sells bats in a market at a village near Kikwit
Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Les chercheurs ont créé une base de données de 2 805 associations mammifères-virus
  • Les chauves-souris sont le plus grand risque de transmission de virus à l'homme
  • Mais une experte souligne le besoin d'explorer la propagation des virus par les insectes

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[KAMPALA] Une étude suggère que les scientifiques pourraient prédire l'endroit où le prochain virus pourrait passer d'un animal à l'autre, en fournissant des données susceptibles d'aider les systèmes d'alerte précoce et les efforts de surveillance des maladies.
 
Selon les chercheurs, basés aux Etats-Unis, peu d'outils analytiques existent pour aider les scientifiques à comprendre les modèles de diversité virale dans la vie sauvage et comment de tels modèles peuvent évoluer et produire le prochain virus humain ou quels virus peuvent passer d'une espèce animale à l'autre.
 
L'étude publiée le mois dernier (21 juin) dans le journal Nature, peut aider à élaborer une feuille de route sur l'endroit où prioriser les efforts de surveillance des maladies dans le monde, afin d'empêcher des épidémies d'origine virale d'avoir un impact important.
 
Dans l'étude, les scientifiques ont tracé les "zoonoses manquantes" citant des points géographiques comme l'Afrique orientale, l'Afrique centrale et l'Afrique australe, l'Amérique du Sud et l'Amérique centrale, ainsi que certaines régions de l'Asie.

“Nous voulons aller de l'avant et pouvoir développer des systèmes d'alerte précoce pour identifier et trouver les menaces de maladies émergentes.”

Kevin J. Olival
EcoHealth Alliance

 
Les "zoonoses disparues" sont le nombre de virus zoonotiques prédits par espèce de mammifère moins le nombre de virus zoonotiques déjà connus pour cette espèce. Les points névralgiques sont des endroits de la planète susceptibles d'être la source des prochaines maladies zoonotiques émergentes et ils varient selon les différents groupes de mammifères.
 
Les scientifiques ont analysé les principales bases de données en ligne telles que PubMed et Google Scholar, pour retrouver des articles publiés entre 1940 et 2015 sur les virus zoonotiques – ceux connus pour être détectés chez les humains et au moins un autre hôte mammifère. Ils ont également examiné les livres, les revues et la littérature cités dans les sources des articles identifiés.
 
Ils ont ainsi créé une base de données de 2 805 associations de virus de mammifères pour construire des modèles mathématiques qui leur ont permis d'identifier les traits d'espèces et les groupes de mammifères qui portent le plus grand nombre de virus et les traits de virus qui rendent certains virus plus susceptibles de passer chez les humains.
 
Par exemple, ils ont démontré que les chauve-souris abritent une proportion significativement plus élevée de virus zoonotiques que tous les autres mammifères.
 
"Nous voulons aller de l'avant et pouvoir développer des systèmes d'alerte précoce pour identifier et trouver les menaces de maladies émergentes avant ou rapidement après leur apparition dans la population humaine", explique Kevin J. Olival, chercheur principal et vice-président associé à la recherche pour l'EcoHealth Alliance, basée aux États-Unis, qui a mené l'étude.
 
"Ceux-ci montrent quel est le nombre prévu de virus présents, moins ce que nous savons déjà. Nous identifions également les traits de virus qui rendent certains virus plus susceptibles d'être transmis à l'homme, que les autres."
 
Kevin Olival ajoute que ses données sont déjà utilisées dans le cadre d'un projet visant à trouver et à caractériser de nouveaux virus à travers le monde et à mieux comprendre les facteurs de risque spécifiques à l'emplacement et les comportements humains dans les points névralgiques de virus zoonotiques.

Ritah Nakayinga, conférencière en virologie à l'Université internationale de sciences de la santé en Ouganda, a expliqué à SciDev.Net que l'étude a montré que les classes de mammifères comme les primates et les rongeurs ont une plus grande proportion de virus zoonotiques, ce qui est une découverte intéressante soutenue par les caractéristiques des épidémies d'Ebola et Marburg dans le monde et en Ouganda, respectivement.
 
"Bien qu'une grande partie de l'étude se concentre sur les mammifères-réservoirs, une extension aux insectes vecteurs de maladies donnera des éclairages sur des événements de contagion à l'origine des épidémies récentes [telles que] Zika, Chikugunya et la fièvre jaune", explique-t-elle.
 
Ritah Nakayinga, qui effectue également des recherches sur les zoonoses, note que la plupart des épidémies en Afrique proviennent des chauves-souris, des rongeurs et des moustiques, mais les résultats de l'étude montrent que les vaches, les primates et les carnivores font partie des mammifères les plus nombreux en Afrique et que les virus qu'ils hébergent pourraient être aussi zoonotiques.
 
"Cela soulève des questions sur les méthodologies utilisées pour aboutir à ces conclusions", explique Ritah Nakayinga.
 
"Cela montre que les bases de données basées sur la littérature pour l'établissement de modèles peuvent ne pas être un outil approprié pour effectuer des prédictions, même si elles peuvent être préférées, en raison des implications relatives aux coûts".
 
Cet article a été écrit par le desk de langue anglaise pour l'Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références

Kevin J. Olival et autres: Host and viral traits predict zoonotic spillover from mammals (Nature, 21 Juin 2017)