31/07/15

Tests concluants à 100% pour un vaccin anti-Ebola

Ebola vaccine research RD.jpg
Crédit image: Espen Rasmussen / Panos

Lecture rapide

  • Le nouveau vaccin s’est révélé très efficace contre le virus
  • Le rVSV-ZEBOV pourrait aider à contenir les épidémies en cours et à venir
  • Son efficacité a été testée auprès de personnes à risque élevé d'infection

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

Les équipes de riposte contre le virus Ebola pourraient bientôt avoir une arme majeure pour combattre la maladie. Un vaccin s’est en effet révélé "très efficace" dans la protection contre le virus Ebola, selon les résultats d'un essai clinique accéléré mené en Guinée et publiés aujourd’hui dans la revue médicale The Lancet.
 
"Si les résultats se confirment, ce nouveau vaccin pourrait être le remède miracle contre le virus Ebola et contribuer à stopper l'épidémie en cours et à enrayer des épidémies de ce type à l'avenir", a déclaré Børge Brende, le ministre norvégien des affaires étrangères, dont le pays a partiellement financé les essais.

Dans un communiqué, l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a pour sa part déclaré qu'un "vaccin efficace contre le virus Ebola est à portée de main à l'échelle mondiale", évoquant une "avancée très prometteuse".

 
Le vaccin, dénommé rVSV-ZEBOV, est le premier à atteindre ce stade de l'essai clinique et à montrer des résultats aussi prometteurs, en moins d'un an.
 
"Normalement, il faut environ une décennie, voire plus, pour qu’un vaccin atteigne ce stade", a déclaré Peter Smith, épidémiologiste spécialisé dans les maladies tropicales, à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, au Royaume-Uni, qui a été impliqué dans la conception des programmes d’essais.
 
Le rVSV-ZEBOV est constitué de composants de virus à doses trop faibles pour provoquer la maladie, mais qui stimulent une réponse immunitaire suffisante pour assurer la protection des patients contre une infection. Il a été testé sur environ 3.500 personnes en contact direct avec le virus Ebola en Guinée, entre le 1er avril et le 20 juillet.

“Si les résultats se confirment, ce nouveau vaccin pourrait être le remède miracle contre le virus Ebola et contribuer à stopper l'épidémie en cours et à enrayer des épidémies de ce type à l'avenir.”

Børge Brende
Ministre norvégien des affaires étrangères

Les patients ont été répartis de manière aléatoire dans deux groupes: un premier groupe de 2000 patients ont été vaccinés immédiatement, tandis que les 1500 autres patients faisant partie du deuxième groupe, se sont vu administrer le vaccin trois semaines plus tard.

 
Au bout de dix jours, il n'y a eu aucun cas d'Ebola dans le premier groupe, tandis que seize cas ont été enregistrés dans le deuxième, avec un taux d’efficacité de l’ordre de 100%", indique l’étude, qui ne s'est toutefois pas penchée sur l'effet du vaccin sur des personnes ayant déjà été infectées.
 
Les chercheurs estiment que des résultats similaires pourraient être obtenus dans d'autres régions de la Guinée, ainsi qu'au Libéria et en Sierra Leone, les deux autres pays les plus touchés par l’épidémie, en Afrique de l'Ouest.
 
Le rVSV-ZEBOV "sera probablement utilisé dans les communautés à risque, où et quand ce sera nécessaire", plutôt que dans les campagnes de vaccination à grande échelle, estime Mark Feinberg, de la société MSD Vaccins, qui a mis au point les vaccins.
 
Il pourrait également aider à protéger les agents des services de santé qui soignent les patients victimes d’Ebola, ajoute-t-il.
 
Mais le vaccin doit encore surmonter plusieurs obstacles avant d’être couramment utilisé.
"Ce n’est pas un vaccin à usage facile", dans la mesure où il doit être conservé à -70 degrés Celsius, précise Peter Smith. "Vous pouvez l'utiliser dans le cadre d'un essai, mais c’est beaucoup plus difficile dans une situation de vaccination de routine" dans les pays tropicaux avec un approvisionnement en électricité peu fiable.
 
Le rVSV-ZEBOV aura également besoin de l'autorisation formelle des instances nationales de régulation.
 
Selon Mark Feinberg, les recherches se poursuivent "pour fournir un ensemble complet de données afin d’éclairer les autorités."
 
Peter Smith explique que les résultats "semblent très excitants, mais le nombre [de personnes impliquées dans l'essai] est petit, donc les organismes de régulation pourraient exiger des preuves plus solides."
 
L'essai a été calqué sur la méthode dite de la vaccination en anneau. Cela signifie que le vaccin a été administré à des personnes à risque élevé d'infection, parce qu'elles vivent dans le même foyer qu’un patient souffrant d’Ebola ou étaient en contact avec le corps d'un patient. "Les contacts de deuxième niveau", tels que des voisins ou des membres de la famille vivant à proximité, ont également été inclus.
 
Si la vaccination en anneau a bien été utilisée dans les années 1970 pour éradiquer la variole avec un vaccin dont l’efficacité était déjà prouvée, c’est la première fois que cette méthode a été utilisée pour évaluer l'efficacité d'un vaccin candidat, déclare Peter Smith.
 
En revanche, les efforts parallèles pour tester d'autres vaccins candidats "ont recouru à une approche plus statique", qui consiste à attendre que des cas se manifestent au sein d’une population donnée, explique encore Peter Smith.
 
Mais comme l’épidémie d'Ebola a baissé en intensité dans la région, les cas sont devenus rares, ce qui rend plus difficile l’enrôlement de patients dans des programmes d’essais cliniques.

La méthode de vaccination en anneau a permis à  l'équipe chargée de réaliser l'essai clinique de contourner ce problème, en suivant l’épidémie, au fur et à mesure qu'elle disparaissait, en épisodes de moindre ampleur, à une échelle locale.