04/08/14

Ebola : le personnel soignant en première ligne

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Crédit image: Flickr/EU Humanitarian Aid and Civil Protection

Lecture rapide

  • L'épidémie d'Ebola qui sévit en Afrique de l'Ouest a fait à ce jour 729 morts en Afrique de l'Ouest, selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
  • En Sierra Leone, le responsable du programme de lutte contre Ebola a succombé à la maladie, tandis que deux Américains ont été contaminés au Liberia
  • Les personnels de santé opérant dans les trois pays affectés par l'épidémie redoublent de vigilance pour limiter les risques

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La mort, la semaine dernière, de Sheik Umar Khan, le responsable du programme national de lutte contre le virus Ebola en Sierra Leone, ainsi que la contamination de deux médecins américains au Liberia, pose la question de la protection des personnels de santé et des chercheurs.
 
Sheik Umar Khan, unique spécialiste en fièvres hémorragiques de la Sierra Leone, est crédité d'avoir traité une centaine de patients. Il avait été lui-même diagnostiqué une semaine avant sa mort, avant d'être hospitalisé dans un centre de traitement de Médecins Sans Frontières (MSF), où il a trouvé la mort.
 
Au Liberia voisin, un médecin américain, Kent Brantly et une auxiliaire de santé, Nancy Writebol, ont également été contaminés et devraient être rapatriés aux Etats-Unis.
 
Ces drames amènent à s'interroger sur la sécurité des personnels de santé intervenant dans des zones d'épidémie et, de manière plus générale, sur la santé des chercheurs.
 
Procédures strictes
 
MSF, l'une des organisations les plus présentes dans les trois pays affectés par l'épidémie, compte 300 personnes sur le terrain.
 
Julie Damond, chargée d'information en Afrique de l'Ouest de Médecins sans frontières, a confié à SciDev.Net que la sécurité est un élément clé du dispositif de l'organisation: "Nous avons une série de procédures strictes et des protocoles qui renforcent l’efficacité de l'équipement de protection personnelle. Nos centres de traitement sont conçus pour assurer que l'environnement de travail est le plus sûr possible. Il y a suffisamment d'espace entre les patients, une séparation nette entre les patients à haut risque et à faible risque, un éclairage suffisant, une gestion sécurisée des déchets, le nettoyage et la désinfection réguliers des salles."
 
Ces précautions comportent également des contrôles administratifs, qui limitent le nombre de personnes autorisées à entrer dans la zone déclarée à haut risque. 
 
De plus, le personnel international est mis en rotation toutes les 4 à 6 semaines, afin de s'assurer que les médecins et les spécialistes ne sont pas trop fatigués, ce qui contribue à réduire les risques. 
 
"Notre personnel travaille toujours par paires dans un système de jumelage", poursuit Julie Damond. 
 
"Ils se surveillent mutuellement pour s'assurer qu'ils ne font pas des erreurs ou ne sont pas trop fatigués. De même, nous essayons autant que possible d'administrer des traitements par voie orale plutôt que par injection, pour amoindrir le risque de blessures par piqûre d'aiguille. Nous limitons aussi le nombre de tests sanguins."
 
Depuis le début de l’épidémie, l’Organisation Mondiale de la Santé a formé, en accord avec les ministères de la santé des pays concernés, plusieurs dizaines d’agents de santé (médecins, infirmiers, experts de laboratoire) au Mali, en Sierra Leone, en Guinée et au Sénégal, notamment sur la prise en charge des cas, le triage et les mesures de lutte et de prévention contre l’infection. 
 
Des tonnes de matériel de protection ont été convoyées dans ces pays. 
 
Pour sa part, l’Unicef n’est pas directement impliquée dans la prise en charge des malades, ni le suivi des contacts et le risque pour les équipes qui font surtout de la mobilisation sociale est très faible. 
 
"Mais nous sommes très prudents", précise Fazlul Haque, du bureau de l’Unicef au Liberia. 
 
Mobilisation
 
"Chaque agent bénéficie avant toute chose d’une très bonne sensibilisation sur la maladie, ainsi que sur les précautions individuelles et collectives. Ici au Liberia, nos équipes sont assez légères, axées autour de deux consultants coordonnant deux cents mobilisateurs sociaux qui évoluent au sein de leurs communautés de base pour un meilleur impact sociologique." 
 
Même dans les pays qui ne sont pas encore touchés par l’épidémie, la protection du personnel soignant fait partie des priorités. 
 
Le Sénégal, pays frontalier avec la Guinée, est toujours en état d’alerte: les marchés régionaux sont toujours fermés, mais les frontières restent ouvertes. 
 
Au niveau de l'aéroport et du port, un service médical s'occupe du contrôle sanitaire aux frontières.
Pour ce qui est du trafic aérien, les avions en provenance de Guinée, du Liberia et de la Sierra Leone, sont tenus de signaler toute anomalie ou tout passager à risque commandant, avant même l'atterrissage.
 
Interrogé par SciDev.Net, El Hadj Mamadou Ndiaye, directeur de la prévention sanitaire du ministère sénégalais de la santé, estime que "les structures de santé ont reçu des dotations en équipements et matériel de protection (produits de désinfection, masques, gants, combinaisons, etc.). Tous les équipements nécessaires sont en place au Sénégal, car c’est ici que l’Oms et l’Institut Pasteur de Dakar assurent les analyses des prélèvements qui se font dans des emballages spéciaux."
 
Au total, le gouvernement sénégalais a mobilisé pour le moment 145 millions de francs CFA pour faire face à l'épidémie.
 
C’est à partir de la capitale sénégalaise que le bureau régional de l’Oms coordonne une partie des activités de lutte contre l’épidémie, en s’appuyant sur l'institut Pasteur de Dakar, chargé de l'analyse des prélèvements.