10/03/14

L’Egypte prépare le lancement d’une agence de satellites et spatiale

Egypt from space_Flickr_NASA_JSC
Crédit image: Flickr/NASA/JSC

Lecture rapide

  • Un deuxième lancement de satellite et deux nouveaux organismes spatiaux sont prévus
  • Ceux-ci contribueraient au développement durable et à la coopération régionale
  • Mais l'Egypte peut avoir perdu son expertise depuis l'échec de son premier satellite en 2010

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[LE CAIRE] L’Egypte projette de lancer son deuxième satellite de recherche scientifique et de créer une nouvelle mission spatiale et une agence spatiale nationale ainsi que d’œuvrer avec d'autres Etats africains pour ouvrir la voie à une nouvelle agence spatiale africaine.

Mais certains experts ont prévenu que ces aspirations pourraient être supérieures aux ressources financières et humaines de l'Egypte, et que ce pays se précipite pour lancer un nouveau satellite en dépit du fait d’avoir peu appris de la perte de son premier satellite en 2010 après seulement trois années d’exploitation.

Le satellite prévu, appelé Egypt Sat 2, sera fabriqué, assemblé et testé en Egypte, a déclaré Mohamed Medhat Mokhtar, président de l'Autorité nationale de la téléobservation et des sciences de l'espace (NARSS), au Caire, à SciDev.Net.

"La phase de conception se déroule depuis dix mois avec succès avec l'expertise égyptienne, a déclaré Mokhtar". Un partenaire étranger en matière d’expertise nous rejoindra à la fin de cette phase pour examiner et approuver les résultats de la phase de conception, et ainsi appuyer les activités des prochaines phases". 

Belal El-Leithy, le directeur de la station de réception au sol de l'observation de la terre de NARSS, a déclaré: "Sat 2 utilisera une technologie moderne pour acquérir des images qui seront utilisées dans plusieurs secteurs, dont l’agriculture, la géologie, l’environnement et la recherche. Nous espérons être prêts à lancer Sat 2 dans environ trois ans".

L'Egypte a lancé son premier satellite en 2007, mais certains critiques affirment que ce pays a fait peu d’efforts pour conserver son expertise dans ce domaine.

"Nous avons perdu la plupart des ingénieurs que nous avons formés dans le programme Egypt Sat 1, puisque certains sont allés [travailler dans] des usines de fabrication de réfrigérateurs et d’autres ont totalement abandonné le domaine de l'ingénierie", a déclaré Ayman Hamdy Kassem, professeur d'ingénierie aérospatiale à l'Université du Caire et membre de l'équipe de recherche et de formation du projet du satellite Egypt Sat 1.

“Sat 2 utilisera une technologie moderne pour acquérir des images qui seront utilisées dans plusieurs secteurs.”

Belal El-Leithy, NARSS

Reprenant le point de vue de Kassem, Farouk El-Baz, directeur du Centre de télédétection de l'Université de Boston, aux Etats-Unis, a déclaré à SciDev.Net que la courte vie d’Egypt Sat1 a découragé des projets similaires. 

"Ils ont perdu la communication avec le satellite et n'ont pas compris pourquoi cela est arrivé. Donc, personne n’a rien appris de cette perte", a-t-il affirmé.
 
Parce que le satellite a été conçu à l'étranger, en Ukraine, les scientifiques et les ingénieurs égyptiens n'ont pas été entièrement formés par rapport à sa conception ou sa surveillance, a poursuivi El-Baz.

"Ainsi, il a été essentiellement une perte pour l'Egypte parce qu’il il ne faisait pas partie d'un programme à long terme visant à placer l'Egypte sur une voie de recherche spatiale". 

Mais El-Leithy a soutenu que Egypt Sat 1 était un satellite expérimental qui n’avait été conçu que pour fonctionner pendant trois ans à plein régime, ce qu’il a fait, a-t-il dit, fournissant de nombreuses images utiles pour l'Egypte et ses voisins. 

"Les pays du monde entier perdent le contrôle de satellites tout le temps, car ce type d'industrie est risqué parce qu’il il opère dans un environnement difficile", a-t-il laissé entendre.
Le problème", a-t-il ajouté, " c'est quand vous laissez un incident mettre un terme à vos progrès et ruiner l’expertise technologique que vous avez acquise et le personnel scientifique que vous avez formé".


Au-delà de satellites

 
L’Egypte envisage également de mettre en place deux nouveaux organismes spatiaux. L'Autorité spatiale égyptienne serait responsable des activités de technologie spatiale, dont la recherche, la conception, la fabrication, l'assemblage et le test de satellites.

Et le président par intérim de l'Egypte serait en train d'examiner une proposition de création d'une agence spatiale nationale.
 
"L'agence spatiale d’Etat égyptienne sera une entité indépendante et sera directement responsable devant la présidence de l'Egypte", a déclaré Mokhtar.

L'agence organiserait et régirait les activités spatiales de l'Egypte, en vue de stimuler l'économie nationale, et coopérerait avec les entités régionales et internationales similaires sur les initiatives de développement durable, a-t-il laissé entendre.

Mokhtar a ajouté que l'Egypte collabore avec d'autres pays africains, dont l'Algérie et l'Afrique du Sud, sur la préparation de politiques et de stratégies visant à mettre en place la première agence spatiale africaine sous la coordination continentale de la Commission de l'Union africaine. 

El-Baz a affirmé que  l'agence spatiale nationale pourrait aider à "insuffler un esprit d'excellence scientifique" de nos jours à la NARSS qui, dit-il, est faiblement financé et n'a pas d'objectifs clairs.

Mais Kassem est très sceptique quant à ce que l'agence décolle dans un avenir proche en raison d'un manque de financement et de personnel qualifié.