13/06/12

Selon une étude, de nombreux Kényans se partagent les téléphones mobiles

Au Kenya, les femmes sont moins susceptibles que les hommes de posséder un téléphone mobile, constate l'enquête. Crédit image: Flickr/IICD

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[NAIROBI] Une nouvelle étude révèle que la plupart des Kényans vivant en zones rurales ne sont pas propriétaires de leurs téléphones mobiles, et que les femmes sont moins susceptiblesque les hommes de posséder un téléphone.

Cette étude a été conjointement réalisée par des chercheurs de la Carnegie Mellon University et de l'Ecole de santé publique de l'Université Harvard, de l'Institut de recherche médicale du Kenya (KEMRI), et de l'Université d'Oxford.

Les chercheurs se sont appuyés sur des données collectées lors d'une enquête nationale menée en 2009 par Financial Sector Deepening Kenya, un programme d'appui aux services financiers implanté à Nairobi. Plus de 30.000 personnes âgées de plus de 16 ans et issues d'environ 650 communautés à travers le pays ont participé à l'enquête.

Les participants ont été interrogés sur l'usage de leur téléphone mobile, le taux de  possession et les dépenses mensuelles de communication. Ils ont également répondu à des questions liées à leurs origines sociales.

Publiée dans l'édition de PloS One  du 25 avril, l'étude constate que les niveaux d'utilisation et de possession du téléphone mobile varient considérablement à travers le pays.

Toutefois, Abdisalan Noor, l'un des auteurs de l'étude, issu du KEMRI,, explique à SciDev.Net que ces faibles niveaux de propriété ne traduisent pas forcément un faible niveau d'utilisation, et il souligne que plusieurs abonnés utilisent souvent le même téléphone.

« Nous avons constaté que si 44 pour cent seulement des personnes interrogées ont un téléphone mobile, 85 pour cent déclarent [avoir utilisé] un téléphone mobile, et les résultats montrent des niveaux élevés d'utilisation commune des appareils. »

« Au Kenya, beaucoup de gens ont une carte SIM mais ne possèdent pas de téléphone, et doivent par conséquent partager des appareils [avec d'autres personnes] ».

La faiblesse des niveaux de possession des téléphones dépend de nombreux facteurs, notamment la pauvreté, l'éducation, l'urbanisation et le sexe, précise Noor.

Malgré ces niveaux variables de possession, l'étude enregistre un fort intérêt pour l'utilisation du téléphone mobile au Kenya.

Amy Wesolowski, une autre auteure de l'étude, estime que l'amélioration du taux de couverture nationale doit être orientée vers les zones rurales du pays, afin de contribuer à la réduction des différences géographiques dans la possession des téléphones mobiles.

Les auteurs étaient surtout intéressés par la capacité de la technologie mobile à relayer les messages de santé adressés aux professionnels de la santé et à la population, ajoute-t-elle.

Leonida Mutuku, chercheur au iHub Research, à Nairobi, pense que ces conclusions seront particulièrement utiles pour les concepteurs d'applications de téléphonie mobile.

«Si l'on comprend les schémas d'accès aux téléphones dotés d'un ou de plusieurs propriétaires, l'on pourrait alors développer [des applications] tenant compte de ces schémas d'accès », explique Mutuku à SciDev.Net.

Mutuku a aussi commenté une autre conclusion de l'étude, à savoir que les femmes kényanes et les jeunes sont moins susceptibles que les hommes de posséder un téléphone mobile. Ce constat peut aider les organisations à élaborer des programmes ciblant et impliquant plus efficacement ces catégories sociales, a-t-elle ajouté.

Mutuku a toutefois attiré l'attention sur la possibilité que les données issues de l'enquête de 2009 soient déjà obsolètes, parce que le niveau de possession des téléphones mobiles au Kenya évolue sans cesse.  

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Références

Heterogeneous Mobile Phone Ownership and Usage Patterns in Kenya PLoS ONE 7(4): e35319 doi:10.1371/journal.pone.0035319