10/03/14

Nigeria: l’utilisation du fonds pétrolier pour la science au point mort

Bonga FPSO
Crédit image: Shell

Lecture rapide

  • D’après un rapport publié en 2013, les recettes pétrolières totales du Nigeria en 2011 se sont élevées à US$ 50,3 milliards
  • Le sort d'un fonds envisagé en 2006 pour stimuler la science avec l'argent du pétrole est incertain
  • Un nouveau projet sans rapport avec le pétrole est à l’étude, mais les experts veulent plus d'actions concrètes

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[ABUJA] Le Nigeria n'a pas tenu la promesse faite il y a deux ans d’utiliser au moins un pour cent de son produit intérieur brut (PIB) pour financer et promouvoir la science. 
Selon le rapport du Revenue Watch Institute, basé à New York publié en mai dernier, "le Nigeria est le plus grand exportateur de pétrole de l'Afrique, et le 10ème  producteur mondial, avec plus de 2,2 millions de barils/ jour en 2011.

Les recettes pétrolières se sont élevées à 50,3 milliards de dollars en 2011 et ont représenté 70 pour cent des recettes de l'État".

“Nous devons financer la science et la technologie avec de l'argent issu du pétrole. Il y a beaucoup de pays qui n'ont pas de pétrole, et ils sont beaucoup plus riches que le Nigéria parce qu'ils ont investi dans la science au service de leur développement.”

 

OyewaleTomori, Académie des sciences du Nigeria”

La récente politique du Nigeria en matière de science, de technologie et d’innovation, approuvée en décembre 2011 par le Conseil exécutif fédéral (la plus haute instance de décision du pays), recommandait qu’un minimum de un pour cent du PIB du pays soit utilisé pour financer un Fonds national pour la science, la technologie et l'innovation.
 
Le fonds doit être administré par un conseil indépendant dirigé par le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui est un scientifique.
 
On avait prévu de créer et de maintenir des mécanismes fiables pour un financement approprié des activités scientifiques, technologiques et d'innovation au Nigeria
 
Mais le fonds, tout comme une proposition de 2006 d'utiliser les revenus pétroliers pour la science, semble mort et constitue actuellement une source d'inquiétude pour les scientifiques.
 
Turner Isoun, qui était ministre de la science et de la technologie en 2006, explique à SciDev.Net: "J’ai plaidé pour un Fonds national de dotation scientifique et technologique. J'ai présenté des mémorandums à trois reprises au Conseil exécutif national et j’ai échoué. Je voulais une partie du compte d’excédent de pétrole brut [un fonds distinct pour épargner des bénéfices excédentaires du pétrole] pour financer la recherche et développement, mais ils ont refusé".

Le Fonds d'affectation spéciale pour l’enseignement supérieur créé en 2011,  ajoute-t-il, "est censé financer la recherche et développement, mais il n’est pas utilisé à la fin pour laquelle il a été créé".
 
Le président de l'Académie des sciences du Nigeria, OyewaleTomori, décrit le gouvernement nigérian comme un gouvernement qui ne tient pas ses promesses.
 
Il déclare à SciDev.Net: "Nous devons financer la science et la technologie avec de l'argent issu du pétrole. Il y a beaucoup de pays qui n'ont pas de pétrole, et ils sont beaucoup plus riches que le Nigéria parce qu'ils ont investi dans la science au service de leur développement".
 
Toutefois, Onyebuchi Chukwu, ministre nigérian de la santé, laisse entendre à SciDev.Net que le gouvernement a chargé les agences concernées d’élaborer les modalités d'un fonds, qui ne s’appuierait pas nécessairement sur les revenus pétroliers.
 
Onyebuchi Chukwu soutient que le ministère fédéral de la science et de la technologie réfléchit actuellement sur la création du nouveau fonds pour la science.
 
"Nous devons financer des recherches, mais en raison de contraintes budgétaires, nous ne pouvons pas facilement les financer de la façon dont elles devraient l’être. Si vous allez à l'Institut nigérian de recherche médicale, par exemple, vous verrez qu’il s’y passe également bien des choses, mais encore une fois il est question de savoir comment intéresser  l'industrie à leurs résultats", note le ministre.
 
Chux Daniels, un chercheur à  l’Unité de recherche sur la politique scientifique et technologique de l’Université de Sussex, au Royaume-Uni, dit douter de la sincérité du gouvernement nigérian quand il annonce le nouveau fonds sans une structure de financement bien pensée.
 
Cet article est une production de la rédaction Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références