11/08/17

Investir dans les infrastructures pour retenir les scientifiques africains

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Crédit image: Panos

Lecture rapide

  • Le manque de soutien aux infrastructures entrave la rétention des diplômés en sciences
  • La formation à l'entrepreneuriat est essentielle pour créer des emplois scientifiques
  • Le soutien des gouvernements africains pourrait aider à attirer des fonds

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[LE CAP] Selon les participants à une conférence, les pays africains ne disposent pas d'infrastructures et du soutien entrepreneurial nécessaires pour retenir les diplômés en sciences, ce qui a un impact sur l'indépendance scientifique et contribue à la "fuite des cerveaux".
 
La non conférence Science in Africa, tenue à Londres le mois dernier (20 juillet) par l'Institut Planet Earth, visait à promouvoir les succès et à relever les défis de l'utilisation de la science et de la technologie pour le développement en Afrique.

“Nous devons coupler la formation avec des investissements dans les infrastructures et un soutien à l'entrepreneuriat, afin de créer des emplois et des carrières qui rendent la science attrayante.”

Kelly Chibale
Université de Cape Town (UCT)

"L'innovation menée par l'Afrique dans une perspective de recherche et développement a été entravée depuis longtemps par l'absence d'une masse critique de scientifiques qualifiés, ainsi que par un très faible accès aux infrastructures et aux technologies habilitantes", explique Kelly Chibale, professeur de chimie organique en Afrique du Sud, basé à l'Université du Cap (UCT). "Nous devons coupler la formation avec des investissements dans les infrastructures et un soutien à l'entrepreneuriat, afin de créer des emplois et des carrières qui rendent la science attrayante".
 
Kelly Chibale est fondaeur et directeur du Drug Discovery and Development Centre, H3D à l'UCT. Les scientifiques du H3D ont été impliqués dans la récente découverte d'un nouveau candidat antipaludique prometteur.
 
Kelly Chibale a déclaré à SciDev.Net que l'Afrique ne souffre pas de manque de scientifiques, mais de manque d'infrastructures habilitantes. Selon lui, si des améliorations étaient apportées à ces deux questions, les scientifiques pourraient travailler plus efficacement, les projets auraient accès au financement de l'étranger et l'Afrique pourrait attirer et conserver des talents.

"En attirant des talents et en permettant aux gens de se servir de la formation qu'ils ont reçue, nous pouvons inverser la courbe de la fuite des cerveaux", estime-t-il.
 
Le recrutement et le maintien des diplômés en sciences devraient également impliquer le soutien des éducateurs, ajoute Senamile Masango, étudiant de troisième cycle en physique nucléaire à l'Université du Cap-Occidental en Afrique du Sud et membre de la première équipe africaine à mener une expérience à l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire, en Suisse.
 
"Le continent devrait proposer des programmes de base qui encouragent et gardent les professeurs de sciences dans les villages et accueillent les jeunes pour les carrières scientifiques", a-t-elle déclaré.
 
Selon Youssef Travaly, directeur des programmes et du contenu du Next Einstein Forum, une plate-forme qui relie la science, la société et la politique en Afrique et dans le reste du monde, ainsi que le capital humain et les infrastructures, doit être combinée avec le soutien du gouvernement.
 
"Les décideurs doivent élaborer une feuille de route pour montrer une vision des domaines les plus prometteurs de la science où ils peuvent investir et développer un portefeuille bien équilibré de personnes ayant des compétences allant des chercheurs aux ingénieurs, en passant par les développeurs", a déclaré Youssef Travaly.
 
Et d'ajouter que l'accent devrait être mis sur l'offre de subventions panafricaines qui impliquent le transfert de connaissances et incluent des opportunités pour des partenariats public-privé.
 
Le H3D en Afrique du Sud est un exemple de la valeur des partenariats public-privé, selon Kelly Chibale, notant que 70% du financement du centre est d'origine étrangère, attiré en partie par l'engagement du gouvernement sud-africain à apporter un soutien financier équivalent à celui des donateurs étrangers.
 
"C'est un bon exemple à suivre pour le reste de l'Afrique. Les investisseurs verront que nos gouvernements nous appuient et nous fournissent des infrastructures et sont prêts à mettre de l'argent dans nos projets", soutient-il.
  
Cet article a été rédigé par le desk de SciDev.Net pour l'Afrique anglophone.