07/04/15

Découverte : les récifs coralliens ingèrent les déchets plastiques

Coral_on_Great_Barrier_Reef_Mia_Hoogenboom
Crédit image: Mia Hoogenboom

Lecture rapide

  • Une étude a découvert des microparticules de plastique dans l’estomac du corail
  • Il y a environ 4 000 débris plastiques par kilomètre carré dans les eaux autour de la Grande barrière de coraux
  • Le plastique constitue une menace pour la faune et la flore marines.

Envoyer à un ami

Les coordonnées que vous indiquez sur cette page ne seront pas utilisées pour vous envoyer des emails non- sollicités et ne seront pas vendues à un tiers. Voir politique de confidentialité.

[KUALA LUMPUR] Une étude réalisée par l’Université James Cook d’Australie a constaté que les coraux de la Grande Barrière ingèrent des microparticules de plastique.

L’étude réalisée en laboratoire a examiné des échantillons de corail, d’eau et de planctons prélevés autour du récif.

Des microparticules de polystyrène et de polyéthylène ont été découvertes dans les cavités de l’estomac des coraux, une fois les spécimens placés dans de l’eau contaminée et observés pendant deux nuits.

Les coraux ont une alimentation non-sélective, se nourrissant de zooplanctons et d’organismes microscopiques présents dans l’eau de mer.

Les chercheurs s’attèlent à présent à l’évaluation de l’impact de cette découverte sur l’écologie marine.

“Nous avons engagé d’autres études pour comprendre l’effet de l’ingestion de ces microparticules de plastique sur la santé du corail”, affirme Mia Hoogenboom, co-auteure de l’étude et chercheuse principale au Centre d’excellence de l’ARC pour l’étude des récifs coralliens à l’Université James Cook.

“Nous avons également entrepris une collaboration avec des scientifiques en Chine et avec d’autres organisations en Australie. L’objectif est d’élaborer des méthodes de détection des microparticules de plastique dans les tissus coralliens pour pouvoir ultérieurement scanner des échantillons de coraux extraits du récif afin d’établir si le plastique est ingéré par les coraux dans leur environnement naturel”, explique Mia Hoogenboom.

Elle ajoute que l’équipe cherche également à comprendre si les espèces de poisson vivant dans les récifs coralliens ingèrent le plastique et quel en serait l’impact sur leur croissance et leur survie.

D’après les estimations, on compte environ 4.000 déchets plastiques par kilomètre carré dans les eaux autour du secteur nord de la Grande Barrière corallienne.

Au niveau mondial, on estime à environ quatre millions de tonnes les déchets plastiques produits chaque année.

“Nous savons que les déchets plastiques constituent un problème récurrent pour la faune et la flore marines à travers le monde ; mais nous ignorons son acuité en milieu sauvage et son impact sur les récifs coralliens”, souligne Michael Webster, Directeur exécutif de Coral Reef Alliance.

“La dégradation des récifs coralliens a d’énormes conséquences économiques sur les communautés locales qui en dépendent pour leur alimentation, pour les recettes touristiques qu’elles engendrent, et la protection des côtes qu’elles apportent. Or, nous ne pouvons pas dire à l’heure actuelle que les microparticules de plastique sont la cause des difficultés économiques auxquelles les populations feront face. Cette étude apporte néanmoins une preuve supplémentaire de la nécessité de lutter contre la pollution des océans”, tempère Michael Webster.

Pour l’instant, la seule solution que l’équipe des chercheurs propose consiste à encourager le grand public à réduire et recycler les déchets plastiques et à ne pas utiliser les produits cosmétiques contenant des microbilles ou des exfoliants en plastique.

Toutefois, d’autres causes d’origine anthropique comme la surpêche, le réchauffement ou l’acidification des océans participent aussi au déclin de la population de récifs coralliens.

Cet article est une production de la rédaction Asie du Sud-Est et Pacifique de SciDev.Net.

Références

Marine Biology doi: 10.1007/s00227-015-2619-7