06/05/15

L’Afrique de l’Est se dote d’un observatoire pour le climat

Woman walking Mali
Crédit image: Flickr/World Bank Photo Collection

Lecture rapide

  • L’observatoire veut trouver des solutions aux effets des changements du climat
  • Il sera financé par les Etats de la région et par des organismes internationaux
  • A ce jour, un seul pays africain a déposé son plan d’action climat à l’ONU.

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L’Afrique de l’Est vient de se doter d’un observatoire sur l’environnement.

C’est ce qu’il faut retenir de la rencontre régionale sur la problématique des changements climatiques qui vient de se dérouler à Djibouti du 2 au 4 mai 2015.

La conférence était organisée par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche et celui de l’Environnement de Djibouti, en collaboration avec le département des changements climatiques de l’Université Yale aux Etats-Unis.

Basé dans les locaux du Centre d’Etudes et des recherches de Djibouti (CERD), cet observatoire aura pour rôle de permettre aux scientifiques de se concerter pour s’échanger les informations et de proposer des solutions aux risques qu’entraînent les changements climatiques.

En outre, il devra permettre de mesurer, améliorer et communiquer les fonctions des systèmes écologiques liés à la résilience et à la durabilité.

Dans un premier temps, l’Observatoire sera financé par les pays de l’Afrique de l’Est et des organismes comme le Programme des Nations unies pour l’Environnement (PNUE).

La création de cet observatoire intervient à sept mois de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP21) qui est prévue pour se tenir en décembre 2015 à Paris (France).

“L’Afrique doit exiger que les paroles soient suivies d’actes et que les pays du Nord qui sont les plus grands pollueurs prennent leurs responsabilités.”

Nabil Mohamed Ahmed, Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Djibouti

"Pour l’Afrique à la COP21, il ne s’agira pas de dire que nous avons signé et ratifié toutes les conventions et que nous avons élaboré des programmes d’atténuation et d’adaptation. Les schémas d’adaptation et les stratégies que nous présenterons devront faire ressortir de véritables idées innovantes, innovatrices et réalistes adaptées aux problèmes et risques prévisibles", indique Nabil Mohamed Ahmed, Ministre djiboutien de l’Enseignement supérieur et de la Recherche qui se félicite de la création de cet observatoire.

Celui-ci ajoute que "l’Afrique doit exiger que les paroles soient suivies d’actes et que les pays du Nord qui sont les plus grands pollueurs prennent leurs responsabilités".

Précisant son propos, il souligne que cette prise de responsabilité consiste en l’application du principe du "pollueur-payeur" qui veut que les pays qui polluent le plus, à l’instar des Etats-Unis, de la Chine et de l’Europe, mettent en place des programmes de lutte contre les changements climatiques et y apportent des financements conséquents.

Les experts réunis à Djibouti, ont relevé que l’Afrique paie un lourd tribut aux changements climatiques dont les conséquences pourront aller de la baisse des rendements agricoles à un accès plus difficile à l’eau du fait des modifications des régimes des précipitations.

Pour autant, un seul Etat africain, en l’occurrence le Gabon, a soumis dans les délais (31 mars 2015 au plus tard) son plan d’action climat en vue de la conférence de Paris.

Yacouba Gnègnè, spécialiste de l’économie verte au sein de la Commission économique pour l’Afrique (un organisme de l’ONU) explique que ce retard est dû à un manque d’encadrement ; mais aussi à un problème de calendrier.

A l’en croire, les pays africains n’ont pas eu suffisamment d’assistance pour élaborer leur plan d’action climat qui nécessite parfois une technicité spéciale et l’ONU doit aider ces pays en mettant à leur disposition des experts dans ce domaine ; ce qui, dit-il, n’a pas été fait.

"Si l’Afrique doit parler un seul langage à la conférence de Paris, une concertation à tous les niveaux doit être faite entre les pays du continent avant la tenue de cet important sommet, afin d’en tirer le maximum de profit", recommande cependant Yacouba Gnègnè.

En attendant, John Michael Derrey de l’Université de Massachussetts (Etats-Unis) qui participe à un programme international de lutte contre les effets des changements climatiques dans trois pays de la région (Kenya, Ethiopie et Djibouti), se montre confiant :

"Je pense que Djibouti relèvera ses défis concernant la sécurité alimentaire et la résilience des populations. Notre objectif est d’amener des innovations locales en matière de résilience des populations face aux changements climatiques", dit-il.

Ajoutant que les pays de l’Afrique de l’Est sont à l’avant-garde des questions relatives à la préservation de l’environnement et de l’écosystème.