27/04/15

Construire avec le Typha pour consommer moins d’énergie

Typha Latifolia 1
Crédit image: Flickr/pennyjr

Lecture rapide

  • Le projet vise l’efficacité énergétique dans les techniques de construction
  • La matière première locale comme l’argile ou la terre sera associée au Typha
  • A terme, il s’agit d’arriver à une réduction de l’utilisation des climatiseurs.

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Plante réputée nuisible pour les écosystèmes des zones humides, le Typha australis, sera désormais valorisé au Sénégal grâce à un financement de deux millions de dollars (plus d’un milliard de FCFA).

C’est un composant du programme national de réduction des émissions de gaz à effet de serre à travers l'efficacité énergétique dans le secteur du bâtiment.

Ce programme est soutenu par le Fonds mondial pour l'environnement et le Programme des Nations unies pour le développement.

Il comprend d’une part la mise en place d'une réglementation thermique ; et d’autre part la production de matériaux d'isolation à base de Typha, dont un volet Typha-ciment et un volet Typha-terre.

Ce projet entre dans le cadre global de l'objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre par l'accélération du transfert de technologie et l'adoption de technologies de pointe.

Il va permettre l'amélioration de l'efficacité énergétique dans les techniques de construction rurales et urbaines.

Son approche est basée sur un transfert de technologies développées et validées en Europe avec le Typha latifolia et le Typha angustifolia.

Ernest Dione, chef du projet déclare que "ces matériaux peuvent être des blocs des plaques d'isolation. Notre zone concerne essentiellement les régions où on note la prolifération du Typha, c'est-à-dire le delta des fleuves, Dakar et le lac de Guiers (région de Louga)".

“ La terre présente l'avantage d'apporter de l'inertie thermique et d'être un régulateur d'humidité ; et les feuilles de Typha possèdent de bonnes propriétés isolantes, mais aussi de régulation hygrothermique.”

Lalaina Rakotomalala, Chercheur au Centre International de la construction en terre (CRAterre), France

Avec ses partenaires, le Centre International de la construction en terre (CRAterre), basé à Grenoble en France, est chargé de mettre au point des matériaux de construction utilisant la terre crue et une fibre végétale issue de la plante Typha australis.

CRAterre a d’ores et déjà conduit une mission d'identification des différents matériaux de construction disponibles ainsi que les différents types d'habitat que l’on trouve dans les régions de Dakar et de Saint-Louis.

Elle a identifié des techniques, des savoir-faire et surtout des matières premières locales ; notamment des exemples d'argiles qui pourraient être utilisées pour les matériaux.

Contactée par SciDev.Net, Lalaina Rakotomalala, chercheur à CRAterre, explique que pour le moment, la question des performances en matière d'isolation et d'acoustique est toujours à l'étude.

"La terre présente l'avantage d'apporter de l'inertie thermique et d'être un régulateur d'humidité ; et les feuilles de Typha possèdent de bonnes propriétés isolantes, mais aussi de régulation hygrothermique", indique-t-elle.

"Avec de telles propriétés, poursuit-elle, les résultats, en termes d'amélioration de confort thermique, notamment pour limiter les utilisations de climatiseurs, ne pourront qu'être très satisfaisants, comparativement à la situation actuelle où les constructions et les matériaux utilisés sont généralement peu efficaces énergétiquement".

A cet effet, plusieurs types de matériaux rattachés à différents systèmes constructifs ont déjà été développés aussi bien pour les cloisons que pour les planchers et les toitures.

Des recherches sont en cours pour définir les formulations possibles pouvant aider à la confection d'éléments constructifs, à savoir le choix des terres, l'élaboration de différents broyats de Typha, les proportions de terre et de Typha.

"Nous sommes en train de concevoir un éco-pavillon de démonstration des produits Terre-Typha dans le cadre du programme de recherche. Sa construction doit démarrer à la fin de cette année", ajoute Lalaina Rakotomalala.

A terme, de petites unités industrielles pour la production de matériaux de construction à base de Typha seront mises en place et les entrepreneurs seront formés.

Les autres résultats attendus sont la mise en place d'une chaîne d'approvisionnement pour les plantes de Typha et d'un mécanisme de surveillance de l'effet du typha sur la biodiversité.

L’on prévoit aussi la certification des produits ciment-Typha et terre-Typha, l'identification d'approches relatives aux modèles bioclimatiques et à efficacité énergétique adaptés au contexte.

D’ailleurs, les normes sur les matériaux de construction à base de Typha sont intégrées dans la nouvelle réglementation sénégalaise sur l'efficacité énergétique dans les bâtiments.