20/06/17

Le réchauffement climatique réduit la production aviaire

chicken farm
Crédit image: Chris Sowers / Panos

Lecture rapide

  • Une hausse des températures affaiblit le système immunitaire des volailles
  • Elle favorise aussi le développement des parasites qui ralentissent leur reproduction
  • Les chercheurs pensent que la solution à ce problème réside dans la bio-informatique

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A en croire les déclarations d’Eddy Decuypere, chercheur au laboratoire de physiologie animale de l'université de Louvain (Belgique), le dérèglement climatique augmente la vulnérabilité des volailles aux maladies bactériennes et aux parasites externes dans les zones tropicales.
 
Ainsi, une variation de la température de plus de 10°C affaiblit le système immunitaire des volailles et favorise le développement de certains parasites externes comme les poux, les tiques ou encore les acariens.
 
Cet universitaire s’exprimait à l’occasion d’un symposium sur la production de la volaille dans des conditions climatiques chaudes et humides, qui a réuni du 12 au 17 juin dernier à Lomé (Togo) des chercheurs de l'Association mondiale des sciences aviaires (WPSA).
 
Une rencontre qui visait, entre autres, à évaluer l'impact du stress climatique sur la production aviaire.

“Une variation de la température agit sur le système endocrinien qui contrôle le métabolisme, la croissance et la reproduction des volailles”

Eddy Decuypere
Chercheur, université de Louvain (Belgique)

 
"De façon générale, une variation de la température agit sur le système endocrinien qui contrôle le métabolisme, la croissance et la reproduction des volailles. Ce qui suppose qu'une baisse ou une montée de la température aura un impact sur la production aviaire", explique Eddy Decuypere a SciDev.Net.
 
Or, ajoute-t-il, "les volailles ont un système de défense naturelle contre la froideur ; ce qui n'est pas le cas contre la chaleur. C'est la raison pour laquelle le stress climatique a un impact plus considérable sur la production aviaire en Afrique subsaharienne".
 
A cette vulnérabilité, le chercheur ajoute les problèmes de nutrition tels que le manque d'appétit ou les troubles digestifs qui agissent sur la quantité et la qualité de la production aviaire.
 
Au Togo par exemple, des expérimentations faites au Centre d'excellence régional sur les sciences aviaires (CERSA) de l'université de Lomé ont révélé qu'une augmentation de température de plus de 10°C réduit de 5 grammes environ le poids des œufs.
 
En outre, "pour ce qui est de la production en termes de viande, il faut pratiquement six (06) mois dans les mêmes conditions pour avoir un poulet d'un kilogramme ; ce qui est assez faible comme productivité", indique Kokou Tona, le directeur du CERSA qui a conduit cette expérimentation.
 

Bio-informatique

 
Cependant, à en croire les chercheurs, cette mauvaise productivité pourrait être évitée par une alimentation contrôlée des poulets et une bonne ventilation des poulaillers pour réduire la sensation de chaleur chez la volaille.
 
"Nous sommes également en phase expérimentale d’une recherche afin de voir comment adapter les poussins aux fortes températures pendant leur vie embryonnaire. Nous faisons à cet effet de la manipulation de température pendant l’incubation", confie par ailleurs Kokou Tona.
 
Selon ce dernier, le manque d'informations scientifiques sur l'alimentation et surtout sur le contrôle des maladies des volailles est un facteur qui complique l'adaptation des éleveurs subsahariens au changement climatique.
 
Aussi propose-t-il la mise à contribution de la bio-informatique en vue de réduire la vulnérabilité des volailles aux maladies du fait du stress climatique.
 
Car, explique ce chercheur, "l'analyse des données biologiques des volailles ainsi que des bactéries et virus responsables de certaines de leurs maladies pourrait permettre de développer des traitements ciblés pour renforcer leur système immunitaire".
 
Selon une évaluation de la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), le dérèglement climatique pourrait entrainer une hausse de 50% des prix de l'alimentation animale d'ici à 2050.
 
"Cette hausse devrait se répercuter essentiellement sur le coût des volailles et des porcins dont la nutrition représente 75 % du prix de revient", soulignent des chercheurs de l'institution.