25/09/17

RDC : 200 millions de dollars pour le système éducatif

DRC Student
Crédit image: Anna Ivanova

Lecture rapide

  • L'enveloppe servira à renforcer tous les acteurs des secteurs clés de l'éducation
  • Un accent particulier sera mis sur des réformes structurelles, pour renforcer les STI
  • A terme, le gouvernement compte en tirer des bénéfices pour l'emploi

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Avec l'appui de la Banque Mondiale, le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) a lancé un vaste projet de refondation de l'éducation aux niveaux secondaire et universitaire, avec un accent particulier sur les STI (Sciences, Technologies et Innovations.)
 
Dénommée Projet d’Éducation pour la Qualité et la Pertinence des Enseignements aux niveaux Secondaire et Universitaire (PEQPESU), l'initiative vise à orienter l'enseignement dans le sens de promouvoir les STI et générer des emplois.
 
Financée à hauteur de 200 millions de dollars (environ 314 milliards de Francs Congolais, 110 milliards de Francs CFA) par la Banque Mondiale, elle vise à améliorer de manière significative la qualité de l’éducation, la qualification du personnel pédagogique et technique et renforcer la création d'emplois et l’impulsion des secteurs prioritaires des niveaux d’enseignement secondaire et universitaire.

“Il y a lieu tout de même de reconnaître que dix-huit écoles techniques sur les 8.000 environ que compte la RDC, c’est comme une goutte d’eau dans l’océan.”

Jean-Claude Ikwa
Coordonnateur ESTP

Selon Ahmadou Moustapha Ndiaye, le directeur des opérations de la Banque mondiale pour la RDC et la République du Congo, le projet sectoriel de l’éducation vise deux objectifs principaux : améliorer l'enseignement et l'apprentissage des mathématiques et des sciences au niveau secondaire et renforcer la pertinence de l'enseignement technique et de la formation professionnelle au niveau secondaire et universitaire, dans les secteurs prioritaires.
 
Depuis sa conception, le projet implique trois ministères, en l’occurrence ceux de l'enseignement primaire et secondaire, de l'enseignement supérieur et de l’enseignement technique et professionnel.
 

Renforcer les secteurs prioritaires

 
Encore à sa phase initiale, le PEQPESU, prévu pour durer six ans (2016-2021), va aussi renforcer les capacités du système éducatif à former des jeunes qualifiés et bien outillés pour le marché de l'emploi, notamment dans les secteurs clés de l'activité économique.
 
"Il s'agit notamment de l’agriculture et de l’environnement, des mines et des industries extractives, ainsi que des infrastructures (Bâtiments et Travaux Publics)", précise Martin Makumbu, chef opérationnel du PEQPESU au niveau de l’enseignement secondaire et universitaire.
 
"Concrètement, le projet compte appuyer et équiper 18 écoles techniques, 36 écoles secondaires d'enseignement général, 11 facultés et instituts supérieurs et pédagogiques (ISP), ainsi que deux instituts supérieurs pédagogiques et techniques (ISPT), établis à Kinshasa et à Likasi, ville de l’ex-province minière du Katanga, située au sud-est de la RDC", indique Jean-Claude Ikwa, coordonnateur du volet Enseignement Secondaire Technique et Professionnel (ESTP) au sein du projet.
 
Ces écoles, facultés et instituts supérieurs bénéficiaires sont disséminés à travers douze provinces sur les 26 que compte la RDC.
 
Il s'agit notamment de Kinshasa, Kwango, Kwilu, Kasai, Kasai central, Equateur, Sud-Ubangi, Tshopo, Haut-Uele, Ituri, Haut Katanga et Lualaba.

 

Selon Jean-Claude Ikwa, "l'une des innovations du PEQPESU, c’est le renforcement de la formation des enseignants et du Partenariat Public Privé (PPP), ainsi que l’apprentissage d’un nouveau modèle de gestion des établissements techniques et professionnels, axé sur les résultats. Le PEQPESU s’attelle, en outre, à rénover les infrastructures et à doter les établissements bénéficiaires d’'équipements pédagogiques pour leurs ateliers".
 
Pour certains Congolais, dans un contexte où la RDC est confrontée à un fort taux de chômage, à la cherté des produits de première nécessité et à la malnutrition, le projet tombe à point nommé pour aider à soulager le pays de ces difficultés.
 
"S’il est bien géré, il permettra de résorber le chômage en créant des emplois et en impulsant notamment le secteur agricole, dans un pays de 2.345.000 km2, qui dispose de 80 millions d’hectares de terres arables et fertiles", fait observer Jean-Marie Nyamudigi Mushiajir, ingénieur et chef des travaux à l’ISPT/Kinshasa, un des établissements bénéficiaires du projet, spécialisé dans la formation des enseignants en sciences et techniques.
 
Point focal de PEQPESU au niveau de l’ISPT et encadreur des étudiants qui innovent dans la fabrication d’outils mécaniques destinés à faciliter les travaux des champs, Jean-Marie Nyamudigi Mushiajir attend impatiemment la réfection des laboratoires, ainsi que les équipements promis.
 
Pour le moment, les enseignants de l’ISPT se contentent encore des matériels amortis depuis une vingtaine d’années.
 
Ces outils didactiques importés, fruit de la coopération belge, s’avèrent onéreux en cette période où le gouvernement congolais est soumis à des contraintes budgétaires.
 

Problèmes de gouvernance

  
"Les promoteurs nous ont associés dans l’élaboration du plan de développement", affirme Jean-Marie Nyamudigi Mushiajir.
 
"Nous avions ainsi identifié nos besoins et chiffré le coût des équipements, avec les concours des firmes étrangères, spécialisées dans la mécanique agricole et l’automobile, dans la construction mécanique et navale et dans l’électronique et l'informatique".
 
Toutefois, poursuit-il, les équipements se font encore attendre…
 
"Depuis que nous avions envoyé ces états de besoins, nous attendons. Mais, nous voudrions quand même être fixés pour savoir quand ces matériels viendront. Nous voudrions que notre personnel enseignant soit aussi formé pour être en mesure d’utiliser les nouveaux outils, et amorcer à notre niveau la formation des formateurs", insiste pour sa part Désiré Bukweli, le secrétaire général académique de l’ISPT/Kinshasa. 

Ce dernier relève par ailleurs le besoin de "connaître le chronogramme et de l’appliquer minutieusement avant la fin du projet, le 31 décembre 2021."
 
Pour le moment, indique Jean-Claude Ikwa, le taux de réalisation du projet n'est que de 10%. Mais les responsables du projet promettent de monter en puissance dès l'année prochaine.
 
"Déjà, on a fini la conception du programme sur l'agriculture, premier secteur porteur d'emploi".

Toutefois se pose un problème de capacités au niveau des institutions partenaires, qui risque de poser quelques difficultés, estime Jean-Claude Ikwa.
 
"Nous avons, au niveau de la RDC, défini nos priorités, notre plan de développement que finance la Banque mondiale", estime-t-il.

Son succès tient toutefois à ce que chaque établissement ciblé apprenne à monter et à concevoir lui-même un plan de développement bancable, poursuit le responsable congolais.
 
"C’est ce qui constitue un frein à nos institutions d'enseignements, qui ont encore du mal à concevoir ces plans", souligne-t-il.
 
Enfin, si la plupart des parties prenantes saluent l'initiative, elles font néanmoins remarquer que le chantier reste colossal, dans ce pays grand comme l'ensemble de l'Europe de l'Ouest.

"Le défi est énorme et l’impact de ce projet ne pourra être ressenti que pendant sa mise en œuvre et après, à travers notamment la qualité du personnel formé et les infrastructures réhabilitées", estime encore Jean-Claude Ikwa, avant de conclure : "Il y a lieu tout de même de reconnaître que dix-huit écoles techniques sur les 8.000 environ que compte la RDC, c’est comme une goutte d’eau dans l’océan."