27/08/14

Première édition de la Science Hack Day à Madagascar

Madagascar Science Hack Day
Crédit image: SciDev.Net/Rivonala Razafison

Lecture rapide

  • L’événement mondial créé en 2010 pour célébrer et promouvoir la science, Science Hack Day, a été pour la première fois organisé à Madagascar
  • Durant la manifestation, les participants encouragés à exploiter les résultats de recherche disponible en ligne, ont été invités à élaborer des projets novateurs
  • Une équipe de quatre jeunes étudiants malgaches est parvenue à monter en 48 heures l’ossature d'un système d'éradication de l’invasion acridienne dans le pays à l'aide d'ultrasons.

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[ANTANANARIVO] Plus de 130 chercheurs, inventeurs, experts, jeunes étudiants et même des profanes en matière de recherche scientifique se sont retrouvés ensemble durant deux jours (les 9 et 10 août) pour célébrer la première édition de la Science Hack Day à Madagascar.

Pour la première fois depuis sa création en 2010 par Ariel Waldman, membre de l’Académie américaine des sciences, cette manifestation mondiale dédiée à la promotion de la science a débarqué dans un pays africain.

Son instigatrice était présente à Antananarivo pour l’événement.

La ministre malgache de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Marie Monique Rasoazananera et des représentants des autorités scientifiques du pays ont assisté à la table ronde sur la science, la recherche, l’éducation et le développement, qui a précédé les deux journées.

Puisque l’organisation de la Science Hack Day nécessite l’utilisation des équipements informatiques performants, le Centre d’information et de documentation scientifique et technique (CIDST), doté de matériels adéquats, a ouvert ses portes au public.

Ce centre abrite en son sein l’ONG Habaka, un hub d’innovation et d’incubation de startups reconnu sur le continent et dans le monde, dont le premier responsable, Harinjaka Ratozamanana, est l’ambassadeur de la Science Hack Day à Madagascar.

"En tant que tel, il me revient le devoir d’organiser l’événement chez nous selon le souhait de son initiatrice pour le renforcement de la coopération", a-t-il déclaré à SciDev.Net.

Pour la directrice du centre, Marie Laure Rakotoarivelo, "la stratégie nationale de la recherche à Madagascar décrétée en décembre 2013 souligne le rôle et la mission de chacun des centres de recherche, dont CIDST. La valorisation des résultats de recherche figure parmi les nombreuses recommandations. Outre la promotion de la science, cette manifestation rentre justement dans ce cadre".

Ce point de vue a été corroboré par Claudine Ramiarison, directrice générale de la Recherche scientifique au ministère de l'enseignement supérieur.

"Nous avons lancé, il y a moins d’un an, la Stratégie nationale de la recherche dans laquelle l’on parle beaucoup d’innovations. Notre pays a besoin d’énormes potentialités dans ce domaine et il faut les transformer en outils de développement national. La manifestation rentre dans la mise en œuvre de la Stratégie nationale", a-t-elle déclaré à SciDev.Net.

Projets innovants

Elle a regretté que les gens méconnaissent les activités de recherche à Madagascar, étant donné la faiblesse des ressources qui leur sont allouées et estimé que la rencontre de deux jours occasionnée par la Science Hack Day était une occasion pour faire connaître la recherche dans le pays.

Des messages électroniques et de simples informations circulant sur la toile ont poussé les intéressés à venir participer à l’événement.

"Personne ne nous a invités. Nous avons vu les messages sur le net et nous voilà", a remarqué Dieudonné Richard Jean-Michel, étudiant en 4e année dans la filière Télécommunications de l'Ecole supérieure polytechnique d'Antananarivo.

Pour l’occasion, il s’est fait leader d’un groupe ad hoc d’étudiants en télécommunications et en électronique à l’Ecole supérieure polytechnique d’Antananarivo.

A l’instar de sept autres équipes formées à l’issue d'une table ronde organisée le 8 août en prélude à la manifestation, la sienne a eu pour mission de concevoir en quarante-huit heures un projet novateur susceptible d’intéresser les investisseurs et de le présenter à l’assemblée, avant la clôture de la Science Hack Day.

Le projet porte sur la création d’une domotique accessoirement nommée Magic Dog, capable de détecter en temps réel la présence d’un intrus dans une maison et d’en alerter, en "aboyant" comme un vrai chien, le propriétaire, grâce à un système de transmission électronique.

L’utilisation du téléphone Android pour éteindre et allumer les lumières à l’intérieur d’une pièce sans se déplacer est également une des applications possibles de l’invention.

"Les critères de jugement sont basés sur l’adéquation de la proposition aux besoins réels du pays, son originalité, l’esprit d’équipe qui est fondamental pour le développement, l’applicabilité de l’idée chez nous et sa faisabilité", a souligné Claudine Ramiarison, en sa qualité de présidente du jury qui a classé selon l’ordre de mérite les huit propositions conçues en deux jours par de jeunes chercheurs et étudiants malgaches.

Selon elle, la mise en œuvre des projets méritants pourrait bénéficier de l'appui du Fonds compétitif pour la recherche, qui devrait être opérationnel au début de l’année prochaine.

La qualité du projet dépend de la capacité des membres de l’équipe de mettre en commun leurs compétences et de la spontanéité de le concrétiser en court laps de temps (48 heures).

"Notre équipe était composée de deux médecins vétérinaires, d'une informaticienne, d'un électronicien et d'un gestionnaire. En venant ici, nous n’avions aucune idée de ce que nous ferions. Mais après concertation, nous avons décidé de penser à la lutte contre l’insécurité alimentaire chez nous", a expliqué Mamy Rakotoarison, un membre de l’Akoho Zen Team.

Classée deuxième, l’idée de cette équipe repose sur le concept de "ferme intelligente" consistant en l’élevage des poulets (akoho en malgache) de chair, à cycle court, dont les activités sont gérées par un système informatique automatisé permettant ainsi une gestion rationnelle de la production.

L’originalité de la proposition tient au fait qu’il conviendrait d’habituer les poussins à écouter de la musique pour plus de rendement, ce qui a fait beaucoup rire l’assistance lors de la présentation.

"Outre les conditions requises comme la régulation de la température et la lumière, l’introduction de la musique vise à déstresser les volailles et à stimuler leur appétit pour obtenir de bons rendements. Nous avons trouvé sur Internet qu’une recherche était présentée à ce sujet en 1996. Mais personne n’en a donné suite", a expliqué l’équipe.

Le projet intitulé Electronic Anti-Locust ou Lutte antiacridienne électronique, déclaré lauréat de la première édition de la Science Hack Day à Antananarivo, présente lui aussi une grande originalité.

Quatre jeunes étudiants en informatique, électronique, biologie et sociologie en sont les promoteurs.

"L’invasion acridienne est un problème à Madagascar. Après discussion, l’idée de tuer les criquets par les ondes ultrasons a germé", a déclaré Olivarès Ramananjoelina.