06/12/13

Le Sénégal va lancer une université virtuelle en janvier

Computer Keyboard
Crédit image: Flickr/Wayan Vota

Lecture rapide

  • Près de 2000 étudiants sont déjà inscrits, selon le ministère de l‘enseignement supérieur, qui assure que les cours vont démarrer le 1er janvier 2014.
  • Mais les syndicats d'enseignants sont sceptiques quant à la maturité du projet, dans un contexte marqué par l'insuffisance du parc informatique et de nombreux problèmes logistiques, liés notamment à la crise énergétique qui affecte le pays
  • Mais le ministère de l'enseignement assure avoir pris des dispositions pour pallier à ces difficultés: des centres régionaux et départementaux appelés espaces numériques ouverts (ENO) seront créés lors du lancement de l'université.

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En marge de la célébration de la première semaine africaine des TIC au Sénégal, les 3 et 4 décembre 2014, les autorités ont annoncé que l’objectif majeur du projet d’Université Virtuelle du Sénégal (UVS) est de mettre fin à la fuite des cerveaux.

Dans un entretien à SciDev.Net, Mouhamadou Mansour Faye, coordonnateur du projet d’Université Virtuelle du Sénégal, déplore la fuite de cerveaux dont souffrent les régions du Sénégal. Elle oblige "les populations à venir essentiellement vers Dakar pour pouvoir accéder aux études supérieures.

Par cette initiative, nous allons donner un meilleur accès, non seulement aux nouveaux bacheliers qui constituent les cibles prioritaires, mais aussi aux femmes qui trouveront à travers l’UVS un modèle capable de les accueillir et de les maintenir dans l’enseignement supérieur, aux personnes qui ont une mobilité réduite ou qui sont dans l’impossibilité de suivre des enseignements dans les universités traditionnelles et aux exclus du système universitaire traditionnel."

Il convient de noter à cet égard qu'en première année, les taux d’échec frôlent souvent les 70%.

L’UVS vise à répondre à une demande croissante d’accès à l’enseignement supérieur, à réduire les inégalités face à l’accès, à avoir une université qui s’intègre au tissu social et à délivrer des formations en adéquation avec la demande du marché. De manière stratégique, l’UVS envisage de devenir le vecteur de concepts clés de la politique du Sénégal, à savoir la formation pour tous, l’aménagement numérique du territoire et surtout, la position du pays dans l’économie de la connaissance. 

L'UNIVERSITE VIRTUELLE EN BREF
L’Université virtuelle du Sénégal dispose d’enseignants propres et d’un réseau d’enseignants associés liés à elle par un contrat d’association. Des équipes techno-pédagogiques collaborent avec les enseignants pour définir les modalités de livraison des contenus et procéder à la scénarisation et/ou à la médiatisation des contenus.

Des tuteurs peuvent apporter un soutien aux étudiants selon des modalités distancielles ou présentielles. Les devoirs et les examens se font sous surveillance et en présentiel dans les ENO. Le temps de formation est le même que celui des universités publiques traditionnelles. Les modalités sont celles du système Licence, Master, Doctorat.

Les étudiants se rendront ponctuellement dans leurs ENO de rattachement pour y effectuer des activités, rencontrer du personnel d’appui, participer a leurs examens. 

 
Les premières disciplines d’enseignement couvertes par l’UVS sont les mathématiques et l’informatique, la sociologie, les sciences juridiques, les sciences économiques et l’anglais. Par la suite, l’UVS a pour ambition d’étendre rapidement son domaine d’activités à de nombreux autres secteurs liés à la formation et pas encore pris en compte par le dispositif universitaire traditionnel.

Le modèle de livraison des enseignements fait essentiellement appel aux Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), alors que dans le modèle traditionnel, la livraison des enseignements se fait en présentiel, face à face.

En réponse aux inquiétudes du syndicat de l’enseignement supérieur qui se demande comment une université virtuelle peut être installée dans un pays qui souffre d'une fracture numérique avérée et qui fait souvent face à des déficits en énergie électrique, les autorités signalent que le faible accès aux matériels informatiques est pris en charge par les modalités.

Les étudiants se connecteront via leur propre ordinateur ou dans les centres régionaux et départementaux appelés espaces numériques ouvert (ENO) conséquemment équipés.
 
Le Professeur Babacar Guèye, directeur des affaires académiques et juridiques, précise qu’au niveau local, ces espaces seront des terminaisons physiques à partir desquelles l’université va interagir avec les étudiants, les communautés et  tout son environnement.

"Les ENO sont des bâtiments R+1 équipés de 200 ordinateurs connectés à Internet 24h/24. A terme, le réseau des ENO va se densifier dans les différents départements du pays pendant les dix prochaines années pour parvenir à un maillage optimal du territoire sénégalais." L’UVS apparaît de ce fait comme un élément majeur de l’aménagement numérique du territoire national.
 
Le gouvernement compte sur des programmes nationaux tels que le programme d’acquisition d’ordinateurs "SAMA PC" (« mon pc », en langue wolof) pour faciliter l’accès au matériel informatique des étudiants sénégalais.
 
L’Université virtuelle africaine qui a accumulé une solide expérience dans ce domaine, soutient l’UVS notamment dans le domaine de la gouvernance administrative, technologique et pédagogique. Elle fournira l’accès à certains enseignements et à certaines de ses ressources documentaires numériques dans le cadre de sa collaboration avec plusieurs universités africaines.
 
En attendant la construction du siège physique de l’UVS, prévue sur le site de Diamniadio, à 30 km de Dakar, le ministère de l’Enseignement Supérieur a décidé d’héberger l’UVS sur des sites provisoires dans la capitale.