21/03/14

Faible participation des chercheurs ivoiriens au Prix national de la recherche

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Crédit image: Flickr/DFAT

Lecture rapide

  • Les éditions 2012 et 2013 du Prix de la Recherche scientifique ont connu une participation modérée en Côte d'Ivoire
  • Selon certains chercheurs, cette situation est due à la faiblesse des moyens affectés à la recherche scientifique
  • Le ministère ivoirien de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique annonce des mesures pour susciter davantage d'émulation au sein de la communauté scientifique.

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[ABIDJAN] Selon le directeur général de la Recherche scientifique au ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique de Côte d'Ivoire, Séraphin Kati-Coulibaly, les chercheurs ivoiriens ne se bousculent pas pour le prix national annuel de la recherche scientifique.

"L’édition de cette année, tout comme celle de 2012, n’a enregistré qu’une participation relativement faible", a confié Séraphin Kati-Coulibaly à SciDev.Net.
 
Selon  le responsable ivoirien, cette "désaffection" des chercheurs ivoiriens est observée depuis trois ans.
 
Pourtant, la Côte d’Ivoire compte cinq universités publiques et plus d’une trentaine de centres de recherches nationaux.
 
Selon les responsables de l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, la plus grande du pays, l’établissement compte à elle seule 1729 enseignants chercheurs en 2014.
 
"L'institution disposait, avant les années 1990, d'une production scientifique de 3 876 thèses et de 530 DEA", révèle la présidente de cet établissement, Bakayoko Ly Ramata.
 

Faibles moyens

 
Mais qu'est-ce qui empêche donc les chercheurs ivoiriens de participer activement au Prix national de la recherche, en dépit de cet imposant dispositif? 
 

“Nous faisons de la recherche pour évoluer dans notre carrière d'enseignant ou de chercheur.”

Germain Koffi, chercheur

Selon Germain Koffi, enseignant-chercheur à l’Université d’Abobo-Adjamé, la désaffection des chercheurs est due au fait que la grande majorité des chercheurs n'ont pas de ressources nécessaires pour mener des travaux.
 
"Nous faisons de la recherche pour évoluer dans notre carrière d'enseignant ou de chercheur. Mais, en général, on ne fait pas de la recherche dont les résultats peuvent être directement utilisés dans le pays", a-t-il indiqué. Avant de préciser qu’au niveau du concours national de la recherche scientifique, il s’agit de travaux qui peuvent être directement utilisés pour le développement du pays.  
 
Directeur du Laboratoire de physiologie animale à l'unité de formation et de recherche (UFR) Biosciences de l'université Felix Houphouët Boigny d’Abidjan-Cocody,  Flavien Traoré  est du même avis, lorsqu’il affirme que les chercheurs ivoiriens manquent de ressources financières et d’outils de pointe pour accomplir leur mission.
 
"L'université ne dispose pas d'une ligne budgétaire consacrée à la recherche", a-t-il expliqué à SciDev.Net. Selon lui, même les voyages d'études qui permettent une certaine mobilité du chercheur et contribuent à sa mise à niveau sont en nombre insuffisant.
 
"A l'université de Cocody, qui compte plus de 1500 chercheurs, il y a, en moyenne 30 à 40 voyages d'études par an", déplore l'universitaire.
 

Réformes

 
Pour sa part, la directrice de cabinet du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Edmée Mansilla-Abouattier, annonce des "réformes" pour susciter une plus "grande émulation" au sein des scientifiques ivoiriens afin d'accroître la participation des chercheurs à ce concours national, dans les années à venir.
 
Créé par décret présidentiel n°95-844 du 04 octobre 1995, le prix de la recherche scientifique a pour objectif d’instaurer une veille scientifique et technologique et de favoriser le transfert des résultats de recherche aux opérateurs économiques et sociaux.
 
Il récompense les travaux récents, publiés sur des supports scientifiques accessibles.
 
Les travaux proposés doivent élargir les dimensions de la connaissance scientifique universelle et participer, de façon significative, au développement économique, social et culturel de la Côte d’Ivoire.
 
"Ce prix ne prend en compte que les travaux achevés et publiés. Les projets de recherche ne sont pas acceptés", a déclaré Mme Abouatier à SciDev.net.
 
Pour l’enseignant-chercheur Albert Yao Kouassi de l’Université Felix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, le prix de la recherche scientifique doit être soutenu.
 
Il permet, selon lui, "d’accompagner l'excellence dans le domaine de la recherche scientifique et de l'innovation technologique."