29/08/16

Ebola : une carte redéfinit les zones à risque en Afrique

Ebola Map 1
Crédit image: Mammal Review

Lecture rapide

  • La biogéographie permet de délimiter une zone à risque plus large que la précédente
  • La liste des animaux vecteurs de la maladie est aussi réévaluée, passant de 18 à 64
  • Selon les chercheurs, cette étude aide à renforcer les mesures de prévention

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Les chercheurs du Centre international de recherche sur les forêts (CIFOR) et de l’Université de Malaga en Espagne, se sont servis pour la première fois de la biogéographie pour mettre au point une carte de la propagation du virus Ebola et établir une liste de plus de 60 animaux sauvages qui portent la maladie.
 
Publiés le 6 juin 2016, dans Mammal Review, les résultats de leur étude, fournissent de nouvelles informations sur la façon dont le virus Ebola est distribué dans la nature, avant qu'elle ne soit transmise de l'homme à l'homme, selon Jesús Olivero du département de biologie animale de l’Université de Malaga, joint par SciDev.Net.
 

“Si le climat change, la répartition du virus pourrait être modifiée, et les zones à risque pourraient ensuite se déplacer vers d'autres endroits. Avec les connaissances actuelles, cependant, nous ne pouvons pas dire si une augmentation de la température va augmenter ou réduire le risque d'épidémies de la maladie à virus Ebola.”

John E. Fa
Chercheur, université métropolitaine de Manchester

  
"Nous avons constaté qu'il y a une contribution significative de la biogéographie des mammifères à la distribution du virus Ebola en Afrique, bien que la végétation puisse aussi souligner des limites claires à la présence du virus. Par rapport aux études précédentes, nos analyses concluent que les zones favorables à la présence du virus Ebola dans la faune peuvent être plus répandues qu'on ne le pensait, en particulier à travers les zones côtières de l'Afrique occidentale et centrale, l'étirement du Cameroun à la Guinée, et plus à l'est dans l'est de la région des Grands lacs d'Afrique", explique Jesús Olivero qui est aussi l’auteur principal de cette étude.
 
"Nos résultats indiquent également que la zone la plus favorable pour le virus Ebola coïncide avec les régions dans lesquelles le virus a été détecté chez les animaux sauvages. En revanche, les infections humaines peuvent difficilement être liées à des sources animales connues dans la zone intermédiaire favorable pour le virus", ajoute-t-il.
 
En examinant une gamme variée de proches parents de mammifères connus qui sont morts de la maladie ou qui ont été infectés par le virus Ebola, les chercheurs en sont arrivés à conclure que les chauves-souris seules ne sont pas responsables du transport du virus, prédisant ainsi une large zone potentiellement favorable pour le virus supérieur à celle qu’indiquent les cartes précédentes.
 
Selon John E. Fa, de l’université métropolitaine de Manchester (Royaume-Uni), et chercheur senior au CIFOR, 18 espèces animales (primates, rongeurs, chauves-souris et ruminants) étaient connues pour avoir un contact direct avec le virus Ebola.
 
Mais, dit-il, la liste s’élargit au regard des nouvelles analyses qui indiquent un type de distribution relative à la présence du virus Ebola chez 64 mammifères.
 
"Ce n'est pas une liste des espèces qui transportent le virus aujourd'hui ; ceci est un guide pour les enquêtes futures dans la recherche des réservoirs de virus d'Ebola et des espèces potentiellement sensibles", précise ce chercheur.
 Ebola map 
Si cette étude ne peut expliquer pourquoi la maladie à virus Ebola a fait plus de dégâts en Afrique de l'Ouest qu'en Afrique centrale où elle avait pourtant été découverte il y a longtemps, son modèle et ses conclusions appuyées d’une carte, montrent que le climat est le principal moteur de la présence du virus Ebola dans la nature.
 
"Si le climat change, la répartition du virus pourrait être modifiée, et les zones à risque pourraient ensuite se déplacer vers d'autres endroits. Avec les connaissances actuelles, cependant, nous ne pouvons pas dire si une augmentation de la température va augmenter ou réduire le risque d'épidémies de la maladie à virus Ebola. La réalisation des modèles prédictifs est parmi nos plans dans un proche avenir", souligne John E. Fa.
 
Au passage, les chercheurs pensent qu’une lutte contre la propagation du virus sur d'autres espèces animales "n’est probablement pas la meilleure façon d'éviter la flambée de la maladie parmi les populations humaines".
 
Toutefois, ils estiment que si un jour l’on arrive "à la compréhension détaillée des espèces impliquées dans le cycle du virus Ebola, on aura des chances de diminuer le risque de nouveaux foyers".
 
Pour l’instant, cette carte de répartition du virus Ebola peut servir à "délimiter le contexte géographique des futures analyses en ce qui concerne les régions dans lesquelles les populations humaines risquent d'être infectées, et sur les facteurs qui peuvent faciliter la transmission du virus des animaux aux humains".
Cette donnée, précise Jesús Olivero est capitale pour le développement de systèmes d'alerte précoce visant à optimiser l'efficacité des mesures de prévention.

Références

L'étude complète en anglais est disponible ici: http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/mam.12074/full