02/04/12

OMD: l’accès à l’eau potable, un objectif loin d’être atteint

Crédit image: World Bank

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[ADDIS-ABEBA] Selon une nouvelle étude, la non prise en compte de la qualité de l'eau dans l'évaluation des progrès sur l'objectif du Millénaire pour le développement (OMD) en matière d'accès à l'eau potable fait paraître certains pays comme plus proches du but qu'ils ne le sont.

L'UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l'enfance) et l'OMS assurent de concert le suivi des progrès vers cet objectif à travers le Programme commun de suivi (PCS), qui classifie les sources d'eau en deux catégories : les sources « améliorées » et les sources « non améliorées ».

Les premières sont supposées « saines ». Il s'agit notamment de l'eau conduite par canalisation vers les maisons et les cours, des fontaines publiques, des puits protégés et des eaux de pluie collectées. Les sources non améliorées, qui sont jugées « non saines », incluent les puits et sources non protégés, l'eau distribuée par camions-citernes, et l'eau des rivières, des barrages, des lacs et des canaux.

Des chercheurs du Centre de recherche sur l'eau et la santé de l'Université de Bristol, au Royaume-Uni, ont analysé les résultats d'enquêtes menées en 2004-2005 par l'OMS et l'UNICEF dans cinq pays, dont l'Ethiopie et le Nigéria.

En s'intéressant à l'une des conclusions tirées de ces enquêtes OMS/UNICEF, ils ont constaté que plusieurs sources d'eau « améliorées » montraient une contamination microbienne et chimique. Ils ont pris en compte les données pertinentes disponibles pour recalculer les pourcentages de la population ayant accès à l'eau « potable ».

Publié dans le Bulletin de l'Organisation mondiale de la santé (mars 2012), leur travail a permis de revoir considérablement à la baisse l'évaluation des progrès vers l'atteinte de cet OMD dans quatre pays sur cinq étudiés. En Éthiopie, le chiffre national a été revu à la baisse de 11 pour cent. Au Nicaragua, il a subi une baisse de 16 pour cent et au Nigéria, 15 pour cent.

« L'évaluation 2012 du PCS en matière d'accès à l'eau potable et d'assainissement affirme que [l'OMD] en matière d'eau potable a été atteint. Toutefois, nos recherches montrent que si la qualité de l'eau était prise en compte, comme nous pensons qu'elle devrait l'être, les progrès accomplis seraient revus substantiellement à la baisse », insiste Robert Bain, co-auteur de l'étude.

Les chercheurs soulignent que les données relatives à la qualité de l'eau ne sont pas toujours disponibles -ou fiables.

Bain ajoute que les données sur la qualité de l'eau sont collectées dans les pays où les études ont été menées et il relève que l'un des objectifs de l'étude est de déterminer si ces données nationales peuvent être utilisées pour établir des rapports au niveau mondial. Mais l'étude a conclu que l'évaluation de la qualité de l'eau dans ces données n'était pas toujours conforme aux normes nationales ou internationales.

« La plupart des pays fondent leurs normes nationales pour la qualité de l'eau potable sur les Directives de qualité pour l'eau de boisson, publiées par l'Organisation mondiale de la santé. Bien que ces normes soient les mêmes dans plusieurs pays, il existe quelques disparités d'un pays à l'autre », précise-t-il.

« La question de la qualité de l'eau bénéficie d'une d'attention croissante. L'organisation mondiale de la santé s'est vu demander de se préoccuper de la qualité de l'eau dans ses efforts futurs de suivi. »

En 2010, un rapport officiel national concluait que l'Ethiopie était en bonne voie pour atteindre cinq des OMD, dont l'accès à l'eau potable.

Marew Assefa, étudiant en sciences de l'environnement à l'Université d'Addis-Abeba, affirme quant à lui que la qualité de l'eau est particulièrement mauvaise dans les zones rurales éthiopiennes présentées comme ayant accès à l'eau potable. Il estime que les conclusions de l'étude reflètent donc la réalité.

Toutefois, dans un entretien mené avec SciDev.Net et sous couvert d'anonymat, un responsable du Programme des Nations Unies pour le développement en Ethiopie a critiqué l'équipe de l'Université de Bristol pour avoir choisi uniquement la qualité de l'eau parmi de nombreux critères d'évaluation de l'accès à l'eau potable.

Il soutient que l'Ethiopie n'aura aucun problème à atteindre l'objectif du Millénaire en matière d'accès à l'eau potable, mais il a tenu à relever qu'il restait à faire pour atteindre l'OMD en matière d'assainissement.

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Références

Bulletin of the World Health Organization doi: 10.2471/BLT.11.094284 (2012)