17/11/11

Un rapport met en lumière une contradiction dans la recherche agricole

De meilleures techniques de stockage pourraient améliorer l'offre alimentaire tout en réduisant les émissions Crédit image: Flickr/CIMMYT

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Les efforts d’augmentation de la production alimentaire se heurtent à ceux de réduction des émissions de gaz à effet de serre dues aux activités agricoles, selon un groupe de scientifiques internationaux.

D’après des scientifiques membres d’une commission indépendante, la recherche agricole pour renforcerla sécurité alimentaire dépend souvent des technologies d’augmentation des rendements et d’intensification des cultures, activités qui occasionnent des émissions de gaz à effet de serre nuisibles pour l’environnement et contribuant à aggraver les effets des changement climatiques.

Dans le même temps, d’autres projets de recherche œuvrent pour la réduction des émissions par le secteur agricole de ces gaz nocifs.

La production agricole, surtout l’agriculture intensive, est responsable du quart des émissions de gaz à effet de serre dans certains pays. Cette semaine (16 novembre), les membres de la Commission sur l’agriculture durable et le changement climatique, initiative du partenariat mondial pour le financement de la recherche, le Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR), ont déclaré que les grands projets de recherche agricole notamment en Afrique, continuent de mettre l’accent uniquement sur des solutions produisant des quantités élevées de gaz à effet de serre.

Les membres de la Commission s’exprimaient après le lancement de leur rapport intitulé ‘Assurer la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique’, dans une version résumée qui précède le rapport complet qui sera publié l’an prochain. Ils espèrent que leurs recommandations seront prises en compte dans les préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20) qui se tiendra au Brésil en juin prochain.

L’intensification de la production alimentaire doit s’accompagner d’une action concertée pour la réduction des émissions dues aux activités agricoles afin d’éviter l’accélération des changements climatiques et mettre en danger la viabilité à long terme de l’agriculture mondiale, affirment-ils.

Judi Wakhungu, membre de cette commission et directeur exécutif du Centre africain d’études technologiques au Kenya estime que ‘nous avons besoin d’intégrer la sécurité alimentaire et le développement durable dans les politiques internationales et nationales’.

Pourtant, selon les membres de la commission, ni la COP17, la dix-septième Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui se réunira en Afrique du Sud à compter du 28 novembre prochain, ni le travail fait dans le cadre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) ne se penche sur la question de l’intensification de l’agriculture durable et ses conséquences sur les changements climatiques.

La science se doit donc d’être plus interdisciplinaire si elle veut résoudre ces deux problèmes en même temps.

‘Nous aimerions que les grands projets de recherche agricole soient plus diversifiées pour ce qui est des techniques employées’, explique Wakhungu.

‘Il existe plusieurs méthodes pour augmenter les rendements de façon durable qui présentent des avantages pour le climat. Ainsi, les techniques comme la gestion intégrée des cultures aide les agriculteurs à s’adapter aux changements climatiques et à la rareté des ressources en utilisant des méthodes alternatives d’arrosage et de séchage et la fertilisation équilibrée qui diminue les émissions de méthane et de bioxyde nitreux, réduisant ainsi les quantités d’engrais utilisées’.

Et les techniques d’agroforesterie permettent la production alimentaire sous pleine canopée d’arbres qui offre aux sols appauvris de nouvelles sources abondantes de nutriments et accroît les rendements.

Un autre membre de la Commission, Megan Clark, directrice exécutive de l’Organisation du Commonwealth pour la recherche scientifique et industrielle (CSIRO) en Australie estime que ‘nous pouvons améliorer les systèmes racinaires pour les rendre plus efficaces dans l’absorption de tout ce qui est appliqué sur le sol afin que des quantités réduites d’engrais soient appliquées directement à la plante’.

Elle ajoute néanmoins qu’une meilleure utilisation des ressources constitue aussi une approche importante. Environ un tiers de la production alimentaire destinée à la consommation humaine est perdu à cause de techniques de stockage, des infrastructures ou des techniques agricoles et de transformation inadaptées.

Selon la Commission, il faut une meilleure information ‘en temps réel’ sur l’utilisation des terres, les marchés et les besoins des populations pour accompagner la recherche sur les cultures résistantes aux changements climatiques et offrant de meilleurs rendements.

Lien vers le résumé du rapport, ‘Assurer la sécurité alimentaire dans un contexte de changements climatiques