22/03/10

Un régime de micro-assurance pour les agriculteurs kenyans

Les indemnisations sont transférées à des agriculteurs kenyans via la téléphone mobile Crédit image: Jeff Haskins

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[NAIROBI] Les petits agriculteurs kenyans souscrivent des polices de micro-assurance contre les pertes de récoltes dans le cadre d’un système d’assurance lancé ce mois (mars) combinant le transfert de fonds par téléphone mobile et l’utilisation de stations météorologiques automatiques.

Ce projet, baptisé Kilimo Salama, une expression en swahili signifiant « agriculture sans risque », vise à apporter aux petits exploitants kenyans une garantie   de type « pay as you plant » (paiement en fonction de la superficie), pour qu’en cas de perte de récoltes, ils puissent poursuivre leurs activités la saison suivante.

Des exploitants ayant des petites superficies, un hectare par exemple, paient un surcroît de cinq pour cent de la valeur des semences à améliorer, des produits chimiques et des engrais vendus par des négociants  partenaires du projet Kilimo Salama.

Les distributeurs scannent un code-barre à l’aide de la camera d’un téléphone portable au moment de l’achat des produits et enregistrent immédiatement les références de l’assurance auprès de l’assureur UAP par le biais du réseau mobile de l’opérateur Safaricom. Les agriculteurs reçoivent ensuite confirmation de la police d’assurance par SMS.

Pour souscrire, les agriculteurs doivent au préalable être enregistrés auprès de l’une des 30 stations météorologiques à énergie solaire couvrant chacune un rayon de 15 à 20 kilomètres.

Sur la base des données recueillies par ces stations et des besoins en eau des cultures, le système détermine les cas de sécheresse grave, ou de pluviométrie excessive, pour que les agriculteurs soient indemnisés pour les récoltes perdues. Les agriculteurs éligibles reçoivent alors directement leur indemnisation par le biais d’un système de transfert de fonds par téléphonie mobile.

Les agriculteurs africains dépendent étroitement de l’agriculture mais leur production a baissé au cours des dernières décennies à cause de l’appauvrissement du sol, et plus récemment, de conditions climatiques extrêmes.

« C’est une très grande innovation de savoir si les mauvaises récoltes sont dues à une pluviométrie insuffisante ou à des pluies excessives », déclare John Barorot, Directeur technique de Safaricom.

Jusqu’à présent, 9.500 agriculteurs ont souscrit à ce régime d’assurance, mais James Wambugu, Directeur général de l’UAP espère pouvoir convaincre 50.000 agriculteurs kenyans.

« Nous sommes convaincus que Kilimo Salama peut révolutionner l’assurance et la rendre accessible aux agriculteurs » a-t-il déclaré.

« En utilisant des stations météorologiques pour vérifier les conditions climatiques locales, nous évitons de longues procédures de réclamation qui ont créé un climat de méfiance et conduit les gens à ne pas s’assurer. C’est pourquoi cette stratégie est susceptible de rendre la micro-assurance abordable et attractive pour les petits exploitants et économiquement viable pour les compagnies d’assurance des pays en développement qui jusqu’à présent excluaient le secteur agricole de leur portefeuille ».

Jane Gathoni Simon, une petite exploitante kenyane déclare au Réseau Sciences et Développement: « C’est une bonne idée parce que si vous perdez vos récoltes, vous percevez une aide pour acheter les produits agricoles pour la saison suivante ».

Kilimo Salama est un partenariat entre l’assureur africain UAP, la Fondation Syngenta pour une agriculture durable basée en Suisse, les sociétés agro-industrielles MEA Fertilizers et Syngenta Afrique de l’Est, Sarl., toutes les deux basées à Nairobi au Kenya ; l’opérateur kenyan de téléphonie mobile Safaricom, et le Service météorologique du Kenya.