05/07/13

Les politiques agricoles durables: un couteau à double tranchant

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Crédit image: Flickr/CIMMYT

Lecture rapide

  • Les petits exploitants agricoles peuvent augmenter leurs revenus en utilisant un ensemble de pratiques durables
  • Mais ce faisant, ils augmentent la charge de travail des femmes
  • Les analystes estiment que l'agriculture doit s'adapter aux besoins des femmes

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Selon une étude, l’adoption de pratiques agricoles durables (PAD), telles que l’utilisation de graines améliorées de maïs et la préparation du sol à l’aide des récoltes des saisons passées, peut contribuer à l’augmentation des revenus des petits exploitants, mais augmente la charge de travail des femmes.
 
En Afrique sub-saharienne, les petits exploitants agricoles sont souvent encouragés par des organismes nationaux et internationaux à adopter des pratiques agricoles durables (PAD), individuelles ou combinées.

Mais les chercheurs du Centre International d’amélioration de la culture de maïs et de blé (CIMMYT) au Kenya et ceux de l'Université de Göteborg en Suède, soutiennent que peu d’informations sont disponibles quant à l’impact des pratiques agricoles durables (PAD) sur les revenus ou la charge de travail, ou sur le besoin pour les agriculteurs d’adopter des technologies isolées ou une combinaison de technologies.

Leur recherche a été basée sur une enquête auprès des ménages, réalisée entre octobre et décembre 2010, sur un échantillon de 900 ménages disposant de 1.644 parcelles de maïs cultivables, dans trois régions de l'Ethiopie.

Ils ont comparé les revenus de l’exploitation du maïs suivant huit scénarios différents: trois PAD, trois combinaisons de deux PAD, une combinaison des trois pratiques, et un scénario de contrôle n’utilisant aucune des pratiques. Ils ont également comparé la charge de travail pour les hommes et les femmes.

«Nous avons constaté que les producteurs pourraient augmenter leur revenu de l’exploitation du maïs de 43 à 85 pour cent, tout en améliorant leurs terres, en utilisant de simples pratiques agricoles abordables avec des variétés améliorées de maïs», affirme Menale Kassie, auteur correspondant et économiste au CIMMYT.

Mais le résultat présente aussi des inconvénients pour les femmes.

«Dans presque tous les cas, l'adoption de pratiques agricoles durables (PAD) conduit à passer plus de temps à travailler sur la ferme pour les femmes que pour les hommes », écrivent les chercheurs, dans l'étude, publiée dans Ecological Economics (7 mai).

Les résultats ont montré que l'adoption de ces trois PAD s’est traduite par un temps de travail de 11 jours par hectare pour les femmes, contre cinq pour les hommes.
 
Les chercheurs écrivent que cela pourrait détourner le temps de travail des femmes d’activités telles que la cuisine et la garde des enfants, affectant négativement les ménages.

Lucy Wangare Ngare, économiste agricole et maître de conférences à l'Université Kenyatta au Kenya, explique à SciDev.Net que l'étude met en lumière le récent appel lancé aux agriculteurs, invités à adopter de multiples PAD ; mais elle ajoute que les chercheurs devraient élargir leur recherche à l’examen des effets de l'adoption de plusieurs autres technologies agricoles.

«La recherche est bonne parce que, tout en nous donnant une idée des effets positif de l'adoption de PAD sur les revenus, elle nous dit d’en faire davantage pour le bien-être des femmes», explique encore Lucy Wangare Ngare.

Berhanu Gebremedhin, économiste agricole à l'Institut Livestock Research International, basé en Ethiopie, affirme que l'augmentation des revenus résultant de multiples PAD suggère qu'elles sont complémentaires, se référant à des résultats similaires en Afrique australe.

Mais il ajoute que souvent en Afrique subsaharienne, les femmes cultivent la terre à mains nues. «Les technologies réputées favorables aux femmes, y compris l'utilisation d'herbicides au lieu du désherbage à la main, devraient être encouragées», dit-il.

Lien vers le résumé dans Ecological Economics

Cet article a été rédigé par le bureau Afrique sub-saharienne de SciDev.Net.

Références

Ecological Economics doi:10.1016/j.ecolecon.2013.05.002 (2013)