15/02/10

Les engrais peuvent compenser les effets de la chaleur sur l’agriculture africaine

Armés des bonnes pratiques, les agriculteurs africains peuvent prospérer – et ce en dépit des changements climatiques Crédit image: Flickr/vredeseilanden

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[NAIROBI] Selon certains chercheurs, les petits exploitants agricoles africains dans les régions sèches peuvent surmonter les changements climatiques et même doubler leur production agricole s’ils investissent dans l’utilisation des engrais et recueillent les eaux de pluie.

Les agriculteurs dans les zones arides et semi-arides se protègent habituellement des pertes liées au climat en investissant aussi peu que possible dans les intrants agricoles tels que les engrais.

Or, selon les chercheurs de l’Institut international de Recherche sur les Cultures pour les Tropiques semi-arides (ICRISAT), une telle stratégie ne leur permet pas de saisir les opportunités de grands rendements lors des bonnes saisons.

Les chercheurs ont introduit des paramètres influant sur la croissance des cultures – comme les précipitations, le type de sol et le type de culture dans une région particulière – dans un programme informatique baptisé Simulateur de Système de Production agricole, dans le but de présenter l’impact de la hausse des températures sur la production agricole partout en Afrique.

Ils ont constaté que les changements climatiques n’affecteraient pas nécessairement négativement la production de cultures. A condition que la pluviométrie ne soit pas affectée, les agriculteurs qui utilisent efficacement les engrais et se servent du paillis pour retenir l’eau dans le sol pour de plus longues périodes, pourraient doubler leurs rendements, et ce même avec des augmentations des températures allant jusqu’à trois degrés Celsius. 

Le modèle utilisé pour Makindu, dans l’est du Kenya, a révélé que si les agriculteurs utilisaient des déchets des cultures de maïs comme paillis et faisaient usage d’une technique appelée billonnage intégré (‘tied ridging’, en anglais), dans lequel le sol est façonné de manière à diriger l’eau vers les cultures, une production agricole plus élevée était possible à trois degrés Celsius.

ICRISAT suggère que les agriculteurs utilisent environ 20 kilogrammes d’azote par hectare – par rapport à la moyenne actuelle qui est de cinq kilogrammes – et qu’ils varient les cultures de rente avec des légumineuses comme l’arachide et le haricot.

Pour Karuturi Rao, un directeur de recherche à l’ICRISAT,  "[le modèle] est un outil puissant pour déterminer comment les changements climatiques vont influer sur la croissance des cultures et le rendement".

Pour Peter Cooper, chercheur principal de l’ICRISAT pour l’Afrique orientale et australe, ces recherches montrent que les changements climatiques ne seront pas forcément une catastrophe pour un agriculteur qui s’y prépare, et que grâce à ces techniques, les agriculteurs africains peuvent continuer à prospérer.

Cooper a exhorté les dirigeants africains à prendre la production alimentaire plus au sérieux et à accorder la priorité à l’agriculture – en mettant en place, par exemple, des politiques visant à assurer une réduction des coûts des engrais.

"Il faudrait faire davantage pour soutenir les petits agriculteurs de sorte qu’ils puissent améliorer leur production agricole. C’est une bonne chose que les gouvernements commencent maintenant à jeter un oeil sur l’agriculture, mais ils devraient faire plus – leurs efforts sont insuffisants".