19/08/08

Les eaux usées ‘largement utilisées’ dans l’agriculture urbaine (étude)

Un agriculteur nettoie des aliments dans une rivière alimentée par des eaux usées au Mexique Crédit image: IWMI

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[BEIJING] Selon l’Institut international de Gestion des Ressources en eau (IWMI), plusieurs grandes métropoles du monde en développement utilisent les eaux usées non traitées ou partiellement traitées dans l’agriculture périurbaine comme eau d’irrigation.

Dans un rapport qui a été rendu public hier (18 août) au cours de la Semaine internationale de l’eau à Stockholm en Suède, l’IWMI insiste sur la nécessité d’élaborer des mesures pratiques pour l’utilisation des eaux usées tout en évitant les risques potentiels pour l’environnement et la santé.

Les eaux usées, principalement produites dans les villes, sont directement utilisées pour pallier le manque d’eau d’irrigation dans plusieurs pays en développement. Selon l’IWMI, plus de 20 millions d’hectares de terres agricoles dans le monde en développement sont irriguées grâce aux eaux usées.

Cette étude porte sur 53 villes d’Afrique, d’Asie, d’Amérique latine et du Moyen-Orient. Elle conclut que plus 80 pour cent des villes étudiées affectent les eaux usées non traitées ou partiellement traitées à l’irrigation.

Les eaux usées peuvent contenir de grandes quantités d’éléments nutritifs pour les cultures telles que l’azote et le phosphore, ce qui permet aux agriculteurs d’économiser sur les prix des engrais. Toutefois, les eaux non traitées sont également susceptibles de contenir de grandes quantités de polluants organiques ou de métaux lourds pouvant rentrer directement dans la chaîne alimentaire à travers l’irrigation.

Néanmoins les auteurs ne recommandent pas l’interdiction ou la limitation de cette pratique par l’application de critères plus draconiens d’utilisation des eaux usées. En effet, les mauvaises infrastructures et le manque de moyens financiers dans les pays en développement seraient un frein à ce type de mesures et auraient un impact négatif sur les agriculteurs dont l’activité dépend des eaux usées.

Ils estiment, au contraire, qu’il est possible de réduire les risques sanitaires de l’utilisation des eaux usées dans l’agriculture. Par exemple, au Ghana, en Indonésie, au Népal et au Vietnam, les agriculteurs stockent les eaux usées dans des étangs pour permettre aux particules solides en suspension de se déposer avant leur utilisation pour l’irrigation.

Les auteurs de cette étude estiment qu’il faudrait que les Objectifs du Millénaire (OMD) pour le développement en matière d’eau potable associent plus étroitement les stratégies et les investissements en matière d’approvisionnement d’eau avec ceux liés à l’assainissement.

David Molden, Directeur général adjoint de l’IWMI chargé de la recherche a déclaré au reporter de SciDev.Net que « les OMD doivent, à juste titre, comporter un objectif sur l’assainissement, mais également traiter de l’évacuation des eaux usées pour une utilisation productive et protectrice de l’environnement en cas de réutilisation, s’il y a lieu ».

Pour Feng Shaoyuan, Directeur du Centre chinois de recherche sur les eaux agricoles, le rapport met l’accent sur la nécessité de meilleures politiques de régulation de l’agriculture irriguée par les eaux usées.

« Par exemple, on ne doit recourir à l’irrigation par les eaux usées que pour la foresterie, les fourrages et les cultures non alimentaires. Par ailleurs, l’irrigation aux eaux usées ne doit pas être pratiquée près de sources d’eau potable pour éviter toute contamination, » a-t-il précisé au reporter de SciDev.Net.     

« Avec ces politiques, l’impact de l’utilisation des eaux usées sur la santé et l’environnement peut être substantiellement réduit ».

Lien vers le rapport complet [528kB]