09/05/11

Le café résisant aux maladies a du mal à sortir des laboratoires ougandais

L'Ouganda est le deuxième producteur africain de café Crédit image: Flickr/gipukan (rob gipman)

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[KAMPALA] Selon certains scientifiques, les producteurs de café ougandais sont en train de passer à côté de variétés améliorées et capables de résister aux maladies, ayant été développées il y a trois ans, car un manque de financement du gouvernement empêche de les lancer.

De nouvelles variétés de café résistent à la maladie fongique du flétrissement du café (CWD), qui a détruit près de 200 millions de plantations dans le pays, soit une perte annuelle de 27 millions de dollars américains (20 millions d'euros), selon des statistiques de l'Uganda Coffee Development Authority.

Le gouvernement ougandais n'est toutefois pas parvenu à allouer le million de dollars américains (0,72 million d'euros) nécessaire pour lancer rapidement la production de nouveaux plantules issus de variétés résistantes, selon des scientifiques du Coffee Research Institute (CORI) dirigé par l'État.

Les sept meilleures variétés, appelées kituza R1–7, conçues par le CORI, ont des traits qui leur permet de résister à la CWD.

Pascal Musoli, chercheur en chef sur le projet du CORI, a déclaré que lʹépidémie s'était déclarée dans la partie occidentale de l'Ouganda en 1993 et qu'elle avait, depuis, ravagé les plantations de café robusta, la variété la plus exportée du pays.

"En 2002, le ministère de l'Agriculture et la National Agricultural Research Organisation (NARO) ont enquêté dans le pays pour déterminer l'étendue de la diffusion de la CWD et les dommages qu'elle a causés. Ils ont constaté que plus de 50 pour cent des plantations ont été dévastées", a déclaré P. Musoli.

D'après lui, les scientifiques ont cherché des gènes résistants dans les plants cultivés, parmi une vaste collection de germoplasmes dont la NARO disposait, et en 2007, plusieurs traits, ayant été identifiés dans les variétés plantées dans les années 1930, ont pu être sélectionnés.

"En ayant recours à la culture traditionnelle, nous avons croisé ces traits aux variétés de café robusta prédisposés, afin de stimuler leur immunité contre les bactéries", a-t-il indiqué à SciDev.Net.

Africano Kangire, Directeur du CORI, a déclaré que l'institut souhaitait obtenir deux millions de plantules, qui correspond à leur capacité actuelle maximale estimée, grâce à la culture des tissus.

"C'est la technique la plus rapide. À partir d'une seule feuille, nous pouvons obtenir plus de 3 000 plantules et il est possible de produire 150 000 plantules supplémentaires par an à partir d'une seule plantule".

Il a indiqué que son groupe de recherche devait désormais faire pousser assez de plantules résistantes pour en arriver au stade où le secteur privé souhaiterait intensifier la production.

James Musule, exploitant de café dans le centre de l'Ouganda, a signalé que les agriculteurs attendaient avec impatience la nouvelle variété, étant donné que la CWD continue à ravager les arbustes qui leur restent.

"Lorsque nous en avons entendu parler, nous nous attendions à ce que les législateurs soutiennent rapidement sa multiplication massive et sa diffusion", a indiqué J. Musule qui préside la Namayumba Coffee Farmers' Association.

Selon Okasai Opolot, Directeur des ressources en cultures au ministère de l'Agriculture, la priorité doit être mise sur la diffusion rapide de ces nouvelles variétés, mais le parlement n'a pas encore approuvé les budgets ayant été proposés concernant la multiplication massive.

"Nous avons toujours prévu un budget pour cela, mais les membres du parlement n'ont pas compris la rapidité avec laquelle ces variétés peuvent faire évoluer positivement l’avenir des producteurs de café. Nous ressentons également combien la situation est critique", a-t-il déclaré.

Il a indiqué que le ministère avait demandé les fonds pour le budget 2011/12. "Nous espérons que, cette fois-ci, les fonds nous serons alloués rapidement. Nous sommes optimistes quant au fait que nous en disposerons vers la fin de l'année 2011".