07/12/12

La pluviométrie comme indicateur de la fièvre de la Vallée du Rift

Crédit image: CDC/William Brogdon

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[DAKAR] Au moment où la Mauritanie subit une épidémie mortelle de fièvre de la Vallée du Rift (FVR), des chercheurs tentent d’élaborer un modèle permettant de prévoir les déclarations de la maladie en Afrique de l’Ouest, un défi à ce jour difficilement relevé.

Plus de 30 cas ont été signalés dans six régions du pays, avec au moins 17 morts, selon un communiqué publié par l’OMS le mois dernier.

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  • L'OMS signale que l’épidémie en Mauritanie a fait au moins 17 morts, contaminés par des animaux infectés
  • Une étude portant sur la forme de la maladie transmise par le moustique montre que la pluie est essentielle à l'abondance des deux principaux moustiques porteurs
  • Les modèles pluviométriques pourraient servir d’indicateurs pour prévoir les épidémies

Potentiellement mortelle pour l'homme, la FVR peut provoquer une maladie grave chez les animaux, entraînant d'importantes pertes économiques dues aux décès et aux avortements chez les animaux infectés. Des épidémies ont précédemment sévi en Afrique du Nord et dans les pays du Golfe.

L'épidémie en Mauritanie semble avoir été causée par une transmission à partir d'animaux infectés.

Mais la fièvre peut également se transmettre par des piqûres de moustiques, dont l'abondance est sensible au contexte environnemental comme les conditions météorologiques locales, selon une étude publiée dans le journal PLoS Neglected Tropical Diseases.

Pourtant, en dépit du fait qu’une corrélation directe a été établie entre les épidémies de la maladie en Afrique de l'Est et la pluviométrie essentielle pour la reproduction des moustiques, les causes précises des épidémies en Afrique de l'Ouest sont encore mal comprises, selon les auteurs de l’article.

Pour tenter de remédier à cette situation, les auteurs ont utilisé un modèle pour prédire l’abondance des deux principales espèces de moustiques impliquées dans la transmission de la FVR au Sénégal, l’Aedes vexans et le Culex poicilipes, en combinant un modèle de population de moustiques avec un modèle utilisant la pluviométrie pour estimer les superficies des étangs dans lesquels l'insecte se reproduit.

La modélisation révèle que les précédentes épidémies de FVR au Sénégal se sont produites lorsque les deux espèces de moustiques étaient présentes simultanément et en fortes densités en raison de précipitations abondantes et régulières tout au long de la saison des pluies, donnant ainsi des conditions favorables pour leur reproduction.

Pour Yaya Thiongane, chef du Laboratoire national d'élevage et de recherches vétérinaires, au Sénégal et l’un des auteurs de l'étude, les résultats montrent qu’un système d'alerte précoce fondé sur des données pluviométriques en temps réel pourrait être développé, pour permettre de prévoir les épidémies de la maladie.

Kaba Cissé, chercheur à l'Université de Nangui-Abrogoua, en Côte d'Ivoire, juge que l'étude est un pas important vers la lutte contre la FVR en Afrique de l’Ouest.

Il prône par ailleurs des efforts plus importants pour encourager les populations à changer leurs pratiques d’élevage en vue de minimiser leur risque d’attraper la maladie à partir d'animaux infectés.

"Cela est possible si les gens modifient leurs méthodes d'élevage de manière à ne plus vivre plus dans un même environnement avec leurs animaux", a-t-il souligné dans un entretien accordé à SciDev.Net.

La dernière épidémie de FVR en Mauritanie a sévi en 2010, et aurait causé 68 cas graves et fait 13 morts. Cheickn Ould Bakar, un habitant de la région de Graret Levrass, a ainsi affirmé à SciDev.Net qu’au delà des victimes humaines, la fièvre aurait provoqué la mort de dizaines de têtes de bétail, principalement des chèvres et des chameaux.

Cet article a été produit par le bureau Afrique sub-saharienne du Réseau Sciences de Développement (SciDev.Net).

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