15/05/20

COVID-19: Le vaccin est la priorité de la recherche en Afrique

corona blood test
Crédit image: Image by Gerd Altmann from Pixabay

Lecture rapide

  • En février de cette année, l'OMS a identifié les priorités mondiales de R&D pour la COVID-19
  • Mais une nouvelle étude axée sur l'Afrique révèle de nouvelles priorités pertinentes pour le continent
  • Les décideurs africains devraient en utiliser les résultats pour prioriser le financement de la recherche

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[NAIROBI] Selon une étude régionale, la communauté des chercheurs africains affirme que le développement de vaccins devrait être une priorité.
 
L'étude a suggéré que les besoins spécifiques de l'Afrique en matière de recherche vont au-delà des recommandations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la COVID-19, et que la lutte contre la pandémie en Afrique nécessite une recherche et un développement qui reflètent les réalités de son impact sur le continent.
 
Selon les résultats de l'enquête menée par l'Académie africaine des sciences (AAS), l'Afrique doit prioriser les domaines de la recherche et du développement tels que la prévention et le contrôle des infections, y compris la protection des travailleurs de la santé, ainsi que les études épidémiologiques et la gestion clinique.
 
Les considérations éthiques pour la recherche, l'apparition et la progression du virus, la transmission et le diagnostic et les sciences sociales dans la riposte à l'épidémie doivent également être privilégiées. 

“Il est clair que le contexte dans de nombreux pays africains, et même dans les pays à revenu faible et intermédiaire dans le monde, est très différent”

Kevin Marsh, conseiller principal à l'AAS

L'OMS a convoqué une réunion d'experts en février à son siège de Genève pour créer un plan de R&D sur la COVID-19, mais les résultats de l'étude suggèrent que les chercheurs africains ont des priorités qui ne figurent pas dans le plan de l'OMS, explique Kevin Marsh, conseiller principal à l'AAS.
 
« Il y avait une implication minimale des chercheurs ou des décideurs africains dans le processus [de l'OMS] », explique Kevin Marsh, ajoutant que la consultation initiale de l'OMS avait eu lieu à un moment où l'accent était mis sur la Chine et l'Europe.
 
«Il est clair que le contexte dans de nombreux pays africains, et même dans les pays à revenu faible et intermédiaire dans le monde, est très différent à bien des égards de celui de la Chine et de l'Europe », ajoute-t-il.
 
Par exemple, en Afrique, il est nécessaire de se concentrer sur les groupes potentiellement à risque, notamment les personnes souffrant de malnutrition, les personnes atteintes du VIH, de la tuberculose et de la drépanocytose, explique Kevin Marsh à SciDev.Net.
 
D'autres priorités de recherche en Afrique comprennent la recherche d'approches innovantes pour le soutien économique à court terme des populations vulnérables, telles que le transfert d'argent par des mécanismes de transfert d'argent mobile.
 

Enquête

Les résultats sont issus d'une enquête en ligne menée le mois dernier (4-8 avril) auprès de 844 chercheurs, dont 79% travaillant dans des institutions africaines et environ 13% dans des institutions hors d'Afrique mais travaillant actuellement en Afrique, avec des maîtres de recherche et des chercheurs postdoctoraux représentant 60% des participants.
 
Selon l'étude, les résultats, publiés en avril, rejoignent généralement les priorités de R&D sur la COVID-19 identifiées par l'OMS.
 
L’étude ajoute que « d'autres priorités supplémentaires sont véritablement nouvelles et distinctes, par exemple l'élaboration de protocoles pour la gestion des maladies graves en l'absence d'établissements de soins intensifs ou l'examen des moyens optimaux de communiquer sur les interventions potentielles dans des zones urbaines à haute densité ».
 
Kevin Marsh dit que l'AAS travaille avec des partenaires pour renforcer la capacité d'atténuer les impacts continus et la résilience afin de faire face aux futures pandémies.
 
Par exemple, l'AAS a lancé un appel à propositions pour des institutions basées en Afrique afin de répondre aux priorités de recherche sur la COVID-19 identifiées par l'étude ; chaque subvention pouvant atteindre 200 000 dollars sur deux ans.
 

Kits de diagnostic

Babatunde Salako, directeur général de l'Institut nigérian de recherche médicale, déclare à SciDev.Net que les chercheurs africains devraient se concentrer sur la conception et le développement de kits de diagnostic locaux.
 
« Nous devons également donner la priorité au développement de médicaments, en particulier en examinant bon nombre de nos herbes locales », ce dernier, ajoutant que cela pourrait entraîner une économie des financements destinés à l'achat de médicaments classiques et conduire à la prospérité économique de l'Afrique.
 
Moses Alobo, coprésident de l'équipe de réponse à la COVID-19 à l’AAS et gestionnaire du programme Grand Challenges Africa, appelle les décideurs africains à prendre en compte les conclusions de l'étude lors de la hiérarchisation des décisions de financement destinés à la COVID-19.
 
« Les décideurs politiques en matière de recherche dans les pays africains veulent connaître les domaines spécifiques sur lesquels ils doivent se concentrer pour canaliser des fonds de recherche limités », dit-il.
 
Cet article a été produit par le desk de langue anglaise de SciDev.Net pour l'Afrique subsaharienne.